Nouvelle-Calédonie : "Le Petit Prince" traduit en langue Nengone, un pas vers la préservation du patrimoine linguistique, présenté aux jeunes de Maré

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Nouvelle-Calédonie : "Le Petit Prince" traduit en langue Nengone, un pas vers la préservation du patrimoine linguistique, présenté aux jeunes de Maré

Travail annoncé en première partie d’année, l'œuvre mondialement connue de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, est désormais accessible en langue Nengone, parlée sur l’île de Maré en Nouvelle-Calédonie. Intitulée Wa Toan dans cette langue, la traduction est le fruit du travail de Germaine Nemia Bishop, une enseignante à la retraite, qui a voulu offrir aux jeunes de Maré un moyen de se réapproprier leur langue et leur culture. Focus grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.


Lors de la présentation de son travail aux collégiens de Tadine, Germaine Nemia Bishop a souligné l’importance de cette traduction pour les locuteurs de Nengone. Pour elle, ce projet vise à préserver une langue parfois mise de côté, notamment chez les jeunes générations.
"Le premier livre qui a été traduit c’est quand même la Bible, dans les années 1860, et depuis ce temps, on a assisté à une déperdition de la langue, vu que les gens ne pratiquaient plus les lieux de culte, donc ils n’avaient plus l’occasion de pratiquer la langue et garder certains vocabulaires", explique-t-elle au micro de Caledonia.

Le projet suscite également l’intérêt des élèves. Lucile, une collégienne de Tadine, a témoigné de l’aide précieuse que cette version de Le Petit Prince pourrait lui apporter : "Moi, il peut m’aider à progresser en Nengone. Ceux qui m’ont appris à parler en Nengone le parlent couramment, et parfois il y a des choses que je ne comprends pas. J’aimerais avoir une conversation normale en Nengone avec eux" .
Kazeniri, un autre élève, qui parle quant à lui régulièrement le Nengone, a aussi souligné l’importance de ce type de projets pour les générations futures :
"C’est important parce que comme ça, les générations à venir pourront parler leur langue, et apprendre comment parler, lire et écrire".

Un véritable défi de traduction, explique Germaine Nemia Bishop, la tâche n’a pas été aisée. Elle a dû jongler entre la fidélité à l’esprit de l’œuvre originale et la recherche de termes adaptés à la langue Nengone. "Je fais une réflexion sur comment on pourrait créer de nouveaux mots. Donc je me suis inspirée de la Bible parce que, par exemple, on va passer des sacrificateurs dans la Bible, des prêtres, donc il y a la version Nengone", détaille-t-elle.

Le projet de traduction de Le Petit Prince s’inscrit dans un contexte où de nombreuses langues sont menacées d’extinction. Selon l’ONU, sur les 6 000 langues parlées dans le monde, près de 2 500 sont en danger de disparition. La langue Nengone n’échappe pas à cette menace, ce qui renforce encore la portée symbolique et éducative de cette traduction.
 

Damien CHAILLOT