Évolution institutionnelle en Guadeloupe : la Région met en œuvre sa méthodologie avec le « Grand Forum »

Évolution institutionnelle en Guadeloupe : la Région met en œuvre sa méthodologie avec le « Grand Forum »

Ce vendredi, les forces vives de la Guadeloupe ont été invitées par la Région à participer au Grand Forum. Ary Chalus voulait une consultation de grande ampleur sur le sujet de l’évolution institutionnelle de la Guadeloupe et faire parler ceux qui, à son avis, n’avaient pas été assez consultés par le Département. Un sujet de notre partenaire RCI Guadeloupe.

Si on lui a souvent reproché d’avoir un train de retard sur le dossier, avec le Grand Forum, le président de Région veut proposer une nouvelle méthodologie.

En juin dernier, il avait rejoint les rangs de ceux qui se plaignaient que la consultation menée par le Département ne soit pas assez exhaustive. Pour rectifier le tir, alors que la Région a pris la direction de la commission ad hoc engagée depuis de nombreux mois sur la conception du projet de réforme institutionnelle, il propose donc le Grand Forum afin que tous les désaccords et les craintes soient exposés.

La perspective de la fusion des deux assemblées est une arlésienne qui réveille les mêmes craintes. L’existence des deux collectivités sur un même territoire est-elle vraiment à l’origine de l’inefficacité des politiques publiques menées sur ce dit territoire ?

Jocelyn Zou, élu de la commune de Gourbeyre en doute. Il estime que ce n’est pas tant la réforme qui pose un problème que ceux qui veulent la mener. « Je trouve qu’on ne pose pas la vraie question. Pour moi c’est quel héritage voulons-nous laisser à nos enfants dans 50 ou 100 ans ? Serons-nous réellement capables d’imposer notre vision dans ce nouveau modèle ? Je n’en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr que ce soit la préoccupation principale de ceux qui veulent mener cette réforme. Je trouve qu’ils naviguent à vue ».

Le président de la chambre d'agriculture, Patrick Sellin, lui, estime que le monde économique doit rester un partenaire principal de cette réforme en raison des nombreuses modifications fiscales qu’elle comporte. « Ce sont les entreprises, les artisans et les agriculteurs qui créent de la richesse et qui seront soumis à la nouvelle fiscalité. Tout ce monde doit être entendu. Sans eux, il n’y a pas de structure pour avancer ». 

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Entendre les craintes de chaque partie, les valider, y apporter des réponses quand c’est possible, c’est pour l’anthropologue Raymond Otto, une manière saine d’avancer sur le projet d’évolution institutionnelle. Par ailleurs, il se demande si on a bien utilisé le plein potentiel de la départementalisation et des décentralisations. « Il me semble que, dans cette affaire, on jette le bébé avec l’eau du bain en disant que la prochaine mouture sera la bonne. Les enjeux de demain se décident aujourd’hui. À l’échelle de deux décennies, ça va très vite. Être d’accord sur nos désaccords c’est être capable de se dire lorsque ça ne marche pas. On se passe de la pommade or il faut dire les choses. Nous avons été mauvais sur plusieurs dossiers. L’eau en est l’exemple parfait. L’eau dans les écoles, les entreprises.  Et puis on crée aussi un autre problème sanitaire car en général on ne conserve pas l’eau en raison de sa turbidité. Or pour pallier les coupures, on la conserve désormais dans des citernes en plastique exposées au soleil. Il me semble que c’est problématique ».

Là où le Département semble vouloir aller vite, la Région estime qu’il faut prendre le temps nécessaire pour que le projet soit accepté de tous. Reste à savoir si les deux collectivités arriveront à se mettre d’accord sur un chemin commun.

Priscilla Romain et Jean-Pierre Ferté pour RCI Guadeloupe