Le Conseil provincial de la délinquance (CPPD) s’est réuni ce vendredi 12 novembre 2021 dans l'enceinte de la province Sud. En présence des représentants des institutions, afin de dresser un premier bilan des actions engagées face à la délinquance, ainsi que la problématique de l'alcool et de son marché noir sur le territoire. Un premier bilan positif selon les parties-prenantes.
En présence de la présidente de la province Sud Sonia Backes, du Haut-commissaire de la République Patrice Faure et du procureur de la République Yves Dupas, le CPPD présentait un bilan des actions mises en œuvre depuis 9 mois, autour de 3 axes majeurs : la délinquance des mineurs, les violences intra-familiales et les addictions notamment l’alcool. Pour le Comité provincial de prévention de la délinquance, l'objectif est de réunir tous les acteurs pouvant être partie-prenante dans le domaine, État, la justice, la province Sud, les communes et les associations.
Pour Patrice Faure, Haut-commissaire de la République, “l'action doit être coordonnées et additionnelle. Aujourd’hui, c’est une réunion qui veut apporter la preuve que nous travaillons ensemble au bénéfice de la population”. Il ajoute : “rien que cette année, c’est un milliard de francs qui a été déversé, dont 46 % financé par l’État pour la problématique délinquance. L’idée du CPPD, c’est de faire un constat à mi-chemin pour voir si l’investissement humain et qualitatif mis en place porte ses fruits. C’est vraiment l’idée de cette concertation”.
Un axe de travail majeur pour le territoire concerne la délinquance des mineurs, auteurs de la moitié des délits constatés. En résulte le dispositif de contrôle des mineurs en errance dans le cadre d’une convention avec l’État. Yves Dupas, procureur de la République, précise : “Cela consiste au contrôle par les forces de sécurité intérieure, des mineurs qui n’ont rien à faire sur la voie publique entre 22h et 5h du matin ou qui sont alcoolisés pendant la journée. L’idée est de repérer ces mineurs qui sont en difficulté, qui s’exposent à des conduites à risques et qu’il faut suivre au niveau d’une évaluation familiale et sociale menée par la DPASS Sud avec la possibilité de déclencher un accompagnement de ces mineurs et de leurs familles”.
Depuis la mise en œuvre du dispositif en mai 2020, ce sont 200 jeunes qui ont été identifiés par les forces de l'ordres et rapprochés des services sociaux. Si la mesure prévoyait la suspension des allocations familiales dans le cas d'un abandon de l'autorité parentale, Sonia Backès, Présidente de la province Sud, dresse un constat : “Il y a une dizaine de suspensions d’allocations familiales, mais le plus efficace, reste le suivi de ces jeunes et de leurs familles. Ce qui permet d’éviter cette suspension et pour parents de reprendre leur autorité. Sur les neuf premiers mois de l’année, on constate qu’au niveau des chiffres sur la délinquance des mineurs un recule de -10 % d’atteintes aux biens commis par les mineurs, -20 % pour les cambriolages, et -30 % pour les atteintes à l’intégrité physique commis par les mineurs”.
Enfin, le projet d'un centre d'accueil, “Néméara”, a été voté le 20 octobre 2021. Un établissement permettant de poursuivre et améliorer la lutte contre la primo-délinquance, comme le rappelait Sonia Backès : “L’idée est de construire ensemble un projet calédonien qui réponde aux problématiques propres au territoire concernant les mineurs. Un projet élaboré par les coutumiers, la mairie de Bourail et différentes autorités (…) Ce centre accueillera des jeunes en difficulté qui sont primo-délinquants”. Ce centre dont l’ouverture est prévue mi 2022, proposera un séjour de rupture avec programme axé sur la culture, le sport et l’environnement.
Concernant les violences intrafamiliales, c'est une baisse de 10% des actes qui est constatée sur la même période. Dans les faits, depuis février 2021, un dispositif destiné aux auteurs de violences a été monté en collaboration avec le Parquet. Un stage de citoyenneté vise à permettre aux auteurs de violences conjugales de réfléchir sur leurs actes, de les mettre face à leurs responsabilités, dans l'optique de sensibiliser pour éviter toute récidive. En parallèle, le dispositif d’appartements relais pour les victimes de violences intrafamiliales, voté le 17 décembre 2020, a permis d’extraire les victimes de leur environnement d’insécurité et de les accompagner en attendant une solution pérenne.
Enfin, l'abus d'alcool, présent dans 80% des actes de délinquance du territoire, et le marché noir qui s'est développé en Nouvelle-Calédonie, sont également au cœur des préoccupation. Selon Sonia Backès, le marché noir est terminé : “Pour lutter contre l’ivresse publique manifeste qui est un véritable fléau en Nouvelle-Calédonie, le système des bottles shops avec l’obligation de présenter une pièce d’identité a été instauré. Ce qui a mis fin aux marchés noirs liés à l’interdiction de vente d’alcool le week-end”.
Damien Chaillot