©Atlas Caraïbes
Le prochain Congrès de l’ACCD’OM approche. Il aura lieu du 23 au 27 octobre en Guadeloupe, sur le thème « Sociétés et générations ultramarines en évolution, quelles perspectives ? ». Pour l’occasion, Sandra Casanova, Présidente du Cluster GAT Caraïbes, tiendra un atelier sur le thème de « l’intégration économique régionale par l’innovation », le mardi 24 octobre. En exclusivité pour Outremers360, Sandra Casanova livre le contenu de son intervention, dont la problématique touche à la fois les Collectivités mais aussi le grand public.
Vous interviendrez au Congrès de l’ACCD’OM en tant que Président du Cluster GAT Caraïbes. Pouvez-vous nous expliquer quel est le but et quelles sont les missions de ce Cluster ?
Le Cluster GAT Caraïbes, créé en Décembre 2012, regroupe des acteurs publics et privés de la Grande Caraïbe, de l’industrie du transport, de la logistique, des TIC et du commerce international.Les Entreprises du Cluster représentent aujourd’hui un Chiffre d’affaires consolidé de plus de 78 Millions d’euros et 220 salariés. Le Cluster GAT Caraïbes travaille à l’émergence d’une intelligence collective en favorisant le rapprochement et les échanges entre toutes les parties. Le fonctionnement est transversal et le Réseau s’enrichit de l’expérience et du cercle de chacun. Les Membres et Partenaires sont répartis dans 3 collèges: « Entreprises », « Institutionnels », « Recherche & Education ».
Pourquoi avoir créé un Cluster caribéen spécialisé dans les secteurs de la logistique et les Transports multimodaux ?
Les territoires de la Grande Caraïbe et les Antilles-Guyane françaises, en particulier, ne sont pas suffisamment interconnectés. Pourtant, cet ensemble de terre, baignant dans la Mer des Caraïbes, représente un marché de 800 millions d’habitants et voit passer plus de 90% des flux maritimes mondiaux. L’ouverture du 3ème jeu d’écluses de Panama, la construction du Canal du Nicaragua, les projets de ports de Cuba, Guadeloupe, Martinique et la construction par CMA-CGM (armateur français, 3eme mondial) du hub portuaire international de Kingston sont bien la preuve d’une Zone géographique extrêmement dynamique. Idéalement placé, d’un point de vue géostratégique, l’ensemble Caribéen gagnerait à s’offrir au Monde en tant que Caraïbe intégrée et faciliter toutes les initiatives de développement économique transfrontalier. La Mer des Caraïbes est notre frontière et elle n’a rien d’insurmontable !
Quelle est la vision que porte le Cluster ?
La Caraïbe française doit se positionner fermement comme porte d’entrée de la France et de l’Europe au sein de la Grande Caraïbe et travailler sur des solutions, pour passer, du concept de Coopération régionale à celui de Coopération réelle. À l’échelle mondiale, les normes, taxes et lois évoluent pour faciliter la coopération entre les États : Le Président de la République Emmanuel Macron a d’ailleurs largement plébiscité le concept de multilatéralisme lors de son discours aux Nations unies. L’intelligence économique française doit se traduire par l’implication pleine et entière de nos territoires ultramarins dans la chaîne mondiale des valeurs. Les Transports et la logistique sont des supports indispensables au développement économique international : le Cluster GAT Caraïbes est exactement là où il faut être.
Comment sensibilisez-vous le public à ces enjeux ?
Nous apportons de l’information: nous avons organisé en mai dernier, le 1er salon Caraïbe de la logistique et des Transports #SCTL2016 (une douzaine de Délégations de la Grande Caraïbe, d’Afrique, des Etats-Unis et d’Europe pour plus de 2500 participants). Nous préparons l’édition 2018.Des ateliers collaboratifs sont organisés chaque mois avec les Membres et Partenaires. Nous émettons une Newsletter trimestrielle, des informations pertinentes partagées sur les réseaux sociaux et notre chaîne YouTube. Des interventions dans les lycées, des conférences et publications sont réalisées.
Nous apportons de la formation et de l’expertise aux jeunes et aux adultes et, nous collaborons avec les meilleurs de la Caraïbe, d’Europe et des Etats-Unis : Caribbean Maritime University (CMU), The Language Academy, APICS, ISTELI/AFTRAL. Nous avons signé une convention avec le Rectorat de Martinique, nous espérons faire de même avec les Universités et les autres Rectorats de la Caraïbe française. L’objectif est de sensibiliser nos jeunes aux métiers des Transports et de la logistique, à l’apprentissage des langues étrangères, du commerce international et de faciliter la mobilité des Etudiants à l’international, dans les 2 sens.
Et justement, l’international c’est à côté et moins coûteux pour une qualité d’enseignement équivalente car les accréditations sont données par les mêmes Organismes. Cela n’exclut absolument pas d’aller sur les continents mais faire des études dans la Caraïbe doit aussi être considéré comme une option noble. Nous regrettons d’ailleurs l’absence de mention dans le catalogue ONISEP des établissements de la Grande Caraïbe. Les programmes nationaux doivent continuer à s’adapter aussi à la réalité de nos territoires
Nous étendons notre réseau auprès des acteurs privés et institutionnels: Etat et Préfecture de Martinique, CSA, PMAC, Ambassades, OECS, ACCDOM, APICS, ELA, Ministères, Union Européenne, Mission opérationnelle transfrontalière, France Cluster. Le Cluster se mobilise aussi dans le cadre de besoins en termes de logistique humanitaire en cas de catastrophes naturelles, par exemple. Enfin, nous développons des outils pratiques et faciles d’utilisation à l’attention des professionnels et du grand public: la Bourse de fret.
Au prochain Congrès de l’ACCD’OM, vous interviendrez avec les Professeurs Fritz Pinnock et Ibrahim Ajagunna. Quel seront les grands messages, les grandes idées que vous défendrez lors de cette intervention ?
La Caraïbe doit se penser et se vivre différemment. L’approche du marché caribéen avec ses forces et ses faiblesses est différente depuis la Caraïbe française ou depuis le reste de la Région. Nous avons besoin d’avoir l’éclairage d’acteurs économiques, de responsables politiques et aussi de chercheurs. Pour se projeter dans le Monde des possibles que nous offre la Grande Caraïbe, il faut aussi connaître l’existant et être capable de se projeter dans une Région qui se réinvente doucement mais surement.
Pour co-construire la Caraïbe que l’on appelle tous de nos vœux, à travers le slogan bien connu « one Sea, one Caribbean, one Love », il ne faut pas avoir peur d’innover à la fois dans nos relations intra caribéennes et dans nos relations avec le Monde. Pour cela, les systèmes intégrés d’informations et les technologies avancées sont une chance inestimable pour rapprocher les territoires et les hommes, de la Grande Caraïbe et, connecter les marchés. Les jeunes doivent être sensibilisés à ces enjeux et c’est eux qui devront placer la Caraïbe à sa juste place, comme ensemble Economique et Humain et maillon indispensable de la mondialisation qui nous fait encore tant peur.