Le parti indépendantiste de Polynésie, Tāvini Huira'atira, a réuni 300 adhérents en séminaire sur l'île de Moorea ce week-end pour définir son projet de société et dresser le cap des prochaines élections. Un reportage de notre partenaire TNTV.
Dans le sillage de celui d’octobre dans la commune de Paea sur l’histoire de la colonisation, ce nouveau séminaire doit permettre au parti indépendantiste de se projeter dans l’avenir. Selon Tematai Le Gayic, député de la première circonscription, il s’agit d’élaborer un « projet de société, pour déterminer ce qu’on fera lorsqu’on gouvernera ce pays, lorsqu’on cheminera vers l’indépendance et après l’indépendance ».
Pour ce faire, le Tāvini souhaite se rapprocher le plus possible de sa base. « Il y a deux manières de construire un programme politique », insiste Tony Géros, maire de Paea et président du groupe indépendantiste à l'Assemblée locale. « On peut se cloîtrer dans un bureau avec des experts, écrire le programme et l’imposer à tout le monde [ou alors] il y a la méthode qui consiste à venir voir la population pour partager avec [elle] les orientations qu’on souhaiterait voir figurer dans notre programme et recueillir ses idées, ses propositions de modification afin de faire un programme qui sera véritablement porté par tout le monde ».
Environ 300 adhérents étaient présents à ce séminaire. Ils ont été invités à apporter leur pierre à l’édifice sur trois thématiques : l’émancipation sociale, le développement économique et surtout l’émancipation politique, cheval de bataille du parti arborant la couleur bleu ciel. « C’est le combat du Tāvini depuis toujours », rappelle Vanina Crolas, secrétaire générale du parti. « Tant que ce n'est pas notre peuple qui est souverain chez lui, on ne pourra jamais sortir des problèmes économiques et sociaux qu’on vit actuellement. C’est le préalable indispensable à la création de notre société de demain ».
Émancipation des archipels
Au-delà de la souveraineté du peuple, c’est aussi d’émancipation des archipels dont il est question. Il s’agit de leur donner plus de pouvoir, via les communes ou la création de nouvelles structures comme des États fédérés ou des conseils d’archipel. « Un pays de 5 millions de kilomètres carrés où tout se décide à Tahiti ça ne fonctionne pas », assure Tematai Le Gayic.
« D’ailleurs on le voit dans le courant autonomiste, il y a certains maires qui commencent un peu à hausser le ton. Nous avons toujours dit qu’il fallait donner beaucoup plus de pouvoir aux archipels parce qu’ils connaissent leur situation. Il y a des situations géographiques, sociales, économiques qui ne sont pas les mêmes. Il faut leur faire confiance, c’est ça aussi l’émancipation sociale, l’émancipation politique », ajoute-t-il.
L'émancipation des archipels est un sujet récemment (re)mis sur la table de la politique polynésienne, et qui devrait être parmi les thèmes de la campagne des prochaines territoriales. En effet, les six maires des îles Marquises ont pris leur bâton de pèlerin pour défendre leur projet politique de « Communauté d'archipel », visant à donner davantage de compétences à cet archipel du nord-est de la Polynésie.
Interrogé sur la composition de sa liste pour les Territoriales de 2023, le Tāvini répond qu’elle ne devrait pas être dévoilée avant janvier, voire février. Pour rappel, les indépendantistes ont, en juin dernier, réussit à faire élire trois députés dans les trois circonscriptions polynésiennes. Une première pour ce parti.
Esther Cunéo et Naea Bennett pour TNTV