Nouvelle-Calédonie : Dans une tribune, les non indépendantistes appellent à « dessiner » une « nouvelle communauté de destin calédonienne »

Nouvelle-Calédonie : Dans une tribune, les non indépendantistes appellent à « dessiner » une « nouvelle communauté de destin calédonienne »

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, huit élus non indépendantistes, de tous bords politiques, appellent les indépendantistes à la « responsabilité » pour « dessiner » une « nouvelle communauté de destin calédonienne ». 

Rappelant les raisons qui poussent les indépendantistes à ne pas participer au 3ème référendum d’autodétermination prévu le 12 décembre, les huit élus non indépendantistes regrettent « cette voie que les indépendantistes ont choisi de suivre » alors « que ce sont eux qui ont exigé de l’État qu’il organise ce troisième et dernier référendum ». « La démocratie permet toutes les opinions, y compris celle de ne pas s’exprimer » reconnaissent-ils.

Écrite par la présidente de la province Sud Sonia Backès, le député Philippe Gomes, le membre du gouvernement Thierry Santa, le maire de La Foa Nicolas Metzdorf, le sénateur Gérard Poadja, le sénateur honoraire Simon Loueckhote, le vice-président de la province Sud Gil Brial et le maire de Boulouparis Pascal Vittori, cette tribune rappelle « qu’une seule ethnie n’a pas été victime » du covid-19, les indépendantistes ayant justifié leur non-participation « au nom du « deuil kanak » ». Les élus rappellent aussi que la situation sanitaire « est aujourd’hui totalement sous contrôle et ne peut donc justifier – objectivement – un report de la date de la consultation ».

Énumérant la reconnaissance de l’identité kanak ou encore, la politique de rééquilibrage économique, permis par l’accord de Matignon de 1988, les élus calédoniens ont « désormais la responsabilité collective de franchir une nouvelle étape, fort de ce que nous avons vécu depuis quarante ans, et de construire une communauté de destin où chaque Calédonien, quelles que soient ses origines, se sentira légitime sur son Caillou ». « Cette communauté de destin doit concerner tous les Calédoniens, et son épanouissement n’a pas vocation à se traduire exclusivement dans le cadre de l’accession à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie » poursuivent-ils, estimant que « le droit à l’autodétermination n’est pas réservé aux seuls Calédoniens d’origine kanak qui auraient ainsi un droit de vie ou de mort sur le processus engagé ».

Ils rappellent aussi que ce processus s’adresse « à toutes les ethnies du pays » : kanak, européennes, « concessionnaires pénaux ou colons libres qui ont apporté une contribution majeure à la mise en valeur du pays », asiatiques, wallisiens et futuniens, tahitiens et « métropolitains qui rejoignirent notre île dans les années 1950 à 1970 à l’occasion de grands travaux ou du boom du nickel ». « Ce sont toutes ces populations, aujourd’hui largement métissées, qui ont dans leurs mains la clé de l’avenir du pays, et à qui il sera demandé de dessiner le futur visage de la Nouvelle-Calédonie », insistent-ils.

« Cette communauté de destin, dans le cadre du processus de décolonisation engagé, n’a pas non plus qu’une seule porte de sortie qui, inévitablement, serait l’indépendance. Le droit à l’autodétermination peut conduire à opter pour l’une des quatre voies prévues par l’Organisation des Nations unies dans ses résolutions relatives au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : l’intégration de la Nouvelle-Calédonie dans la République française, sa libre association avec la France, son accession à la pleine souveraineté, ou l’acquisition de « tout autre statut politique librement décidé » », ont encore rappelé les huit signataires de la tribune. 

« Nous espérons qu’en dépit de leur non-participation et de quelques déclarations malheureuses, les indépendantistes avec lesquels nous travaillons depuis tant d’années au sein des institutions, seront en responsabilité avec nous, à nos côtés, pour dessiner cette nouvelle communauté de destin calédonienne », ont-ils conclu. Ce mercredi, les indépendantistes ont réaffirmé leur volonté de ne pas participation à la prochaine consultation, ajoutant qu'ils ne reprendraient pas le dialogue avec l'État avant la Présidentielle de 2022