Nouvelle-Calédonie : Les indépendantistes opposés au projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral

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Nouvelle-Calédonie : Les indépendantistes opposés au projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral

Les deux principaux partis indépendantistes calédoniens, l'Union calédonienne (UC) et le Parti de libération Kanak (Palika), ont indiqué mardi s'opposer au projet de loi constitutionnelle visant à réformer le corps électoral, quelques heures avant l'arrivée sur l'archipel des ministres Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti et Marie Guévenoux.

« Pour nous, il n'est pas question de revoir le corps électoral », a déclaré le premier vice-président de l'UC Gilbert Tyuienon lors d'une conférence de presse. Principale composante du Front de libération kanak socialiste (FLNKS), le parti réclame le retrait du projet de loi constitutionnelle présenté en Conseil des ministres le 29 janvier par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, appelant à la mobilisation mercredi à Nouméa, et vendredi, dans le nord de la Grande terre.  

Le texte, qui vise à élargir ce corps électoral actuellement ouvert aux seuls natifs et résidents arrivés avant 1998 en Nouvelle-Calédonie, sera examiné fin mars par l'Assemblée nationale. L'UC interprète cette sixième visite en quinze mois de Gérald Darmanin comme une « provocation supplémentaire », estimant que le texte est de nature à « déstabiliser les équilibres du pays ». Le parti a indiqué faire le « constat de l'échec des discussions bilatérales » avec l'État et estime qu'il faut donner une « chance à la discussion » qui s'est ouverte avec une partie des non-indépendantistes fin janvier.

Un constat partagé par le Palika qui tenait également une conférence de presse mardi au cours de laquelle il a qualifié le projet de loi de « démarche maladroite ». Le porte-parole du parti Jean-Pierre Djaïwé a indiqué à la presse que le texte allait « dans le sens des non-indépendantistes », pouvant, selon lui, nuire à la conclusion d'un accord entre les acteurs locaux.

Le parti y voit également un coup de pression inutile de l’État. En enclenchant le processus d’adoption de ce texte, avec un premier passage au Sénat prévu le 25 mars, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin « impose un calendrier », remarque Jean-Pierre Djaïwé. Le projet de réforme pourrait être définitivement adopté d’ici le mois de juillet, sauf si un accord est trouvé entre les responsables politiques calédoniens d’ici là. Un délai jugé bien trop court par le Palika. « On demande à l’État de nous donner du temps. »

Les membres du Palika comptent poursuivre les discussions, estimant qu’elles ont déjà permis d’aboutir à « quatre documents » (de l’État, de Calédonie ensemble, de l’UC et des Loyalistes) constituant « de la matière sérieuse pour nourrir la négociation ». Le parti pourrait toutefois revoir sa position « à la fin du mois de mars », dévoile Jean-Pierre Djaïwé. « On verra à cette échéance s’il y a la possibilité d’un accord entre nous et, en fonction, le Palika décidera quelle attitude adopter concernant le maintien des discussions. »

Depuis novembre, plusieurs initiatives locales ont permis la reprise d'un dialogue direct entre les deux camps. Celui-ci était au point mort depuis le référendum d'autodétermination de décembre 2021, boycotté par les indépendantistes qui en contestent le résultat, favorable au maintien dans la République. Un congrès du FLNKS, regroupant les principaux mouvements indépendantistes, initialement prévu samedi afin de définir les orientations indépendantistes pour les prochains mois, a finalement été reporté au 23 mars.

Avec Les Nouvelles Calédoniennes et AFP