Polynésie : Un an après les Jeux, Teahupo'o a retrouvé la sérénité

©Présidence de la Polynésie française

Polynésie : Un an après les Jeux, Teahupo'o a retrouvé la sérénité

Près d'un an après le triomphe olympique de Kauli Vaast, le village de Teahupo'o, sur la presqu'île de Tahiti, a retrouvé son calme. Mais la vague qui l'a rendu célèbre continue d'attirer une foule de visiteurs, bien au-delà des seuls passionnés de surf.

« La fréquentation a été multipliée par trois dès les mois qui ont précédé les Jeux, et par dix aujourd'hui », affirme la ministre des Sports du gouvernement polynésien, Nahema Temarii. Si la vague de Teahupo'o, réputée pour sa puissance et sa dangerosité en surplomb d'un récif de coraux effilés, était déjà une étape réputée du circuit mondial, elle est devenue un symbole populaire. 

« Même les non-surfeurs veulent la voir. Notre public s'est élargi », constate Bernadette Wasna, la présidente du Comité du tourisme de Taiarapu-Ouest. Mais cette affluence soulève des frustrations. « Les visiteurs viennent prendre une photo et s'en vont, alors qu'il y a une demande pour rencontrer les habitants, acheter de l'artisanat ou un souvenir », regrette-t-elle. Le village reste peu équipé pour répondre à cet afflux. « Il n'y a toujours rien pour vendre des produits aux touristes de passage », déplore aussi Annick Paofai, propriétaire d'une pension de famille au-delà du PK0, là où la route s'achève.

Par manque d'espace, mais aussi pour se préserver, les habitants ont veillé à limiter l'empreinte des Jeux. Ils ont exigé que toutes les infrastructures soient démontables. Le centre névralgique du site olympique durant l'été 2024 va laisser place à un centre d'agro-transformation. « Au début, j'étais déçu que le gouvernement prenne ces terres agricoles que j'occupais. Mais finalement, les Jeux ont été bons pour les affaires », constate Elvis Parker, agriculteur et propriétaire du seul snack du PK0.

« Champion olympique »

« On a un champion olympique ». Pour Max Wasna, président de la Fédération tahitienne de surf, le bilan des Jeux peut se résumer à ces cinq mots. Kauli Vaast est devenu le premier Tahitien médaillé d'or olympique, toutes disciplines confondues.

« Grâce aux Jeux, on a reconnu que le surf est tahitien. C'est grâce à ce 'mana' (que l'on peut traduire par le pouvoir, la force, ndlr) que Kauli a gagné la finale : l'océan lui a offert la victoire. On sentait que Teahupo'o avait choisi son vainqueur », dit-il, lui-même surfeur depuis l'enfance de la vague devenue légendaire.

Les fédérations française et tahitienne comptent capitaliser sur cette réussite. Avec le projet Héritage, soutenu par les ministères des Sports français et polynésien, elles organisent des « surf camps » où les espoirs polynésiens vont surfer dans l’Hexagone, pendant que l'élite française s'entraîne à Teahupo'o.

Objectif : faire émerger une génération capable de briller aux Jeux de 2028 et 2032. Aux côtés de Kauli Vaast et Vahine Fierro, présents à Paris-2024, figurent déjà Aelan Vaast, la sœur du champion olympique, ou encore la surfeuse prodige originaire de Polynésie, Tya Zebrowski, 14 ans et déjà championne d'Europe.

Même la tour des juges, qui avait cristallisé les critiques pour ses impacts supposés sur le corail, a fini par s'imposer. Elle vient d'être remontée dans le lagon et servira dès juillet pour deux compétitions locales, avant la Tahiti Pro en août, l'une des étapes phares du circuit mondial.

Kauli Vaast n'est pas le seul à avoir vu sa trajectoire bouleversée. Le photographe de l'AFP Jérôme Brouillet a signé l'une des images iconiques des Jeux : le surfeur brésilien Gabriel Medina suspendu dans les airs au-dessus de la vague. « Ça m'a permis d'exposer à Paris, à New York, de gagner des concours comme le World Press Photo. Ça récompense dix ans de travail dans l'ombre à Teahupo'o », confie-t-il.

Les regards se tournent désormais vers les Jeux du Pacifique, à Tahiti, en 2027. Le surf y sera représenté, mais à Papara, sur une vague moins redoutée. Forte de son expérience olympique, la Polynésie entend s'y illustrer. La dernière fois qu'elle a accueilli l'événement, c'était en 1995. La jeune ministre des Sports Nahema Temarii avait alors quatre ans.

Avec AFP