Le Congrès calédonien s’est réuni en séance publique ce jeudi pour voter une modification budgétaire. Après les six milliards d’aide versée par l’État pour financer le chômage partiel, une seconde enveloppe de six milliards a été adressée au gouvernement. Cette somme, sous forme de prêt à la Banque des Territoires, servira à soutenir les collectivités : provinces et municipalités. Les sommes versées par l’État au gouvernement restant très faibles au regard des difficultés de trésorerie dues à la crise, certains élus demandent d’envoyer une délégation à Bercy. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Peu de monde au Congrès ce matin pour cette séance publique. Il était question de modifier le budget du gouvernement afin d’ajouter une subvention de l’État de 5 966 587 100 francs (50 millions d’euros). Cette somme permettra de soutenir les collectivités, provinces et municipalités, en priorité.
Ces quatre dernières semaines, le gouvernement a encaissé 36 % de ses prévisions, « soit une perte de 15,5 milliards », précise le rapport du Congrès, ajoutant : « au 24 juin, le solde de trésorerie s’élève à 2,1 milliards pour 18 milliards de mandats en attente de paiement ». Il est question entre autres des centimes additionnels reversés aux budgets des communes.
31,1 milliards demandés, 24 milliards reçus
Le gouvernement estime son besoin de trésorerie à 31,1 milliards de francs. C’est donc précisément cette somme qui a été demandée à l’État. « La réponse du président de la République a été une enveloppe de 24 milliards, six milliards en subvention et 18 milliards en contrepartie d’un effort de la Nouvelle-Calédonie », précise Yannick Slamet, porte-parole du gouvernement et chargé du budget et des finances.
Françoise Suve, présidente du groupe Loyalistes, souligne que ces chiffres sont « a minima, car les destructions continuent. Quand tout sera par terre, il faudra trouver la bonne solution, et non à coups d’enveloppes. Il faudra se mettre autour de la table. »
Yannick Slamet en profite pour préciser que « les chiffres évoluent, et que les enveloppes sont hors reconstruction ». Philippe Michel soulève un point : « on constate un extraordinaire décalage, le gouvernement demande 31 milliards, on reçoit 24 milliards, dont 18 milliards remboursables, et ça, c’est que pour tenir jusqu’à fin juillet. La catastrophe est devant nous. On bouche quelques trous, mais le système va s’effondrer quand on ne paiera plus les salaires, que l’on ne financera plus les soins. »
Une délégation à Bercy ?
Pour cet élu Calédonie ensemble, « dès l’installation du nouveau gouvernement en Métropole, il faut penser à créer une union sacrée entre nous. Nous serions bien inspirés de parler d’une seule voix à l’État de notre situation. » Nicolas Metzdorf, en lice pour le second tour des législatives et membre du gouvernement, demande également à envoyer une délégation à Bercy, « pour faire du lobbying, les chiffres que nous annonce l’État sont insuffisants. »
Marie-Line Sakilia, élue indépendantiste sans étiquette, a une autre idée en tête : « nous avons la capacité d’emprunter à d’autres ressources financières que celle de la puissance administrante pour éviter de dépendre de cette colonisation aujourd’hui. » En attendant d’effectuer une quelconque demande à une puissance étrangère, avec ce nouveau prêt, « l’encours de dette atteindrait 81 milliards de francs à la fin de l’année 2024, soit un taux d’endettement de 181 % », précise le rapport.
La délibération a tout de même été adoptée à l’unanimité. L’avenir semble encore bien flou pour le pays, même si Yannick Slamet assure travailler « avec les services de l’État pour trouver une solution à ce problème de trésorerie. Mais l’État a besoin d’avoir une visibilité définitive sur les besoins de la Nouvelle-Calédonie. L’aide se fait au mois le mois, pour arriver à ce que la Calédonie puisse continuer à travailler. »
Aurélia Dumté pour Les Nouvelles Calédoniennes