Un projet ambitieux porté par l’Académie des Langues Kanak (ALK) et l’université de Princeton pourra bientôt permettre au grand public d’accéder à des dictionnaires en langues Paicî, Cèmuhî et Haeke, trois des langues kanakes de Nouvelle-Calédonie. Ce travail de longue haleine, mené depuis plusieurs années, s’inscrit dans une démarche de préservation et de valorisation des langues kanak. Focus grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.
Anna Diémène, chargée de mission à l’ALK, est au cœur de ce projet. Elle a utilisé le logiciel Flex pour la saisie des données linguistiques.
« J’utilise Flex pour la saisie du dictionnaire Paicî, que j’ai terminé en 2020. Depuis l’année dernière jusqu’à cette année, j’ai fait le dictionnaire Cèmuhî, qu’on a terminé à Princeton avec deux collègues, puis le Haeke », explique-t-elle au micro de Caledonia.
Ces travaux ont été réalisés dans le cadre d’une convention signée entre l’ALK et l’université américaine de Princeton, officialisant le partenariat entre Anna Diémène et Florian Dionnet, linguiste et professeur à l'université de Princeton.
En Nouvelle-Calédonie, une richesse linguistique unique
Selon Florian Dionnet, les langues tonales de Nouvelle-Calédonie présentent des caractéristiques exceptionnelles. « Les cinq langues tonales de Nouvelle-Calédonie, sur lesquelles Jean-Claude Rivierre avait travaillé, ont des propriétés qui sont uniques au monde. Dans l’état actuel de nos connaissances des langues du monde, si on n’avait pas les langues de Nouvelle-Calédonie, en particulier ces cinq langues tonales, il y a des propriétés linguistiques dont on ne saurait pas qu’elles sont possibles », souligne-t-il.
Outre la création des dictionnaires, le projet participe également à l’élaboration de systèmes d’écriture pour les langues kanak. Weniko Ihage, directeur de l’ALK, insiste sur cette dimension essentielle : « On a ouvert une collection de systèmes d’écritures, et à chaque fois on essaye de sortir une proposition d’écriture, qui sera désormais choisie avec le vice-rectorat avec qui nous avons une convention, pour que ce système d'écriture soit un système d'écriture officiel, et qu'il soit utilisé par le vice-rectorat pour l'enseignement des langues kanak ».
Ce projet, au croisement de la linguistique et de la transmission culturelle, marque une avancée significative pour la documentation et la valorisation des langues kanak, en rendant ces richesses linguistiques accessibles au plus grand nombre.
Damien CHAILLOT