Nouvelle-Calédonie : Étude sur les poussières d’origine minière, état des lieux des risques grâce à des recherches menées à Thio

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Nouvelle-Calédonie : Étude sur les poussières d’origine minière, état des lieux des risques grâce à des recherches menées à Thio

En Nouvelle-Calédonie, les activités minières sont au cœur des préoccupations environnementales et de santé publique, notamment en ce qui concerne les poussières qu’elles génèrent. Une étude initiée en 2021 par une équipe de chercheurs de l’Institut de Sciences Exactes et Appliquées (ISEA) de l’Université de Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec l’Université de Reims et la Macquarie University en Australie, a exploré l’impact de ces poussières sur les populations locales et l’environnement, avec un accent particulier sur la commune de Thio. Focus avec le reportage de nos partenaires de CALEDONIA.


L’équipe de chercheurs a installé 30 jauges de collecte de poussières en 2021, réparties sur le site minier et ses environs, y compris dans le village de Thio. Ce dispositif de collecte a permis d’analyser plus de 290 échantillons sur une période d’un an pour évaluer la composition des poussières et leur potentiel impact sanitaire, notamment la présence de métaux.
Selon Maximilien Mahtian, maître de conférences en géosciences à l’ISEA, « globalement, l’essentiel des poussières qui tombent ce sont des minéraux qu’on appelle des minéraux argileux. Ce sont des minéraux qui peuvent parfois, notamment dans la terre rouge, la latérite, porter des métaux en leur sein, donc on est allé vérifier cela. Toutes les particules qu’on a regardées, ces minéraux-là ne portent pas de métaux et pas de nickel ».

Des concentrations de poussières largement sous le seuil sanitaire

L’étude a également permis de comparer les niveaux de poussière aux seuils sanitaires. La réglementation fixe un seuil de 350 mg de poussière par mètre carré et par jour pour limiter les risques. Au micro de Caledonia, France Pattier, maîtresse de conférences en géologie à l’ISEA, explique que « sur les plus de 290 échantillons qu’on a récolté, on a dépassé cette norme que trois fois. Dans le village, on est autour des 3 à 4 mg par m² et par jour, et quand on regarde au niveau de la mine, on est plutôt autour des 30 à 40 mg par m² et par jour (…) Donc, la moyenne de retombée est 10 fois inférieure à ce seuil sanitaire. Pour donner un exemple, sur Nouméa on est aux alentours des 30 mg par m² et par jour ».

Des particules plus fines près des mines

Outre les quantités de poussières, la taille des particules a également été analysée. Plus les particules sont fines, plus elles pénètrent facilement dans les voies respiratoires, représentant un risque accru pour la santé. France Pattier précise : « Au final, on va avoir les particules les plus fines, qui vont aller de la trachée jusqu’aux alvéoles pulmonaires, sur mine, alors qu’au niveau du village, on est sur des particules plus grossières. Ce qui est intéressant de regarder, c’est qu’on a pu voir les procédures mises en place pour éviter d’avoir trop de poussière, comme laver les camions, arroser les pistes, et c’est relativement efficace, donc il faut continuer dans cette voie-là, il faut continuer également à porter des masques sur mine ».

Une étude globale sur l’impact environnemental de l’industrie minière

En parallèle, des recherches ont été menées sur la qualité de l’eau, dans le but de fournir un bilan global de l’impact minier sur la région. Peggy Gunkel-Grillon, directrice de l’ISEA, rappelle que « une précédente étude avait montré que la population avait un taux d’imprégnation en nickel, chrome, cobalt, manganèse, qui pouvait être supérieur aux moyennes internationales. Pour les pouvoirs publics, ce qui est intéressant c’est de pouvoir répondre à cette question finalement : quelle est la priorité ? Est-ce qu’il faut en priorité s’intéresser à la qualité de l’air, à la qualité de l’eau, à la qualité des aliments ? Et d’une manière générale, on manque de données, on a assez peu de données, donc il faudrait vraiment compléter ces données et le plan de suivi ».

Cette étude, rendue possible grâce à un financement de 60 millions de Francs CFP (environ 502.000 euros) du Centre de recherche technologique, offre des éléments de réponse, tout en appelant à poursuivre les efforts de recherche et de suivi environnemental pour mieux mesurer les impacts de l’industrie minière et protéger la santé des populations locales. 

Damien CHAILLOT