Dans les îles Loyautés, un travail de réorganisation de la filière agroalimentaire locale est en marche. Une démarche qui rejoint également une volonté de réinsertion, en permettant à des jeunes des îles de venir travailler dans la collecte, le conditionnement et la vente des produits vivriers locaux. Focus grâce au reportage de nos partenaires et confrères de Caledonia.nc.
Le point de départ de la réflexion amenant à la restructuration de la filière agricole dans les Loyautés, c'est l'enjeu de son autonomie alimentaire. Depuis une semaine, l'Unité de Conditionnement des Produits Agricoles (UCPA) de Lifou a entamé une démarche nouvelle, première pierre vers cet objectif.
En ligne de mire, la possibilité de proposer des produits locaux toute l'année aux habitants de l'île, apporter une rémunération continue aux agriculteurs par l'achat de leurs produits, mais aussi offrir du travail à des jeunes sans diplôme, permettant ainsi un travail de réinsertion.
L'activité de l'UCPA débute par le colportage, c'est-à-dire la récolte de produits directement chez les producteurs, qui sont souvent en incapacité de pouvoir se déplacer sur de longues distances pour vendre leur production. Un premier pas vers la professionnalisation de la filière pour ces agriculteurs parfois en limite du circuit de vente traditionnel.
Un défi logistique pour ses débuts, car l'UCPA compte seulement un salarié à temps plein et un salarié à mi-temps, appuyé par sept stagiaires, pour un travail qui couvre le colportage, le conditionnement, la préparation, la mise sous-vide, et la vente des produits récoltés, sachant qu'il est très difficile d'anticiper les récoltes auprès des producteurs.
Waeren Wayewol, responsable d'exploitation de l'UCPA, le précise au micro de Caledonia.nc : « Ici, chez nous, on ne sait pas quel produit les gens cultivent, on n'a pas de calendrier de récolte qui nous permet d'anticiper la commercialisation. Donc on essaye de faire de notre mieux, mais pour l'instant, on vit un peu au jour le jour, si les gens ont besoin de produits, ils nous appellent, mais on n'a pas le calendrier de production exacte de chaque personne».
Au-delà de ce travail de récolte, de conditionnement et de mise en vente, la transformation des produits est également prévue dans le programme de l'UCPA. Si les produits vivriers restent la base pour ce début de programme, avec l'igname, la patate douce et le manioc, les produits maraîchers et les fruits seront bientôt ajoutés au programme, avec notamment la possibilité de séchage et de confections de jus au sein de l'UCPA.
À terme, les perspectives sont concrètes pour que le projet prenne son essor, puisque la congélation des produits permettra leur conservation et leur mise en vente tout au long de l'année, et ce, pour les clients venant sur site mais aussi pour les collectivités, telles que le collège Laura Boula, ou encore les hôtels de la SODIL. Une fois cela mit en place, une base solide permettra la mise en œuvre du programme, la rémunération des agriculteurs, et enfin pourquoi pas l'ouverture à de nouveaux marchés, comme l'explique Sarah Cahnemez, directrice générale déléguée du pôle agroalimentaire de la SODIL au micro de Caledonia.nc. « Une fois qu'il y aura une bonne mise en place en amont de la prodution, on pourra justement viser une clientèle et un autre marché supplémentaire»
Damien CHAILLOT