Nouvelle-Calédonie : Un secteur touristique en relance après une année marquée par les tensions sociales

©Outremers360

Nouvelle-Calédonie : Un secteur touristique en relance après une année marquée par les tensions sociales

Le tourisme, secteur clé de l’économie calédonienne, représente un pilier essentiel pour le territoire, générant 50,9 milliards XPF de recettes en 2023 selon les estimations. Malgré une année marquée par des tensions sociales, la Nouvelle-Calédonie se prépare à accueillir à nouveau les visiteurs dans de bonnes conditions. Ce vendredi, Nouvelle-Calédonie Tourisme a invité à Paris des tours opérateurs hexagonaux pour leur redonner confiance, alors que la compagnie Aircalin a inauguré son premier Nouméa-Bangkok-Paris. 

Le secteur touristique emploie 5 383 personnes directement et soutient un total de 15 950 emplois (directs, indirects et induits). Le territoire compte 2 314 entreprises réparties dans l’hébergement, la restauration et les activités touristiques. Secteur clé, le tourisme reste toutefois loin derrière le nickel, malgré les efforts de la collectivité pour le développer et moins dépendre de l’activité minière.

L’Hexagone reste le principal marché émetteur, représentant environ un tiers des visiteurs. La fréquentation touristique française a enregistré une hausse de +15,5 % en dix ans et, dès 2023, les niveaux d’avant-Covid ont été atteints.

Les événements du 13 mai : un impact circonscrit

Les troubles sociaux débutés le 13 mai, liés à des débats sur les conditions électorales locales, ont affecté certains quartiers populaires du Grand Nouméa et des zones industrielles. Toutefois, les zones touristiques sont restées largement épargnées, tout comme la nature préservée de l’archipel. Depuis octobre, la situation s’est apaisée : la circulation est rétablie, le couvre-feu levé, et les forces de l’ordre commencent à réduire leur présence.

Une offre touristique résiliente

Une enquête menée en novembre 2024 auprès de 145 professionnels révèle que 82 % des acteurs touristiques sont opérationnels, bien que certains aient dû ajuster leurs services. Les taux d’occupation varient selon les régions : forte à Nouméa, notamment grâce à la présence des forces de l’ordre ; moyenne dans la brousse (La Foa, Bourail) grâce au tourisme domestique ; et faible dans les îles et certaines zones rurales. La majorité des professionnels s’attendent à une reprise progressive et ont initié des rénovations ou des formations pour se préparer à un rebond.

Des cibles prioritaires identifiées

La relance s’appuie sur des segments de clientèle bien définis : les grands voyageurs (35-65 ans, couples ou individus) ; les aventuriers passionnés (25-55 ans, sans enfants) ; et les supporters de la Nouvelle-Calédonie (familles ou couples, voyageurs affinitaires).

Un territoire prêt à rebondir et à regagner la confiance des tours opérateurs

Chargée d’histoire et dotée d’une nature unique, la Nouvelle-Calédonie se positionne comme une destination attrayante. Avec des mesures économiques en soutien aux entreprises locales et une stabilisation de la situation, l’archipel entend regagner sa place dans le paysage touristique régional, voire mondial.

Pour ce faire, la compagnie Aircalin a lancé cette semaine son premier vol entre Nouméa et Paris, via Bangkok, dans le but notamment d’augmenter les flux passagers entre l’Hexagone et l’archipel. Enfin, ce vendredi, le gouvernement calédonien a invité une vingtaine de tours opérateurs, à la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris, pour vanter la destination auprès de ces prestataires pourvoyeurs de voyageurs.

« On a voulu, à l'occasion du vol inaugural Paris-Bangkok-Nouméa, profiter de l'occasion pour rencontrer les tours opérateurs après la crise qu'on a vécue en Nouvelle-Calédonie », a expliqué Julie Laronde, directrice générale Nouvelle-Calédonie Tourisme. « Je voulais faire un point de situation général sur la sécurité, le retour à la normale, l'état de l'offre touristique qui est tout à fait opérationnelle » ajoute-t-elle, appelant ces professionnels à « reprogrammer la destination ».

« C'est normal qu'ils aient des inquiétudes et des questions autour de la stabilité politique : ils ont une responsabilité lorsqu'ils envoient des clients là-bas. On était là pour les rassurer, lever certains doutes ou certaines inquiétudes. Maintenant, c'est un travail de longue haleine. Il va falloir reconstruire l'image de la destination et prendre vraiment le temps pour rassurer encore les voyageurs, les futurs voyageurs et les revendeurs ».

« Il faut redonner confiance aux agences et tours opérateurs » a concédé Éric Thomas, directeur général de Turquoise Tour Operator. Si la Nouvelle-Calédonie pèse moins dans la région par rapport aux destinations concurrentes que sont l’Indonésie et la Polynésie française, l’archipel représente tout de même une opportunité de développement pour les professionnels, face par exemple à des « disponibilités qui se font rares » en Polynésie.