Polynésie : À Tahiti, une stèle pour alerter de l’urgence à sauver les langues pa’umotu

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Polynésie : À Tahiti, une stèle pour alerter de l’urgence à sauver les langues pa’umotu

C’est un geste symbolique qui a vocation à marquer les esprits : la pose à Tautira, sur l’île de Tahiti, de sept pierres angulaires représentant les 7 dialectes paumotu de l’archipel des Tuamotu. Un geste fort, destiné à attirer l’attention sur la situation critique du reko pa’umotu, langue aujourd’hui classée en danger par l’Unesco. Un sujet de notre partenaire TNTV.

C’est par un chant, un paripari retraçant les liens ancestraux entre Tautira, district du sud de Tahiti, et les Tuamotu, que la cérémonie a débuté. Un prélude chargé de sens, avant la pose de sept pierres angulaires, chacune représentant une aire linguistique de l’archipel. Un geste fort et symbolique pour soutenir le reko pa’umotu, une langue en péril dont les locuteurs se font de plus en plus rares.

« Dans les Tuamotu, c’est un peu compliqué parce qu’on est 83 atolls. On est un peu éparpillés », explique Punua Tamaehu, navigateur. « Et c’est de là que cette idée est venue. On a des tupuna un peu partout et dans les anciens testaments, des anciens qui ont écrit, ça parle beaucoup de Hono’ura et de Marama. Ça existe ici à Tautira. Ça existe aussi dans les Tuamotu. (…) C’est facile de perdre la langue. (…) On ne voulait pas que ça disparaisse. Parce que les Tuamotu ont sept langues. »

Mais pour sauver la langue, il faut aussi consolider l’identité Pa’umotu. À l’instar des Marquises, les Tuamotu aussi veulent leur festival. « C’est pour faire revivre aussi notre culture pa’umotu. Et qu’on montre aussi que les Pa’umotu, ils ont la culture. Ça existe. Comme les Marquisiens, (…) il y a ce tahoe entre les Hakaiki (maires, ndlr). Et moi, je veux aussi que notre Tavana (maire), les Tuamotu, qu’on va essayer de tahoe (ramer en cadence, ndlr) et faire quelque chose aussi. Pour montrer aussi que les Tuamotu sont là. »

Derrière cette initiative chargée de sens, pas d’organisation spécifique, mais des forces vives de la culture. À l’instar de Marguerite Lai, cheffe de troupe de danse née sur l’atoll de Rangiroa -le plus grand de l’archipel des Tuamotu-, qui a su convaincre le maire de Tautira, Ueva Hamblin.  

« Marguerite est venue me voir à mon bureau à l’Assemblée. Ça remonte déjà à trois mois. Et ensuite, ils ont organisé une tournée ici, sur Tautira, pour nous voir, Papa Tavi et elle. On s’est vus à la mairie. Et ensuite, ça s’est concrétisé il y a deux jours, avec le conseil municipal. (…) C’est avec joie qu’on va accepter d’organiser un festival à Tautira. Naturellement, on aura besoin du soutien du gouvernement ».

Honorée de pouvoir officialiser ce lien avec les Pa’umotu, la commune voit aussi dans ce festival une opportunité culturelle et économique.

Esther Cunéo et Davidson Bennett pour TNTV