Nouvelle-Calédonie : La pénurie de médecins, problématique du territoire

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Nouvelle-Calédonie : La pénurie de médecins, problématique du territoire

La problématique est bien connue sur le territoire, particulièrement en Province Nord et Province des Îles. Le manque de médecins et de spécialistes est criant, les listes d’attente interminables, et la difficulté à trouver de nouveaux professionnels, ou même de remplacer ceux qui quittent leur fonction, est réelle. Focus sur les spécialisations de cardiologue et ophtalmologue, grâce au reportage de nos confrères de CALEDONIA.



Les causes sont nombreuses, évoquées par les professionnels consultés : incertitude politique, incivilités, pénurie de médecin en France, ou encore limitation d’accès au territoire des professionnels seulement à ceux disposant d’un diplôme français ou européen, autant de causes diverses et variées qui pourraient expliquer la difficile situation du réseau de professionnels de Santé en Nouvelle-Calédonie.


Emmanuel Tarpinian, seul cardiologue installé à Koné, exerce depuis 10 ans. Il témoigne du manque de professionnel dans sa discipline au micro de Caledonia: « Je suis débordé, puisque je draine quand même toute la Province Nord. Par chance je suis aidé avec mon collègue de Bourail le docteur Dupetit, qui lui aussi peut voir des patients, notamment de la côte Est, mais c’est vrai que tous les deux on est un peu surbooké par la demande. L’avantage bien sûr, c’est qu’on a une bonne activité, mais avec les causes conjoncturelles de pénurie médicale, la difficulté depuis deux ou trois ans, c’est pour les remplacements ».

Même son de cloche pour Daniel Weimann, Ophtalmologue : « Vu la pénurie, on est venu me chercher pour faire des remplacements à la mutuelle du Nickel, et vu le nombre de gens que nous voyons, je me sens utile pour le territoire ».
Malgré cet aspect positif, la pénurie dans son domaine est là aussi criante : « En toute simplicité, je vous avoue que notre secrétariat est peut-être le seuil à répondre au téléphone pour prendre les rendez-vous. Beaucoup de mes patients me disent qu’ils n’arrivent pas à joindre les cabinets privés qui ne répondent pas au téléphone, ils sont vraiment débordés, et d’autres qui viennent d’arriver sur le territoire sont tellement sollicités qu’ils ne prennent plus de rendez-vous avant l’année prochaine ».

De son côté, Kader Saïdi, membre du collectif Santé NC, explique aussi les choix politiques de gestion du système de Santé, notamment avec la mise en œuvre du plan Do Kamo, qui peut rebuter l’arrivée de nouveaux professionnels : « Cette restructuration du système de Santé, tous les pouvoirs de la gestion du système de Santé et du financement du système de Santé vont être concentrés dans une agence, l’Agence Indépendante de Régulation, et cette agence sera formée de 1 à 4 fonctionnaires. Or, les professionnels de Santé, les usagers, les gens du terrain seront juste consultés, mais ne participeront pas aux décisions directement. On trouve que c’est très inquiétant s’il n’y a pas de démocratie sanitaire en 2022 (…) on ne peut pas gérer la Santé de façon bureaucratique, de façon étatique ».

Damien CHAILLOT