Nouvelle-Calédonie : Le Conseil national des chefs kanak prépare une « déclaration unilatérale de souveraineté » visant à l'autonomie administrative des districts coutumiers

Nouvelle-Calédonie : Le Conseil national des chefs kanak prépare une « déclaration unilatérale de souveraineté » visant à l'autonomie administrative des districts coutumiers

Le 24 septembre, à Maré, un événement de grande portée aura lieu dans la commune de La Roche. La « déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies » y sera proclamée par le Conseil national des grands chefs. Cet acte officialisera leur volonté d’obtenir une autonomie administrative pour les districts coutumiers, marquant ainsi une étape clé dans la revendication de leur gestion propre. Focus grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.

Depuis deux décennies, le 24 septembre, date marquant la «prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, est célébré comme la journée de la Fête de la Citoyenneté. Pour 2024, cette journée revêt une signification particulière avec la démarche des grands chefs qui souhaitent réaffirmer leur souveraineté.

Le projet d'autonomie des districts coutumiers n’est pas récent. Déjà en 1981, plusieurs figures majeures du monde coutumier, dont Hilarion Vendégou, avaient présenté cette revendication à l'Assemblée territoriale et à l'État. Selon le Conseil national des grands chefs, l'État français doit aujourd'hui accompagner ce processus.

Hippolyte Htamumu Sinawami, président du Conseil national des grands chefs, précise : « Pour être autonome, il faut un budget. À l’époque, on parlait de la dette coloniale, aujourd’hui on dit, pour faire plus joli, la responsabilité de l’État. Ce sont tous les vieux, les grands chefs, ceux qui sont partis, qui avec le Sénat coutumier, les Conseils coutumiers, ont fait ce travail-là. Tout cela a été chiffré, on est encore allé remettre ces documents l’année dernière. Donc si la France ne nous accompagne pas pour ce budget-là, on ira voir d’autres pays pour nous aider, et on montera un dossier pour aller directement à l’ONU ». 

Le rôle du grand chef, explique le président, dépasse le cadre ethnique et inclut l'ensemble des habitants de l'archipel : « De l’autorité coutumière, dedans il n’y aura pas que des Kanaks, peuple premier (…) Quand tout ce monde se retrouve sur un espace coutumier, le garant de tout ce peuple, c’est le grand chef. La poignée de main, l’accueil des gens, on ne revient plus sur la parole, c’est la coutume ça. C’est tous ensemble qu’on va faire le pays ».

Cet événement, et la demande d’autonomie qui l’accompagne, illustrent la volonté des chefs coutumiers de reprendre en main la gestion des affaires coutumières, en affirmant une volonté de dialogue avec l'État. 

Damien Chaillot