Le Centre d’Appui au Développement Rural Loyaltien (CADRL) de Maré, en Nouvelle-Calédonie, travaille depuis cinq ans à la préservation d’un élément central de la culture kanak : l’igname. Considérée comme un symbole sacré et un produit d’échange, l’igname joue un rôle essentiel dans de nombreuses cérémonies et constitue un patrimoine culturel et agricole d’une grande importance. Focus sur cette initiative grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.
Afin de sauvegarder et valoriser l’igname, héritage et patrimoine culturel fort de la culture kanak, un projet ambitieux de création d’un « répertoire numérique de l’igname » a été lancé. En collaboration avec l’Agence pour le Développement Économique de la Nouvelle-Calédonie (ADECAL), ce projet vise à recenser et classifier les nombreuses variétés d’ignames, certaines devenant rares, voire oubliées.
À ce jour, plus de 80 variétés d’ignames ont été récoltées et analysées. Leur qualité, leur forme, la couleur des premiers bourgeons ainsi que d’autres critères spécifiques sont étudiés afin d’établir un premier inventaire complet. Victor Carawiane, directeur du CADRL, explique au micro de CALEDONIA : « L’objectif, c’est de pouvoir établir un descripteur, et à partir de ça, pourquoi pas créer une application, par exemple, qui permettrait de reconnaître une igname ».
Une telle initiative permettrait non seulement d’identifier les différentes variétés d’ignames, mais aussi de répondre aux défis alimentaires, commerciaux et climatiques du territoire. Les enjeux sont de taille, d’autant que, selon les estimations, la moitié des variétés d’ignames aurait disparu au cours du siècle dernier. Victor Carawiane souligne : « Il y a des noms de variétés qu’on ne retrouve plus. Il y en a d’autres qu’on retrouve, mais sur la Grande-Terre. Il y a des gros producteurs semenciers qui font ce travail de conservation et qui revendent ensuite ».
Ce projet, mené en partenariat avec l’ADECAL, l’Institut Agronomique néo-Calédonien (IAC) et la Chambre d’Agriculture, a pour ambition de comparer les variétés en fonction des régions et, surtout, de préserver et développer ce précieux patrimoine pour les générations futures. En plus de préserver la biodiversité locale, cette initiative pourrait également offrir de nouvelles perspectives économiques et renforcer la sécurité alimentaire dans un contexte de changements climatiques croissants.
Damien Chaillot