Le leader kanak Christian Tein appelle à sortir de la crise calédonienne « par le haut »

Le leader kanak Christian Tein appelle à sortir de la crise calédonienne « par le haut »

Le leader indépendantiste kanak Christian Tein, tout juste libéré après un an de détention provisoire, a appelé mercredi à sortir « par le haut » de la crise calédonienne, réaffirmant avoir toujours eu une « démarche pacifique » et reconnaissant avoir été dépassé par les émeutes du printemps 2024.

« J'ai toujours contesté l'ensemble les charges qui me sont reprochées », a insisté le président du FLNKS, dans une première déclaration depuis sa sortie le 12 juin de la prison de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), lors d'une conférence de presse à Montpellier, en présence de ses avocats.

Poursuivi dans le cadre de l'enquête sur les émeutes qui ont fait 14 morts en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, Christian Tein, à l'époque chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), reste mis en examen pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs, a précisé Me Florian Medico. Il est également placé sous statut de témoin assisté pour complicité de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique et provocation directe au groupement armé suivi d'effets.

Revenant sur son arrestation et son transfert dans l’Hexagone, où il a passé « près d'un an à l'isolement », Christian Tein a pudiquement évoqué « un moment difficile à passer », rappelant avoir été gardé à vue, puis transféré « menotté » : « Ce n'était pas possible, au XXIe siècle, pour un grand pays de lumières tel que la France », a-t-il observé, au sujet de son « premier voyage en métropole ».

« Je sais pourquoi je me suis engagé dans le dossier politique de mon pays. Et jamais à aucun moment, je ne me suis engagé sur autre chose que le cadre fixé par l'accord de Nouméa » (1998), qui a transféré progressivement des compétences à la collectivité et permis l'organisation de trois référendums d'autodétermination entre 2018 et 2021.

Si ces trois scrutins ont vu la victoire du non à l'indépendance, le dernier, boycotté par les indépendantistes, reste contesté et a plongé l'archipel dans l'incertitude et les cristallisations politiques. En 2024, un projet de réforme du corps électoral calédonien a envenimé les divisions entre loyalistes et indépendantistes et accru les tensions, jusqu'aux émeutes déclenchées en mai, qui ont fait deux milliards d'euros de dégâts.

« Je suis terriblement triste pour mon pays. Jamais à aucun moment de mon engagement politique, j'aurais imaginé que le pays allait prendre cette tournure-là, parce que j'ai toujours été habité par des convictions profondes que notre démarche est pacifique », a insisté Christian Tein. « Moi-même j'étais, comme tout le monde, déconcerté », évoquant ce matin où il s'est réveillé « avec l'insurrection dans les quartiers de Nouméa ».

Mais, a-t-il insisté, « il n'a jamais été question de sacrifier des vies »