Le 11 mars prochain se tient la 10ème édition de CaribeWave, l’occasion de revenir sur les 10 années d’actions, de réflexions et de préparation au prochain tsunami sur la zone Caraïbe. En 500 ans, plus de 90 tsunamis ont balayé notre bassin. Les volcans, les séismes et les glissements de terrain sous-marins représentent tous une menace pour la vie dans nos territoires. A cette occasion, Gaël Musquet, cofondateur de TechReef dresse un bilan de cet exercice grandeur nature pour Outremers 360.
Depuis 2011 les Nations Unies organisent les exercices CaribeWave, Indian OceanWave et Pacific OceanWave. Les séismes et les tsunamis qui ont ravagé l’Asie du Sud-Est en 2004, Haïti en 2010 et enfin Sendaï en 2011 ont montré le potentiel dévastateur global de ces catastrophes naturelles rares. Il est donc vital de s’entraîner à faire face au prochain tsunami qui pourrait tuer 500 000 personnes dans la Caraïbe si nous n’étions pas préparés !
En 2015, dans le cadre de la Convention de Sendaï, les États se sont engagés à atténuer les conséquences des catastrophes naturelles. En 20 ans, de 2000 à 2019, 58 % des morts étaient dus à des séismes ou des tsunamis, alors que ceux-ci ne représentent que 8 % des catastrophes naturelles mondiales. La Caraïbe n’est pas épargnée et a payé un lourd tribut en 2010, en Haïti où plus de 220 000 âmes ont péri.
Si l’année 2020 a été particulière en raison de l’épidémie de COVID19 , plus de 700 000 personnes ont participé à cet exercice hors norme en 2019. « Comme chaque année, nous participerons à cette édition avec TechReef. Cette entité a été créée par Gaël Musquet et Farid Humblot afin de répondre à ses enjeux cruciaux. Suite à des années d’exercices et de réflexions testées sur le terrain avec les acteurs locaux, nous souhaitons émettre des propositions afin de préparer au mieux nos territoires».
Les territoires français disposent depuis plus de 3 ans des itinéraires et sites refuges. Ces travaux réalisés par les Universités de Montpellier et des Antilles ont permis de recenser sur toutes les communes de Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélémy les chemins à emprunter pour rejoindre les abris sûrs. «D’autre part les Ouragans Irma et Maria en 2017 ont démontré que nous pouvions être isolés des secours pendant plusieurs jours. Mais aussi combien les réseaux de solidarité, nés de ces exercices, ont permis d’accompagner les populations de la Dominique et de Saint-Martin les jours suivants. Des décisions politiques et des technologies qui semblent éloignées de la Guadeloupe permettent aujourd’hui de disposer d’atouts majeurs pour notre survie. Suite à l’Ouragan Irma plus de 30 nouveaux radioamateurs se sont formés et disposent désormais de matériel leur permettant de communiquer en cas d’urgence. Ces citoyens s’entraînent, se forment toutes les semaines à communiquer en autonomie et sans les réseaux d’opérateurs. La Guadeloupe a été le premier territoire à expérimenter, dès 2016, l’usage de la 4G pour l’alerte des populations à Borée à Marie-Galante.»
Des dizaines de professionnels de l’urgence , de la santé, du tourisme, du numérique et de l’énergie se sont déplacés à l’occasion des différentes éditions de CaribeWave pour améliorer les réflexions en matière de risques majeurs. La presse locale, nationale et internationale mais aussi des États ont fait écho de nos expérimentations guadeloupéennes. «Ces prochaines semaines des expérimentations seront menées pour préparer l’arrivée de la 5G au service de la résilience du territoire guadeloupéen. Le protocole DAB+ qui supplantera la bande FM pour les stations radiophoniques et le DVB-T2 pour les chaînes de télévisions disposent eux aussi de mécanismes d’alerte.La Guadeloupe est un territoire fragile. Tout comme nos compatriotes ultramarins, nous sommes les Sentinelles du réchauffement climatique, nous devons donc disposer du meilleur de la technologie pour protéger nos populations et traverser sains et saufs les crises qui surviendront».
Message d’alerte envoyée en usant la 5G, première expérimentation de la 5G en Guadeloupe © DR
Cette édition de CaribeWave 2021 est donc l’occasion de faire le bilan de nos actions citoyennes mais aussi des nombreux défis à relever. «L’exercice CaribeWave, même en temps de pandémie, est l’occasion de réfléchir en famille mais aussi dans les entreprises et les établissements scolaires des dispositions à prendre pour évacuer pour se rendre dans un abri sûr. Ce sont des catastrophes naturelles rares mais très meurtrières. Aucun territoire de l’Archipel France n’est épargné. Se préparer, ce sont des vies sauvées ! », nous précise Gael Musquet.
Voici donc les propositions concrètes aux collectivités, entreprises et citoyens de Guadeloupe pour préparer notre territoire à ces crises, certes rare, mais inéluctables :
● Campagne d’affichage des sites et itinéraires refuges du littoral
● Mise en place de FR-ALERT alerte des populations par téléphone mobile le 21 juin 2022
● Mobilisation et diffusion des consignes par les acteurs sociaux, syndicats, CSE
● Formation des acteurs du littoral (clubs de plongée, voiles, hôtels) avec la mise en place d’un Label #TsunamiReady
● Formation des acteurs du tourisme, du transport aérien et maritime
● Résilience alimentaire si nous perdons le Port et l’Aéroport situés en zone submersible
