Le sixième rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (réalisé par Santé publique France et l’Inserm), portant sur les années 2013-2015, intitulé « Les morts maternelles en France : mieux comprendre pour mieux prévenir », révèle entre autres que les femmes résidant dans les DROM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et Mayotte) présentent un ratio de mortalité maternelle multiplié par quatre par rapport à celles de l’Hexagone. Pour la première fois, l’étude prend en compte les décès survenus à Mayotte.
« Chaque année en France, 50 à 100 femmes décèdent d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites, soit une tous les 4 jours en moyenne. ( …) Les maladies cardiovasculaires et les suicides sont respectivement les première et deuxième causes de décès maternels en 2013-2015 », indique l’enquête de Santé publique France et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les experts de ces organismes définissent une mort maternelle comme « le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou jusqu’à un an après l’accouchement ». Ils précisent que plus de la moitié des décès pourraient être évités : « Selon l’enquête, dans 66% des cas, les soins dispensés n’ont pas été optimaux et 58% des décès sont considérés comme ‘évitables’ ou ‘peut-être évitables’ en améliorant la prévention, l’organisation des soins, et les soins eux-mêmes ».
Parmi les facteurs de risques, l’âge des femmes : « par rapport aux femmes âgées de 25-29 ans, le risque est multiplié par 1,9 pour les femmes âgées de 30-34 ans, par 3 pour celles âgées de 35-39 ans, et par 4 à partir de 40 ans » ; et la présence d’une obésité : « parmi les morts maternelles, 24,2% sont survenues chez des femmes obèses, soit une proportion deux fois plus grande que dans la population générale des parturientes ». En outre, le rapport précise qu’il existe de fortes disparités sociales et territoriales. Exemple : « La mortalité des femmes migrantes est plus élevée que celle des femmes nées en France, surmortalité particulièrement marquée pour les femmes nées en Afrique subsaharienne dont le risque est 2,5 fois celui des femmes nées en France ».
Mortalité maternelle plus élevée dans les DROM
En ce qui concerne le lieu de résidence, deux zones se distinguent par un ratio de mortalité maternelle (RMM) plus élevé, une observation déjà effectuée lors de la précédente étude : les DROM et l’Île-de-France. « Les femmes résidant dans les DOM présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par 4,0 par rapport à celles de métropole. En France métropolitaine, l’Île-de-France se distingue avec un RMM supérieur de 55% à celui de l’ensemble des autres régions », écrivent les auteurs. Les DROM représentent la région de résidence de 14% des femmes décédées (pour 4,6% des naissances vivantes). « Au sein de ce groupe, des variations existent avec les RMM les plus hauts à Mayotte et en Martinique et le plus bas à La Réunion, mais les effectifs sont trop faibles pour pouvoir mener des comparaisons pertinentes », relève le rapport.
Messages-clés pour améliorer les soins et éviter les décès
Parmi ses trente messages-clés à l’intention des professionnels du milieu médical, des femmes, de leur famille et des décideurs, visant une meilleure prise en compte de la santé mentale et cardio‑vasculaire dans le suivi des femmes enceintes et ayant accouché, le comité d’experts souligne notamment : « l’importance de l’examen médical non strictement obstétrical de la femme enceinte et la recherche d’antécédents psychiatriques et addictologiques, et d’une vulnérabilité sociale », « l’évaluation des risques de complications avant la conception et en début de grossesse qui doit permettre une planification de la prise en charge de la grossesse individualisée », ainsi que « la réalisation d’examens post-mortem systématiques en cas de mort maternelle sans cause identifiée ».
PM.