Après le groupement TI’A mené par la CCISM, c’est au tour d’Egis de déposer un recours contre l’attribution de la concession de l’aéroport international Tahiti-Faa’a à Vinci Airports. Comme TI’A, Egis demande la remise à plat totale de l’appel à concurrence. Le tribunal administratif traitera les deux requêtes dans une audience commune le 11 octobre prochain. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Rappel des épisodes précédents : en 2011 la commune de Faa’a dépose un recours contre l’attribution, l’année précédente, de la concession de 30 ans à Egis, filiale de la Caisse des dépôts, qui avait formé avec le Pays la société Aéroport de Tahiti. La commune doit aller jusqu’en Conseil d’État, en 2015, pour faire reconnaître son intérêt à agir. En 2017, l’affaire revient devant la cour administrative d’appel de Paris qui annule la concession pour défaut de mise en concurrence.
En novembre 2019, la Direction générale de l’Aviation civile lance un appel à concurrence pour une concession, d’une durée de 40 ans cette fois, pour un marché estimé à 155 milliards de Fcfp (1,3 milliard d’euros environ) sur la période. Ce n’est qu’en septembre 2021 que la réponse de l’État est donnée : c’est à nouveau Egis qui est choisi.
Le groupement TI’A (CCISM, Boyer, Aéroport Marseille-Provence et Meridiam), candidat évincé, dépose un recours dans la foulée, et le tribunal administratif de Papeete annule l’attribution à Egis, décision confirmée en février dernier par le Conseil d’État qui estime que l’offre d’Egis n’est pas valide, car non liée à un constructeur comme le prévoit le guide de constitution des offres écrit par l’État lui-même. Précision : si l’attribution à Egis a été annulée, le tribunal n’a pas statué sur l’appel à concurrence.
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La DGAC a alors deux options : attribuer le marché à l’un des autres candidats, ou relancer la procédure depuis le début. Elle mettra six mois à se décider, choisissant finalement la première solution, et le 9 septembre dernier c’est Vinci Airports qui est désigné concessionnaire. La semaine précédant cette annonce, le président de la Polynésie Édouard Fritch, en mission à Paris, avait demandé au ministre chargé des Transports, Clément Beaune, un coup d’accélérateur sur ce dossier.
Immédiatement après l’attribution et comme il l’avait promis, le groupement TI’A, qui souhaite la remise à plat totale d’une procédure qu’il considère comme viciée depuis le départ, a annoncé son intention de contester cette attribution. Le président du Pays lui-même, après avoir plaidé à Paris pour une décision rapide, avait demandé à Stéphane Chin Loy, en plein discours d’ouverture de l’Assemblée territoriale, de lâcher l’affaire pour ne pas faire perdre plus de temps à la modernisation de l’aéroport. En vain.
Mais TI’A n’est finalement pas seul à taper du pied devant la porte du tribunal administratif : Egis aussi a déposé un recours contre la décision de la DGAC, et comme TI’A, la filiale de la Caisse des dépôts souhaite que l’État reprenne tout depuis le début. Faudra-t-il attendre encore 3, 4 ou 5 ans pour qu’enfin la plateforme de Tahiti-Faa’a subisse enfin son lifting ? Réponse, peut-être, le 11 octobre prochain au tribunal administratif qui examinera les deux requêtes lors de la même audience.
Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti