Polynésie : Le gouvernement impose une surélévation des constructions concernées par un risque de submersion marine

Un habitant du sud de Tahiti constatant les dégâts sur son habitation au lendemain d'un épisode de forte houle, le 13 juillet dernier ©Gouvernement de la Polynésie française

Polynésie : Le gouvernement impose une surélévation des constructions concernées par un risque de submersion marine

À compter du 1er janvier 2023, la Direction de la construction et de l’aménagement (DCA) en Polynésie imposera, pour les demandes de permis de travaux immobiliers concernées par un risque de submersion marine, la surélévation des constructions d’habitation et de certains bâtiments sensibles, a indiqué le gouvernement polynésien dans son compte rendu du Conseil des ministres.

Une décision datant du 27 juillet et quelques jours après qu’une très forte houle ait balayé les côtes sud des îles polynésiennes, de l’archipel des Australes aux Tuamotu-Gambier, en passant par Tahiti, Moorea et le reste des îles de la Société. « Sur la base de la connaissance du risque et des zonages cartographiques, l’obligation de surélévation sera posée à + 1 m pour les projets situés en zone bleue (aléa moyen), et à + 50 cm pour ceux en zone verte (aléa faible) » précise le gouvernement local. Cette nouvelle règlementation concerne notamment les îles de Tahiti, Moorea et Bora Bora.

Le Vice-président polynésien, en charge notamment de l’équipement, « a rappelé la nécessité d’améliorer la connaissance sur les aléas naturels et d’affiner les cartographies ». Ainsi, il est envisagé de programmer une campagne d’acquisition de données LIDAR (Light detection and ranging – données topographiques et bathymétriques de grande précision) pour les autres îles de Polynésie française.

Cette acquisition de données pourrait s’inscrire dans le cadre du contrat de développement et transformation (CDT) État-Pays. A titre de rappel, l’acquisition de la donnée LIDAR en 2015 s’est élevée à 50 millions Fcfp. En parallèle, il sera initié dès 2023 de nouvelles modélisations de sur-cote marine pour le reste du territoire, toujours en tenant compte de l’élévation du niveau marin.

Tel que souligné par le « Plan Climat de la Polynésie française 2022-2030 », les effets du changement climatique ne se limitent pas à une hausse du niveau marin mais ils sont multiples, avec notamment une amplification fréquentielle et d’intensité des phénomènes naturels (tempêtes, cyclones, fortes houles, érosion du littoral, etc.). En conséquence, les territoires insulaires seront fortement impactés dans les années à venir, ce qui nécessite de tenir compte dès à présent de ces effets dans l’aménagement du territoire. Une des premières actions à mener dans une optique de prévention est de diminuer la vulnérabilité structurelle de l’habitat. 

La large moitié sud de la Polynésie avait été concernée, du 12 au 14 juillet, par une importante houle décennale, obligeant les autorités locales à placer de nombreuses îles, dont Tahiti, en alerte rouge. Si ces épisodes sont fréquents à cette période de l’année, celle-ci a provoqué des dégâts considérables, obligeant le gouvernement à déclarer l’état de calamité naturelle. Le pic de la houle avait engendré des vagues pouvant atteindre les 8 à 9 mètres et plusieurs habitations côtières ont été évacuées en pleine nuit, sur les communes du sud de Tahiti. Plusieurs aérodromes des atolls des Tuamotu avaient aussi dû être fermés.