Nouvelle-Calédonie : Face à de nouvelles coupes budgétaires, les maires "tirent la sonnette d’alarme"

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Nouvelle-Calédonie : Face à de nouvelles coupes budgétaires, les maires "tirent la sonnette d’alarme"

En proie à une baisse sans précédent de ses dotations, le gouvernement a convié les maires, ce lundi 22 septembre, à La Foa, pour "construire ensemble" des "réponses adaptées" aux difficultés auxquelles sont confrontées ces collectivités. L’exécutif a notamment annoncé un coup de rabot supplémentaire dans les dotations prévues aux communes et aux provinces. Détails avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

"Est-ce qu’on laisse 25 % des enfants ne plus avoir d’école l’année prochaine faute de pouvoir financer l’enseignement privé ? Est-ce qu’on ne traite plus la question du transport scolaire et on laisse les parents se débrouiller ? Est-ce qu’on laisse les gens sur le carreau faute de professionnels de santé ?", interpelle le président du gouvernement Alcide Ponga, qui l’assure : "La Nouvelle-Calédonie est dans une situation aujourd’hui où tout est urgent." C’est pourquoi l’exécutif a réuni en séminaire, ce lundi matin à La Foa, l’ensemble des maires du pays. Objectif : partager les innombrables difficultés auxquelles sont confrontées ces collectivités depuis l’effondrement des finances publiques et mettre en œuvre des politiques et des réponses plus adaptées. En particulier dans les secteurs prioritaires comme la jeunesse, l’éducation et la santé.

"Il n’existe qu’une voie, celle de la coopération"

"Ce séminaire doit nous permettre, non seulement de dresser un constat, mais aussi de déterminer ensemble des actions concrètes et prioritaires à mettre en œuvre. Car nos concitoyens n’attendent pas seulement des diagnostics, ils attendent des résultats, martèle Alcide Ponga, qui partage d’emblée des perspectives encore moins reluisantes pour 2026. L’objectif est également de chercher une forme de cohérence entre l’ensemble des collectivités, parce que l’enchevêtrement de compétences complique les choses. Or l’an prochain, les contraintes financières, sociales et institutionnelles se feront ressentir avec plus d’intensité encore. Face à ces difficultés, il n’existe qu’une seule voie, celle de la coopération."

Car les nouvelles annoncées, ce lundi, par l’exécutif, qui juge la situation du pays "catastrophique", sont encore plus "mauvaises" que prévues sur le volet financier. Faute de recettes fiscales et de cotisations suffisantes, le gouvernement a dû revoir sa copie et amputer son budget 2025, déjà au plus bas, de 10 milliards de francs supplémentaires, soit une enveloppe de 130,3 au lieu des 140,9 milliards prévus.

Dans le détail, le budget de répartition de la Nouvelle-Calédonie aux collectivités chute de 102 à 98,7 milliards, ce qui représente notamment une coupe de 1,7 milliard pour les provinces et de 519 millions de francs pour les communes. Des baisses auxquelles s’ajoute notamment un recul de près de 24 millions de francs dédiés à l’équipement (via le FIP, le Fonds intercommunal de péréquation).

"On est toujours la variable d’ajustement"

De quoi faire bondir certains maires, à commencer par Yoann Lecourieux : "Est-ce que la Nouvelle-Calédonie a prévu d’autres solutions que de s’en prendre aux communes, notamment en faisant des économies ? En supprimant certaines niches fiscales et exonérations par exemple, interroge le premier magistrat de la ville de Dumbéa. Les communes sont les collectivités à qui on demande toujours beaucoup, notamment en étant présents sur les questions sociales, sur la jeunesse, etc. On a l’impression d’être toujours la variable d’ajustement. Nous devons préparer la rentrée 2026, mais ce sera un miracle si on parvient déjà à mener à bien nos budgets."

"Seul l’État pourra nous aider"

Des inquiétudes partagées par Florentin Dedane, à la tête de l’association des maires de Nouvelle-Calédonie (AMNC), qui ne s’attendait pas à ces coups de rabot supplémentaires : "Dans le cadre de l’achèvement des contrats de développement, il reste 383 millions de francs sur une vingtaine d’opérations, rien que pour les communes de notre association, qu’on ne pourra pas payer aux entreprises, alerte le maire de Pouebo. Tout cet argent est censé être réinjecté dans l’économie locale, sauf qu’on va devoir modifier nos budgets encore à la baisse. Et on ne pourra pas les boucler d’ici la fin de l’année."

Dans ce contexte, son homologue Pascal Vittori (à la tête de l’Association française des maires) conclut : "Pour 2026, on voit bien que seul l’État pourra nous aider, en dépit du contexte financier national (morose). C’est indispensable si on veut maintenir un service public." Autant de débats et d’arbitrages qui s’inviteront dans le cadre de la mission interministérielle chargée notamment des prévisions budgétaires pour l’année prochaine.

Par Les Nouvelles Calédoniennes