Alors que se déroule le symposium “imaginons l'habitat océanien” sur le territoire, le gouvernement a organisé une tournée en province Nord dans le cadre des échanges afin de découvrir des solutions potentielles à la question d'un habitat local, social, aux valeurs environnementales fortes. Retour sur la visite d'une maison témoin conçue par le Fonds Sociale de l'Habitat (FSH) et le groupe Bois du Nord, ainsi que l'interview de Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement en charge de la construction, par nos confrères de CALEDONIA.
Visite d'une maison témoin et réflexions autour de l'habitat océanien, au programme de cette journée du mercredi 2 novembre 2022 en province Nord dans le cadre du symposium “imaginons l'habitat océanien”. Construction majoritairement en bois, conçue par la FSH et la groupe Bois du Nord à l'occasion d'un appel à projet lancé en 2015, 10 maisons éco-responsables ont été produite, dans une volonté d'un produit destiné aux familles aux revenus modestes.
Laurence Ribot, chargée d'opération au FSH, expliquait lors de la visite que la “volonté était avec cette opération était de pouvoir proposer un habitat social qui corresponde au mode de vie océanien, avec un coût maîtrisé”. Puis, de détailler les coûts : “15 millions FCFP (126.700 euros) pour un F4, hors foncier et adaptation au terrain. Avec le foncier, ici, pour 10 ares, on est à 21 millions (177.400 euros), sachant qu'il y a en moyenne 30% de subvention qui est donné par le Fond Social de l'Habitat, ce qui fait qu'on a un prix de revient d'une maison qui est à 18 millions FCFP (152.000 euros)”.
En Polynésie, ce type de productions a été lancé en 1980, où la production est d'environ 500 par an. Un exemple qui intéresse localement pour le développement de la filière. Moana Blanchard, Directeur général de l'Office Polynesienne de l'Habitat, détaillait le fonctionnement de la filière polynésienne, au micro de CALEDONIA : “La formule d'accession à ce type de produit, est une formule très aidée, où lorsque vous disposez d'un terrain, le gouvernement octroi une subvention équivalente pratiquement à 90% du coût de la construction et donne la maîtrise d'ouvrage à l'OPH, qui met en œuvre la construction et les matériaux. Nous livrons la maison clé en main à l'attributaire, qui doit d'acquitter d'une proportion de 2 à 30% maximum du coût de la construction”.
Invité sur le plateau de CALEDONIA, Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement notamment en charge de la construction, rappelait les différences structurelles entre la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, qui empêchent de calquer simplement le modèle localement. “Je crois qu'il faut comparer ce qui est comparable. La Polynésie française, c'est la Polynésie française, il y a un gouvernement. Ici, nous avons 3 provinces, nos communes, l'État, et 33 bailleurs sociaux. En Polynésie, ils n'en ont qu'un, c'est l'OPH. Donc je crois que les bonnes idées qui se passent là-bas, il faut aussi les adapter à notre écosystème. En tout cas, ce que je retiens de la Polynésie française, c'est une réelle volonté de se responsabiliser (...) ici nous avons 3 bailleurs sociaux, la Province qui a aussi la compétence du logement, et puis le gouvernement qui a la compétence réglementaire sur l'urbanisme et qui participe au logement avec des aides”.
Au regard de la filière polynésienne, la Nouvelle-Calédonie semble en retard sur ce secteur, concède Vaimu'a Muliava : “Aujourd'hui nous n'avons plus le choix, il faut se réinventer. On vit, comme le dit le président Mapou, dans une période de transition (…) Il faut inscrire le logement dans une chaîne de valeur, de l'aval jusqu'à l'amont”. La problématique du prix et de l'accessibilité aux foyers les plus modestes est réelle, mais celle-ci nécessite des aménagements et la création de nouvelles filières dédiées, explique le membre du gouvernement : “Pour cela, il faut se tourner vers les matériaux biosourcés, et développer les filières de ces matériaux-là qui sont autour de nous, pour éviter d'importer... Il faut créer l'environnement, fédérer les initiatives de toutes les collectivités, y compris des bailleurs sociaux, des GDPL, des associations de quartier, pour cheminer et tracer une trajectoire commune, de la responsabilisation, de la fin de la dépendance, de notre intégration régionale”.
Une volonté qui devra nécessairement se traduire par des incitations pour le secteur du BTP local, conclut Vaimu'a Muliava. “À partir du symposium, nous devons nous questionner sur nos filières (…), il faudra aussi qu'on repense notre gouvernance. Est-ce que les communes doivent être associées à la politique de l'habitat, plus qu'elle ne l'est aujourd'hui ? On est plusieurs à penser que, dès lors qu'on se trouve sur terre coutumière, les GDPL soient consultés sur comment ils voient l'aménagement, pas seulement le logement”.
Damien Chaillot