Le groupe Vale et le consortium repreneur de l’Usine du Sud en Nouvelle-Calédonie ont signé, ce mardi en début d’après-midi, l’accord final de cession du site de Goro. Épilogue salué par les ministres Bruno Le Maire et Sébastien Lecornu, après de longs mois de négociations compliquées.
« Cette cession permettra de garantir la pérennité de l’entreprise, centrale pour l’économie calédonienne avec ses plus de 1 200 salariés et près de 1 300 emplois en sous-traitance aujourd’hui et 1 900 prévus en 2022 et de nombreux emplois induits », ont ainsi souligné les ministres de l’Économie, des Finances et de la Relance, et des Outre-mer. « Cet accord de cession a été rendu possible grâce à la mobilisation constante de l’État pour trouver un repreneur respectant les meilleurs standards en matière de responsabilité sociale et environnementale, et son soutien financier majeur de près de 500 millions d’euros », poursuit-on.
De son côté, Vale apportera 555 millions de dollars, tandis que les repreneurs apporteront près de 100 millions de dollars à cette reprise, dont 75 millions par Trafigura (cash et fond d'investissement Agio). Bercy rappelle que les 500 millions d’euros apportés par l’État concernent notamment un prêt à hauteur de 200 millions d’euros, 220 millions d’euros de garanties et le reste en dispositifs de défiscalisation. Le montant total de l'opération s'élève en définitive à 1,2 milliard de dollars et ces fonds pour la reprise de l'usine doivent être débloqués pour 16h, heure de Paris.
Pour rappel, l’accord prévoit que l’usine du Sud sera reprise par la SPSMC, qui porte les intérêts des trois provinces avec une majorité pour la province Sud, à hauteur de 30 %, les salariés et des investisseurs locaux à hauteur de 21 %, la Compagnie financière de Prony, à hauteur de 30 %, et Trafigura à hauteur de 19 % ». Concernant les 21% de la partie salariés et acteurs locaux, cette partie sera d’abord gérée par un « acteur fiduciaire transitoire » puis répartie à 9% pour les coutumiers qui défendront ainsi un fond pour l’environnement et à 12% pour les salariés.
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Cet accord prévoit aussi une réappropriation des titres miniers pour la province Sud qui les louera au futur repreneur, un partenariat technique et commercial avec le géant Tesla ou encore, la poursuite du projet Lucy qui consistera à mettre en place un stockage à sec des déchets industriels, en substitution du stockage actuel des résidus dans un barrage. Autant de points qui ont permis de dégager un consensus politique autour de cette reprise.
À ce titre, les experts de Bercy et du ministère des Outre-mer qui ont œuvré, du côté de l’État, à construire « une solution industrielle viable » pour l’Usine, espèrent une reprise de l’activité et une transition assez rapide, voire « le plus tôt possible », dès le mois d’avril. Cette transition sera opérée par Antonin Beurrier, actuel directeur de Vale NC qui selon l’accord, reste aux commandes de l’usine, par « sécurité », « réassurance », parce qu’il « connaît bien le secteur » et pour ses « qualités managériales ». On précise également qu'Antonin Beurrier ne sera pas actionnaire au capital de l'usine et sa direction de la transition est temporaire.
Dans leur communiqué, les deux ministres saluent également l’arrivée de Tesla en partenaire technique et commercial, « déterminant afin d’améliorer et développer son procédé industriel ». Géant de l’automobile électrique, l’américain apporte aussi son expertise sur un marché prometteur pour le nickel calédonien, un « marché qui convient à tout le monde » et qui répond à la fois aux exigences économiques et environnementales, tant du côté de l’archipel que de l’État. Tesla devrait aussi apporter ses capacités en termes de production et de stockage d’énergies renouvelables nécessaires pour faire tourner une usine de nickel.
Dans un courrier adressé au président du Congrès, Roch Wamytan, à la présidente de la province Sud, Sonia Backes, ainsi qu'aux signataires de l'accord politique du 4 mars, le ministre des Outre-mer a salué “le courage politique et l'esprit de responsabilité (…) pour parvenir à la signature de cet accord”. Aux salariés et prestataires de l'usine, Sébastien Lecornu a adressé un “message de respect, de solidarité et d'encouragement”, soulignant “leur grande dignité” pendant les semaines de blocages et les journées de manifestations parfois violentes autour du site minier.
Pour le Gouvernement, l’accord final signé ce mardi entre Vale, le consortium Prony Ressources et Trafigura est « le reflet de tous ces enjeux », à la fois économiques, environnementaux et surtout politiques. Car c’est en effet sur « l’équilibre politique » de cet accord qu’on insiste, tant cette reprise a cristallisé et exacerbé les tensions dans l’archipel calédonien en plein questionnement sur son avenir institutionnel. Les experts de l’État le confirment, l’ampleur de l’opération et le contexte ont rendu les « négociations compliquées ». Mais en épilogue, l’accord est, assure-t-on, un « succès industriel » et permet aux 3 000 emplois directs et indirects de l’usine du Sud de reprendre leur activité.