Nouvelle-Calédonie : Le cri d'alarme de la Cafat et du CHT face au déficit du Ruamm

Nouvelle-Calédonie : Le cri d'alarme de la Cafat et du CHT face au déficit du Ruamm

Face au déficit grandissant d'année en année du Régime Unifié d'Assurance Maladie-Maternité (Ruamm), la Caisse d'Allocations Familiales et Accidents du Travail (Cafat), la Fédération Régionale Hospitalière du Pacifique Sud (FRHPS) et le Centre Hospitalier Territorial (CHT) lancent un cri d'alarme à l'occasion d'une conférence de presse organisée ce lundi 7 juin. Les dettes s'accumulent et les institutions craignent une baisse de la qualité de l'offre de soin et les défauts de paiement.



Chaque année, il ne manque pas moins de 13 milliards de Francs CFP (env. 108 millions d'euros) pour boucler le budget du système d'assurance-maladie du territoire. Une dette colossale en constante augmentation, qui met en péril le système de santé du territoire selon les intervenants, avec des risques de fermetures de services, de défauts de paiement, et les répercussions possibles de baisse de la qualité des soins en Nouvelle-Calédonie. À titre d'exemple, le CHT est financé à hauteur de 80% de ses coûts de fonctionnement, par un Ruamm qui présente aujourd'hui plus de 4 milliards de Francs CFP (env. 33,5 millions d'euros de dettes auprès de ses fournisseurs, dont certains ont d'ores et déjà cessé d'approvisionner le territoire en médicaments. Une situation inquiétante puisque si le refus d’approvisionnement venait à toucher certains médicaments très spécifiques, à l'image de ceux utilisés en chimiothérapie, c'est tout un pan du système de santé du territoire qui pourrait être remis en question.

Rappelant que la structure même du système de remboursement des soins ne tient que par l'intervention ponctuelle de subventions exceptionnelles accordées par les institutions, à l'image des 5 milliards de Francs CFP (env. 4,8 millions d'euros) d'aides accordées par le gouvernement pour l'année 2021, les trois organismes assènent : « Allons-nous tolérer que l’hôpital ferme des services ? Allons-nous supporter que la Cafat ne rembourse plus les soins ? ».

Les effets de la situation précaire du Ruamm se font déjà ressentir, puisqu'outre le refus de certains fournisseurs d'approvisionner le territoire en médicament, l'Hôpital accuse des retards de versement des salaires, mais aussi de paiement à ses prestataires calédoniens, à hauteur de 2,7 milliards de Francs CFP (env. 22,5 millions d'euros).

Xavier Martin, directeur de la CAFAT : « Depuis près de 10 ans maintenant nous accumulons des dettes, le rythme de création de ces dettes est juste insupportable pour nos organismes, et il s'agissait de pouvoir lancer une alerte et un message. C'est effectivement aux élus du Congrès de pouvoir prendre des décisions de nature à stabiliser les équilibres financiers du Ruamm, et donc du Médipôle puisque le Ruamm finance près de 80% des frais de fonctionnement du Médipôle ».

Ensemble, la Cafat, le CHT, et la FRHPS militent et demandent au Congrès de prendre des dispositions et d'élaborer un plan de redressement du Ruamm afin d'éviter un délitement du système de santé en Nouvelle-Calédonie.

 

Damien CHAILLOT