Usine du Sud - Nouvelle-Calédonie : "Ce qu'on fait de notre ressource" plus important que "l'actionnariat" selon Sonia Backès

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Usine du Sud - Nouvelle-Calédonie : "Ce qu'on fait de notre ressource" plus important que "l'actionnariat" selon Sonia Backès

Sonia Backès était l'invitée politique de Nouvelle-Calédonie la 1ère ce dimanche 21 mars, l'occasion d'évoquer le modèle de reprise de l'Usine du Sud après des mois d'échanges difficiles. Une solution nouvelle pour le territoire qui a permis une sortie de crise.

Un accord « historique » pour certains observateurs, la fin de la crise autour de l'Usine du Sud et la validation de sa vente au consortium Prony – Trafigura, avec une participation calédonienne à 51% non diluables, est un soulagement pour le secteur minier et les plus de 3000 emplois liés à l'Usine du Sud. « On a voulu construire un modèle du sud calédonien, où ce n'est pas la collectivité publique qui est à 51%, la collectivité publique n'a que 30% dans le capital, ensuite, ce sont d'autres intérêts calédoniens ».

Une stratégie qui a finalement permis de mettre tout le monde d'accord malgré les difficiles tractations de ces derniers mois, notamment grâce à une politique nouvelle de titres-miniers, grâce à laquelle la Nouvelle-Calédonie reste propriétaire de son sous-sol, en percevant une rente par la location des terres plutôt qu'une rétribution de dividende par la prise de capital. « Tous les modèles construits jusqu'à présent ne rapportaient pas d'argent pour les générations futures, cela générait des salaires, des investissements. Là, on va avoir un loyer sur notre sous-sol qui va nous être payé par l'industriel ».

Autre avantage du modèle vanté par la présidente de la Province Sud, la sécurité de l'actionnariat du territoire. Malgré la part majoritaire d'intérêts calédoniens, la collectivité n'est pas en situation de responsabilité en cas d'appel de fonds ou de difficultés financières. Dans la même veine, si les actionnaires privés venaient à réinjecter de l'argent dans le capital, les parts du « bloc calédonien » restent inchangées. Mais pour Sonia Backès, la question de la répartition du capital n'est pas la clé dans le dossier. « Ce n'est pas l'actionnariat le plus important dans la construction du modèle. Ce qui est important, c'est ce qu'on fait de notre ressource (…). La grande nouveauté, c'est qu'on valorise cette richesse ».

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Pour parvenir à mettre en place ce nouveau mode de fonctionnement, une modification au code minier est nécessaire. Une démarche entamée collégialement auprès du Congrès, grâce à un accord politique des parties-prenantes. « La modification (du code minier) est lourde et demande un accord politique. Cet accord politique a été trouvé parce que chacun est sorti de ses postures habituelles. On avait une équipe de la Province Sud, une équipe des indépendantistes, qui étaient autour de la table avec l'idée de sortir de nos postures habituelles et de trouver à tout prix une solution ». Une modification qui devrait intervenir au Congrès.

Un modèle minier du Sud, dans lequel Sonia Backès voit une image du potentiel politique du territoire. « On est arrivé au bout de l'accord de Nouméa. Ce gouvernement qui avait du sens en 1998 avec deux blocs, le RPCR et le FLNKS. Aujourd'hui on voit que ça n'arrive plus à fonctionner, c'est devenu ingouvernable. C'est pour ça que cet accord a un intérêt particulier, car on a construit un modèle du Sud calédonien qui ne vient pas contrarier celui du Nord, et tout ça avec une forme de solidarité envers les îles puisqu'une part de Sud Nickel va revenir à la province des Îles, qui n'a pas de nickel. Je crois que c'est sur ça qu'il faut qu'on construise l'avenir. Finalement, on a des modèles différents, des doctrines différentes, des choix différents et il faut les respecter, et tout cela peut former un ensemble uni ».

L'accord, valable jusqu'en septembre 2024, laisse planer l'inquiétude de « l'après ». Mais la présidente de la Province Sud se veut rassurante. « L'idée, c'est à ce moment-là de faire un bilan de tout ça, de regarder comment a fonctionné le modèle industriel, le modèle financier, et de voir s'il doit y avoir d'autres partenariats qui doivent être pris ». Mais les perspectives sont optimistes pour Sonia Backès, puisque ce nouveau modèle financier et industriel est aussi basé sur le partenariat avec le géant Tesla, avec lequel un accord sur l'achat de Nickel calédonien est conclu. La cession de l'Usine du Sud devrait être effective autour du 31 mars 2021.

Damien Chaillot.