Ce lundi 22 septembre, plusieurs collectivités de La Réunion ont hissé un drapeau palestinien sur leur fronton, à l’occasion de la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France. La Région Réunion, ainsi que les communes de Sainte-Suzanne, Saint-Denis et du Port, ont participé à cette initiative.
À 10 heures, la mairie du Port a été la première à installer le drapeau, qui doit rester en place jusqu’au mardi 23 septembre au matin. Le maire, Olivier Hoarau, a présenté ce geste comme un signe de soutien envers les peuples opprimés et un appel au dialogue sous l’égide de l’ONU.
À Saint-Denis, la levée du drapeau a eu lieu en présence d’élus municipaux et de représentants religieux. Pour la commune la plus peuplée des Outre-mer, capitale de l’île, ce 22 septembre représente « un espoir pour reprendre le chemin de la paix qui s’est fracassé en octobre 2023 ».
« Nous assistons, démunis, face aux images insoutenables : des enfants affamés, mourants, leurs mères éreintées, 65 000 morts, un demi-million d’êtres humains fuyant Gaza… Ce qui se déroule sous nos yeux est un génocide » décrit la mairie administrée par l’ancienne ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, figure locale du PS.
« Nous n’avons plus le droit de rester impassibles devant nos écrans, à compter chaque jour les enfants enterrés, les familles brisées. Seul le droit international peut protéger les peuples. Hissons le drapeau, pour qu’Israël et la Palestine vivent enfin en paix » ajoute-t-on.
La préfecture de La Réunion a suivi les instructions de Place Beauvau et a demandé aux collectivités concernées de retirer le drapeau, invoquant le principe de neutralité du service public. Elle a annoncé qu’elle saisirait en urgence le tribunal administratif en cas de non-respect de cette consigne. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait donné pour directive aux préfets d’empêcher ces pavoisements.
« C'est un non-événement, qu'ils viennent le retirer, on le remettra » a tancé la présidente de la Région Huguette Bello. « Bruno Retailleau, qui n’est plus ministre de l’Intérieur, a applaudi le drapeau ukrainien au Sénat » a-t-elle aussi rappelé, défendant le pavoisement du drapeau palestinien comme une marque de « solidarité des Réunionnaises et des Réunionnais avec la Palestine ».
Dans la commune de Sainte-Suzanne, le maire communiste Maurice Gironcel a aussi levé le drapeau palestinien avant de voir, quelques minutes après, l’arrivée des gendarmes. « Je ne m'y attendais pas aussi vite. Le ministre démissionnaire a parlé du tribunal administratif. J'espère que le bon sens populaire va faire en sorte qu'on n'aille pas au-delà de ça », a-t-il commenté, refusant de retirer le drapeau.
Ces initiatives locales s’inscrivent dans un contexte national marqué par la reconnaissance officielle de l’État palestinien par la France. Dimanche soir, la Tour Eiffel a été illuminée aux couleurs des drapeaux palestinien et israélien, accompagnés d’une colombe. La même journée, le Canada, le Royaume-Uni et l'Australie ont devancé la France de quelques heures en reconnaissant également l'État de Palestine.
D’après le Ministère de l’Intérieur, 21 des 34 875 communes françaises avaient hissé le drapeau palestinien lundi matin, selon un premier décompte. Essentiellement des communes socialistes, écologistes ou communistes, répondant à l’appel lancé la semaine dernière par le secrétaire général du PS, Olivier Faure.
Pour ce dernier, un « ministre démissionnaire devrait gérer les affaires courantes » et « n’a plus la légitimité » pour s’opposer à ces pavoisements. « Son rôle maintenant est d’expédier les affaires courantes. Ce n’est pas faire comme il le fait sans cesse depuis plusieurs jours, faire irruption dans le débat politique avec la puissance du ministère de l’Intérieur, c’est un détournement manifeste de sa fonction et des moyens de l’État. »