Le FLNKS, le MNSK et l’USTKE s’est réuni mardi en « comité stratégique indépendantiste de non-participation » pour demander une nouvelle fois le report du référendum d’indépendance et prévenir qu'ils ne respecteraient pas son résultat si la date du 12 décembre était maintenue, réitérant leur mot d'ordre de non-participation.
« Nous, les partisans du oui (à l'indépendance), souhaitons que cette ultime consultation de l'accord de Nouméa se déroule dans un climat serein et apaisé(...) ce ne sera pas le cas », ont indiqué devant la presse les responsables du FLNKS (UC, Palika, UPM et RDO), MNSK (Parti travailliste et MNIS) et USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités), réunis au sein d’un Comité stratégique indépendantiste de non-participation. Ils ont précisé que dans ces conditions ils ne « respecteront » pas le résultat « et que » si nécessaire ils « pointeraient devant la communauté internationale les manquements d'un État (français, ndlr) qui ne tient pas parole ».
Les indépendantistes ont qualifié « d'irrévocable » leur décision, prise le 20 octobre, de ne pas prendre part au scrutin et ont précisé qu'ils n'avaient pas transmis de matériel de propagande pour la campagne à la commission de contrôle du vote. Bien qu'elle soit en net repli, l'épidémie de Covid-19, qui sévit dans l'archipel et a fait jusqu'alors 271 morts, est invoquée par les indépendantistes kanaks, considérant qu'une « campagne équitable est impossible ».
Alors que la majorité des victimes est océanienne, les différentes mesures de confinement n'ont pas permis aux populations de procéder aux rites funéraires traditionnels. « La douleur et la dignité face aux morts est évidemment la même pour tout le monde. Nous disons simplement que notre culture du deuil est différente », a déclaré Marie-Pierre Goyetche du parti Travailliste. Un argument culturel également repris par le Sénat coutumier, qui a, à son tour, demandé le report du dernier référendum dans le cadre de l’accord de Nouméa.
« Se sentir engagée »
Les indépendantistes ont en outre rappelé les propos du Premier ministre Edouard Philippe en octobre 2019 excluant « que la troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d'août 2022 (...) pour bien distinguer les échéances électorales nationales et celles propres à la Nouvelle-Calédonie ». Fixée en juin dernier à Paris par l'État, la date du 12 décembre n'avait pas fait l'objet d'un consensus entre les loyalistes, qui la soutiennent, et le FLNKS. La coalition indépendantiste a en outre annoncé ne plus « se sentir engagée » dans le calendrier défini en mai dernier, qui ouvrait après le référendum une période de transition de 18 mois avant un référendum de projet en juin 2023.
En revanche, les différents leaders nationalistes ont rappelé que leur mot d'ordre était « la non-participation et pas le boycott aux connotations négatives » et qu'il n'y avait « aucun appel à la violence ». La décision finale de l’État sur un report ou pas de ce référendum est attendue dans les jours qui viennent. Sébastien Lecornu a toutefois prévenu qu’un report serait uniquement justifié par des critères « sanitaires » et donc, « objectifs ». Pour rappel, dans le cadre du processus de décolonisation de l'accord de Nouméa (1998), deux référendums ont eu lieu en 2018 et 2020 et rejeté l'indépendance avec une majorité de 56,7% puis 53,3%. Les taux de participation ont dépassé les 80%.
Avec AFP.