Nouvelle-Calédonie : Trouver un nouveau modèle économique minier, focus avec Jérome Fabre de la SLN

Nouvelle-Calédonie : Trouver un nouveau modèle économique minier, focus avec Jérome Fabre de la SLN

Après la visite du président de la République, Emmanuel Macron, et la publication ce mardi 1er août 2023 du rapport sur l’avenir du nickel en Nouvelle-Calédonie remis à la première Ministre, Élisabeth Borne, le modèle économique minier du territoire est pointé du doigt. Des changements sont nécessaires, alors que le rapport de l’exécutif, comme celui de la Chambre Territoriale des Comptes avant lui, pointe du doigt la « Doctrine Nickel ». Focus avec l’interview de Jérôme Fabre, directeur général de la Société Le Nickel (SLN), invité de nos partenaires de CALEDONIA.



« Il faut bouger la doctrine nickel » a affirmé Emmanuel Macron lors de sa visite sur le territoire. La doctrine nickel, déjà sévèrement épinglée par la Chambre Territoriale des comptes, qui l’a qualifiée de « Vague », « non formalisée » et peu claire en matière d’exportation, c’est au tour du rapport demandé par l’exécutif de pointer du doigt l’inefficacité et la dangerosité de la Doctrine.
L’un des points mis en avant, le très dangereux effet domino d’une situation de fermeture : si l’une des 3 usines du territoire venait à fermer, ce sont des pans entiers de l’économie calédonienne qui pourraient tomber. Seul recours dans une telle situation, la vente de minerai brut, une possibilité inenvisageable pour la Doctrine Nickel, contre-productive au vu de l’industrie calédonienne tournée vers la transformation du minerai, mais qui serait pourtant la seule échappatoire possible pour sauvegarder des emplois dans un tel contexte.

Face à cette situation, l’encadrement de l’économie minière par la Doctrine Nickel, basée sur les 3 axes que sont l’arrêt de l’export minerai brut, la transformation minerais dans le pays et la maîtrise de la ressource paraît inadéquat.
Il s’agit maintenant de dessiner les contours du futur modèle économique minier Calédonien. Prochain rendez-vous fixé par l’exécutif en septembre 2023, avec les acteurs majeurs du secteur.

Jérôme Fabre, directeur général de la SLN, au micro de Calédonia revient sur la situation et la position du groupe minier suite à la publication du rapport mandaté par l’exécutif : « En ce qui nous concerne, on est vraiment dans une logique de transformation locale avec notre usine de Doniambo, et avec l’ensemble de nos mines. Nous, on est un métallurgiste avant tout, on exploite nos mines pour transformer le minerai à l’usine de Doniambo. Donc notre enjeu, et c’est ce qui est important pour nous dans le rapport qui est sorti, c’est l’enjeu de préserver les usines, préserver les emplois industriels, et ça passe par une énergie compétitive, c’est-à-dire pas cher, et demain, décarboné. Ça, c’est vraiment ce qu’on appelle de nos vœux, et c’est ce qui sort fortement du rapport et on s’en félicite, on est tout à fait en ligne avec cette conclusion ».

Le directeur général de la SLN évoque alors les demandes formulées par le président de la République pour le secteur minier calédonien : « Il interpelle aussi les industriels, il nous dit qu’il faut bouger les équilibres de production, il nous demande de travailler peut-être plus pour fournir l’Union européenne et la France, donc ça, c’est quelque chose qui a attrait à notre politique commerciale sur laquelle il faut travailler. Il nous appelle aussi à développer des produits qui iraient dans des batteries, pour la transition énergétique, donc c’est aussi quelque chose sur lequel il faut qu’on travaille, et enfin, il nous demande de faire des efforts sur nos coûts. Donc il nous demande de faire notre boulot, et évidemment, on entend cet appel et son s’attèle à la SLN à être le plus performant possible, à produire le plus possible ».

Lire aussi : Nouvelle-Calédonie : Dans son discours aux Calédoniens, Emmanuel Macron développe son « pacte de Nouméa », un pacte de « pardon et d’avenir »

Or, l’ensemble du secteur minier calédonien est confronté à la même problématique, celle du coût très élevé de l’énergie. Un véritable frein pour le secteur minier, sur lequel la SLN n’a que peu de contrôle, rappel Jérôme Fabre : « Sur l’énergie, nous, on n'est pas des experts du secteur énergétique. Nous, ce dont on a besoin, c’est cette énergie pas chère et décarbonée, et on aimerait se brancher sur un réseau calédonien qui apporte cette énergie pas chère et décarbonée. L’usine de Doniambo serrait en métropole, on aurait de l’électricité pas cher, on va dire à 5 Francs CFP (0,042€) le kWh, mais le fait d’être en Nouvelle-Calédonie, on a l’électricité à 20 Francs CFP (0,17€), trois à quatre fois plus cher que nos concurrents chinois en Indonésie, donc c’est cela pour nous la pierre angulaire et sur lequel il faut travailler en priorité dans les groupes de travail nickel avec le soutien de l’État ».

Lire aussi : Nouvelle-Calédonie : «Je veux à la fois ouvrir des chemins d’avenir, mais je pense qu’il faut faire de manière consensuelle, en engageant l’ensemble des forces politiques», indique Emmanuel Macron

Lire aussi :  Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin prône un New Deal du nickel calédonien

Le prochain rendez-vous d’importance est prévu pour le mois de septembre, pour une réunion regroupant les services de l’État et les acteurs majeurs du secteur minier calédonien, afin d’entamer le travail d’ébauche d’un nouveau modèle économique minier territorial.
 

Damien CHAILLOT