Les nouveaux sénateurs de Nouvelle-Calédonie, Georges Naturel et Robert Xowie, se sont retrouvés ce jeudi à la Maison de la Nouvelle-Calédonie, à Paris, pour un geste de coutume à l’égard des équipes de la représentation de l’archipel. L’occasion d’exprimer leur volonté de « consensus » et de « dialogue » dans le dossier calédonien.
« Le consensus général, c’est la règle qu'il faut qu’on respecte » a déclaré le sénateur Robert Xowie, toujours maire de Lifou pendant encore quelques jours et élu sous la bannière du FLNKS. Son élection au second tour et celle de Georges Naturel, maire LR de Dumbéa et candidat dissident, dès le premier tour, a surpris en Nouvelle-Calédonie. Les deux édiles, qui rappellent leur longue relation à la tête de deux communes jumelées, se disent être des « élus de proximité » et de « terrain » et entrevoient dans leur victoire un message adressé à une partie de la classe politique calédonienne.
« Il y a deux blocs qui s’affrontent, ce n’est pas la meilleure manière de faire évoluer les choses, ce n’est en tous les cas pas la conception calédonienne » estime Georges Naturel. « On a besoin de se parler, on sait se parler » a-t-il ajouté. « J’étais convaincu que les grands électeurs voulaient envoyer un message à la fois en Nouvelle-Calédonie, à ceux qui dans leur comportement ne sont pas constructifs, et au niveau national », poursuit le sénateur non indépendantiste, qui par plusieurs fois a salué que « les deux légitimés soient représentées au Sénat ».
Pour la suite, les deux sénateurs entendent toujours travailler ensemble, et « trouver au Sénat des moments pour essayer de présenter la situation en Nouvelle-Calédonie et l’évolution qu’on souhaite lui apporter », chacun bien naturellement selon sa vision de l’avenir institutionnel calédonien, et surtout « en dehors de ce contexte de blocs qui s’affrontent et de politique politicienne ». Dans tous les cas, insiste Georges Naturel, « il va falloir aujourd’hui adopter d’autres méthodes et se respecter ».
Premier indépendantiste à siéger à la chambre haute du Parlement, Robert Xowie se dit être « un outil au service de la mouvance », pour « donner un autre point de vue » calédonien. En d’autres termes, le sénateur ne se voit pas siéger dans les négociations entre Paris et Nouméa, entre l’État, les indépendantistes et les non indépendantistes. Là où, au contraire, Georges Naturel y voit une légitimité en tant qu’élu au Sénat.
Sur la prochaine réforme constitutionnelle, pour laquelle Emmanuel Macron a livré les grandes lignes mercredi et dans laquelle doit, « à coup sûr », y figurer la Nouvelle-Calédonie, Robert Xowie estime qu’elle doit, concernant l’archipel, « répondre à des volontés consensuelles » et obtenir « l’accord des citoyens qui habitent le pays ». « J’essaierais de trouver le meilleur chemin pour arriver à un consensus local qui permettra de réformer la Constitution et inscrire la Nouvelle-Calédonie dans la France » ajoute, de son côté, Georges Naturel.
Si l’on sait déjà que Georges Naturel siégera dans les rangs du groupe LR (ainsi que dans la commission Aménagement du Territoire et Développement durable), Robert Xowie lui, a mis davantage de temps pour prendre sa décision. « J’ai discuté avec les uns et les autres, j’ai posé les conditions dans lesquelles j’ai souhaité être intégré » a expliqué le sénateur qui a été approché par deux groupes, avant finalement annoncer rejoindre le groupe communiste. Ses conditions justement : sa « liberté de parole », c’est-à-dire « voter des textes que je juge utiles pour le bien de la Nouvelle-Calédonie » ; et « le soutien apporté à la légitimité que je porte ».
« Les choses sont claires : je suis indépendantiste. C’est la cause par laquelle nous y sommes aujourd’hui » insiste Robert Xowie qui assure : « le soutien apporté par le groupe est sans faille, clair et transparent ». Pour marquer l’entrée du sénateur FLNKS, le groupe s’est d’ailleurs renommé « Communiste Républicain Citoyen Écologiste et Kanaky », pour autant, dans sa déclaration politique, aucune mention de la Nouvelle-Calédonie n’y est faite. « Les choses vont se faire, on a six ans. Je pense que le dossier calédonien va s’inviter rapidement. On aura le temps d’échanger » a justifié Robert Xowie.