Nouvelle-Calédonie : Viginum, l’agence de lutte contre la manipulation de l’information, surveillera le référendum d’indépendance

Nouvelle-Calédonie : Viginum, l’agence de lutte contre la manipulation de l’information, surveillera le référendum d’indépendance

Le Premier ministre Jean Castex a officialisé mardi 13 juillet par décret la création d'une agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information en provenance de l'étranger, baptisée « Viginum », et qui sera active à partir de septembre. L’agence devrait notamment surveiller le prochain référendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie, en décembre.

Rattaché à Matignon via le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), le « service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères » aura pour mission de répondre au « défi majeur de la menace informationnelle et des ingérences étrangères dans le débat public », selon le compte-rendu du Conseil des ministres. Plus précisément, Viginum devra « identifier des opérations impliquant (...) un État étranger ou une entité non étatique étrangère et visant à la diffusion (...) d'allégations ou d'imputations de faits manifestement inexactes ou trompeuses de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ».

Les travaux de Viginum doivent débuter en septembre et « s'amplifieront au fur et à mesure de la croissance de ses effectifs », prévus à 50 pour janvier 2022 (analystes, ingénieurs, experts des médias...). Ces personnes travailleront en sources ouvertes, c'est-à-dire à partir d'éléments publics, avait précisé le SGDSN Stéphane Bouillon lors d'une audition début juin à l'Assemblée nationale. « Il ne s'agit pas de faire du renseignement, ce qui nous intéresse c'est ce qui est en train de devenir pandémique sur le plan informationnel » et si cela émane d' « un pays étranger ou d'une organisation étrangère qui visent ainsi à déstabiliser l’État sur le plan politique », avait-il alors insisté.

Plusieurs échéances électorales en ligne de mire

Plusieurs échéances électorales feront l'objet d'une attention particulière au cours des mois à venir, avait expliqué le SGDSN, comme les élections législatives en Allemagne fin septembre, « pour pouvoir en tirer des leçons ». La France elle-même se prépare à la tenue dans moins d'un an d'une élection présidentielle et des tentatives d'ingérence dans des scrutins passés dans ce pays, ou aux États-Unis, ont été documentées.

Mais avant l’échéance présidentielle, c’est sur le 3ème référendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie que le dispositif devrait faire son apparition en France. « Est-ce que des États auraient intérêt à avoir des résultats dans un sens qui ne serait pas voulu par les Calédoniens » s’est notamment interrogé le préfet Stéphane Bouillon, dans les colonnes du Figaro. Le Haut-fonctionnaire fait notamment référence à la Chine, soucieuse d’étendre son influence géopolitique dans le Pacifique sud. 

Conscient du risque que cette nouvelle agence passe pour un outil d'influence en ligne au service de l'exécutif français à moins d'un an de la présidentielle, le SGDSN avait promis la « transparence totale » sur ses actions. Un comité d'éthique et scientifique présidé par un membre du Conseil d’État — la plus haute juridiction administrative —, lui-même secondé par un membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), « sera chargé de suivre l'activité de ce service et pourra exprimer toute recommandation », précise le gouvernement dans sa communication.

Avec AFP.