La mobilisation lancée par un collectif d'organisations syndicales et citoyennes contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale des soignants contre le Covid-19 ne faiblit pas en Guadeloupe. Elle se double désormais de violences commises par des émeutiers, notamment la nuit.
Depuis plusieurs jours, plusieurs communes connaissent des barrages routiers entravant la circulation des automobilistes se rendant soit à leur travail ou autres activités. Dans le chef-lieu, à Basse-Terre, des barrages de pneus ont pris place dans plusieurs rond-points de la ville. Dans la commune de Morne-à-l'eau, des blocs de ciment entravaient la route. Au cours de la nuit de jeudi à vendredi c'est la ville de Pointe-à-Pitre qui a été le théâtre de multiples incidents. Plusieurs habitations de la rue Nozières ont été victimes des flammes. Des bandes de jeunes ont notamment disposé plusieurs barrages de détritus, d'appareils ménagers ou encore de carcasses de voitures dans d'autres secteurs de la ville.
Actuellement à Paris dans le cadre du 103ème Congrès des Maires de France, le maire de la Ville de Pointre-à-Pitre Harry Durimel, joint par notre rédaction s'est dit sidéré par la situation : « J'ai été alerté dans la nuit par un élu du centre-ville des évènements, je suis sidéré et j'ai le coeur gros. On fait des efforts, on prend des contacts ici pour demander de l'aide pour cette ville déjà en faillite financièrement et déjà affectée dans son environnement. C'est le chaos, je suis moi-même KO face à ce chaos.» L'édile a indiqué dès son retour qu'il va se retrousser les manches. « J'espère vraiment qu'on ira vers l'apaisement et chacun prendra ses responsabilités».
Un contexte de guérilla urbaine qui semble prendre le pas sur la grève illimitée qui se déroule depuis quatre jours sur le territoire. Une situation dénoncée par le vice-président de la Région Ile-de-France Patrick Karam dans un communiqué. « A l'heure où la Guadeloupe s'enfonce dans une grève générale qui s'annonce extrêmement dure, c'est avec une profonde consternation et une grande colère qu’en tant que guadeloupéen, je constate une nouvelle fois l'absence de l’Etat dans un de nos territoires d'Outre-mer. Pointe-à-Pitre, ville qui abrite l'unique sous-préfecture de Guadeloupe, est livrée aux casseurs et voyous qui après s’être organisés via les réseaux sociaux terrorisent les habitants en pillant, cassant et allumant des feux dans les rues. L'Etat doit reprendre ses droits et envoyer tout de suite des renforts de forces de l'ordre. L’Outre-mer, c’est la France. L’ordre doit prévaloir et les ultramarins doivent pouvoir se sentir en sécurité chez eux», a écrit Patrick Karam.
« Il faut éviter qu'il y ait de la violence, des affrontements entre forces de l'ordre et grévistes et une guerre civile», interpelle la sénatrice de Guadeloupe Victoire Jasmin, joint par notre rédaction. «A cela s'ajoutent des personnes qui cassent, qui mettent le feu. J'appelle à la paix, à l'apaisement. Maintenant c'est l'éducation qui est menacée du fait des routes bloquées ou des encadrants qui ne peuvent se rendre dans leur établissement. On est en train de mettre en danger la population, les professionnels dans son ensemble. La situation est très grave. Les conditions sont déplorables et font du tort à tout le monde». La parlementaire appelle « au bon sens» pour éviter « l'insurrection ».
Après quatre jours de blocages de routes et de l'accès au CHU de Guadeloupe, parfois émaillés de violences par des manifestants anti-pass sanitaire et vaccin contre le Covid-19, le gouvernement hausse le ton vendredi en annonçant l'envoi de 200 policiers et gendarmes en renfort. Ils seront sur place "dans les prochains jours", ont annoncé dans un communiqué commun les ministres des Outre-mer Sébastien Lecornu et de l'Intérieur Gérald Darmanin, en condamnant "avec la plus grande fermeté les violences qui se sont déroulées ces dernières heures en Guadeloupe".