L'entreprise canadienne The Metals Company a confirmé lundi soir le lancement d'ici 2026 de son méga projet d'exploitation minière en eaux profondes dans le Pacifique sud, tout en s'engageant à surmonter les critiques qui ont entaché le projet, controversé sur le plan environnemental.
« Si tout se passe comme prévu, nous parlons toujours de 2026 », a déclaré à l'AFP son directeur général Gerard Barron, en marge du sommet du Forum des îles du Pacifique, aux Tonga. Par l'intermédiaire de Nori (Nauru Ocean Resources Inc.), une filiale soutenue par le petit État insulaire de Nauru, The Metals Company (TMC) espère ouvrir une vaste zone économique offshore pour collecter dans les fonds marins des roches polymétalliques, aussi appelées nodules.
La société avait annoncé en août 2023 qu'elle allait demander un permis d'exploitation pour 2024. Un mois plus tôt, les pays membres de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) s'étaient accordés sur une feuille de route de deux ans pour établir un code minier des fonds marins.
Le conseil de l'AIFM négocie son adoption depuis plus de 10 ans et a pour rôle d'attribuer des contrats d'exploration, ce qu'il a notamment pu faire en 2011 pour TMC dans la zone de Clarion-Clipperton (CCZ), au large de la côte ouest du Mexique dans le Pacifique.
Mais depuis 2023, malgré l'absence de règles, n'importe quel État peut déposer une demande de licence d'exploitation au nom d'une entreprise qu'il sponsorise. Lors de ses phases de tests en 2022, TMC a indiqué avoir extrait 3 000 tonnes de nodules du plancher océanique. Elle a également annoncé avoir relevé ses objectifs annuels, de 1,3 million de tonnes de matière brute à 3 millions.
Destruction d'habitats et d'espèces
Les nodules sont chargés de manganèse, de cuivre, de cobalt ou de nickel, métaux utilisés dans la fabrication des batteries de véhicules électriques. Ce sont des formations minérales qui se développent à l'aide de microbes pendant des millions d'années, notamment autour de noyaux de matière organique tels qu'une dent de requin ou des os de baleine.
Avec Nauru, les Tonga et les îles Cook sont à l'avant-garde de l'exploitation des nodules polymétalliques, au contraire des Palaos, des Fidji ou des Samoa qui s'y opposent et insistent pour que les questions environnementales soient étudiées avant le démarrage des projets.
ONG et scientifiques pointent du doigt les risques de destruction directe d'habitats et d'espèces, mais aussi de perturbation de la capacité de l'océan à absorber le carbone émis par les activités humaines. Une étude scientifique, en partie financée par The Metals Company et publiée début 2024, démontre notamment que l'extraction des nodules peut potentiellement perturber le cycle du carbone. Mais Gerard Barron en réfute les conclusions, les qualifiant de « trompeuses ».
Nauru, qui compte 12 500 habitants sur une superficie d'environ 20 km2, revendique une zone d'exploration minière de plus de 70 000 km2 dans la CCZ. Dans le passé, l'exploitation du phosphate avait fait de Nauru l'un des pays les plus riches au monde en termes de PIB par habitant. Mais cette manne s'est tarie, faisant apparaître sur l'île des paysages excavés et dénudés.
Avec AFP