À l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes du 8 mars, Suez Outre-mer et Outremers360 vous font découvrir, tout au long de la semaine, les interview-portraits de sept femmes ultramarines qui ont assuré les services essentiels durant l’épidémie de Covid-19. Pour ce dernier portrait, rencontre avec Laure Girodet, Directrice Santé Sécurité du groupe Suez.
Quel est votre parcours ?
Je suis entrée dans le groupe SUEZ en 1996 et j’ai eu la chance d’avoir un parcours varié en opérations ou en fonctions support, en France et à l’international. J’ai notamment travaillé à Aguas Argentinas et à Lydec au Maroc.
J’ai été ingénieur exploitation, chef d’agence et directrice commerciale Advanced Solutions chez Eau France, directrice stratégie et nouveaux marchés chez SUEZ Consulting, CEO de SUEZ Industrie France avant l’acquisition de GE water par le Groupe. Fin 2016, je suis passée dans la filière RH au sein de la BU Afrique Moyen-Orient et Inde, et depuis mi 2019, je suis directrice Santé Sécurité du Groupe.
Mon cursus opérationnel et en RH, en France et à l’international, m’aide beaucoup pour mes fonctions actuelles. Connaître les métiers et les pays de SUEZ est important car il faut en tenir compte en démarche Santé Sécurité : les risques métiers sont différents, les cultures dans les différents pays également.
En tant que directrice Santé Sécurité, comment avez-vous géré la pandémie Covid-19 ? À la fois en interne eten externe, pour assurer la continuité des services et la sécurité des collaborateurs sur le terrain ?
Tout d’abord, en tant que directrice Santé Sécurité, je suis rattachée au DRH Groupe. En temps normal, je suis aussi en charge de la structuration et du bon fonctionnement, de la gestion de l’alerte et de la crise. J’ai coordonné la cellule de crise COVID du Groupe, sous la direction de Jean-Marc Boursier, Chief Operating Officer Groupe et Directeur Général France.
Lors de la crise sanitaire, ce positionnement garantit à la fois un fort alignement avec la Direction Générale et facilite les mesures de protection des collaborateurs.
Quelques mots qualifient la gestion de crise : anticipation, réactivité, flexibilité, coopération, communication renforcée. Il faut garder le cap et s’assurer que l’ensemble du Groupe, présent sur les 5 continents – plus de 60 pays dont les 7 filiales de SUEZ en outre-mer – ait toutes les mêmes directives en tenant compte des spécificités locales. Nous sommes présents en Chine, l’expérience des équipes locales a permis d’anticiper, de partager les mesures et de gérer et diversifier l’approvisionnement des masques.
Au niveau personnel cela a été un travail de tous les instants avec les équipes dédiées à cette communication de crise. L’enjeu inédit nous a porté et jamais nous n’avons manqué d’énergie pour faire face à cette crise sans précédent. Je me suis sentie très soutenue par la Direction Générale, et à titre personnel, par mon mari. Aujourd’hui, je suis fière du chemin accompli. J’ai eu des échanges très enrichissants avec mes homologues des autres groupes internationaux afin de conforter les décisions et bénéficier de l’expérience de chacun.
Comment les métiers ont-ils été impactés par la pandémie COVID-19 ?
Les opérations ne se sont pas arrêtées durant le confinement : 60% des collaborateurs sont restés mobilisés sur le terrain, 25% étaient en télétravail, et les autres fonctions étaient soit en arrêt ou en chômage technique, notamment pour ceux opérant sur des sites de clients industriels ou des chantiers fermés.
Étant considérés comme services essentiels (l’eau et les déchets) nous avons déployé nos Plans de Continuité d’Activité qui consistent à maintenir uniquement les tâches et les personnels critiques pour les services indispensables. Afin de travailler en sécurité, nous avons réalisé une nouvelle analyse des risques des activités, adapté les modes de travail et renforcé les EPI (Équipements de Protection Individuelle).
Le déploiement massif du télétravail a bien été accompagné. Le télétravail était peu développé, que ce soit au sein du Groupe ou dans les filiales d’outre-mer. La mise en place a été très rapide, dès l’annonce du confinement, et ce grâceà la mobilisation des directeurs, des responsables ressources humaines et à un dialogue social de qualité. Lesmessages Santé Sécurité ont été renforcés pour les équipes sur le terrain afin de ne pas avoir de surcroît d’accidents.
Pendant la crise nous avons eu, comme beaucoup, un vrai challenge pour nous approvisionner en masques, équipements indispensables pour nos métiers. Ce fut d’autant plus un défi qu’il a fallu tenir compte des réquisitions de l’État. C’est pourquoi, pour faire face à ce contexte « extraordinaire », nous avons très rapidement mis en place une « task-force » masques mondiale afin de trouver de nouvelles sources d’approvisionnements, avec les contraintes de douanes, de délais, de vols et de vérification qualité avec l’appui de l’APAVE.
Les femmes apportent-elles des qualités, des perspectives différentes ?
J’évolue au sein d’une équipe mixte ce qui, selon moi, permet de combiner différents regards. Les femmes ont pluspartagé des « feedbacks » de la réalité du terrain : Véronique Audebeau, la DRH de la direction Eau outre-mer m’a alertée de certaines difficultés et nous avons essayé de trouver des solutions adaptées, notamment sur l’approvisionnement des masques, le réseau des laboratoires pouvant prendre en charge les tests de dépistage du COVID dans le Pacifique, l’accompagnement des salariés en situation d’isolement.
Je n’aime pas beaucoup mettre les gens dans des cases. Des cadres féminins qui m’ont inspirée ou de mes collègues, je retiens la capacité et le plaisir du travail en équipe, du transversal, de la communication, la capacité d’organiser et ce, en prenant en compte toutes les dimensions notamment la conduite du changement, l’écoute et l’empathie. Et beaucoup de créativité aussi ! Ces qualités sont partagées tant par les hommes que par les femmes mais si je devais trouver absolument une différence, je dirais que les femmes mettent peut-être plus facilement en avant la notion de protection.
En cette journée internationale des droits des femmes, quel message adresseriez-vous aux femmes ?
De ne pas se laisser enfermer dans des cases : vous pouvez mener de magnifiques projets ! Nous avons la chance d’évoluer dans un Groupe international qui offre de de formidables évolutions de carrière, de belles opportunités, qui est bienveillant et nous accompagne. Les enjeux environnementaux de l’outre-mer sont nombreux et passionnants ! Et bien sûr, de contribuer à notre excellence Santé Sécurité et au bien-être de chaque équipe.