Interrogé par NC la 1ere, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a indiqué que les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont accepté le principe d'un élargissement du corps électoral pour le scrutin provincial de 2024, jusque-là un des points de blocage dans les discussions sur le futur statut de l'archipel.
En visite depuis jeudi dans le territoire français du Pacifique Sud, le ministre Gérald Darmanin et le ministre Jean François Carenco ont conduit une nouvelle série de négociations bilatérales avec les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) et les partisans du maintien de l'archipel sous l'autorité de Paris.
En vertu de l'accord de Nouméa signé en 1998, trois référendums d'autodétermination ont rejeté l'indépendance. Mais le dernier, en décembre 2021, est contestée par le FLNKS. Le gouvernement tente depuis de relancer le dialogue entre les deux camps sur l'avenir de l'archipel mais n'a pour l'heure pas réussi à obtenir la tenue de discussions tripartites. Parmi les points de blocage, loyalistes et indépendantistes s'opposent sur la composition du corps électoral pour le scrutin provincial prévu l'an prochain.
Les premiers sont favorables à son élargissement, ce que le second a toujours refusé jusque-là.
Au cours de son déplacement sur le territoire, le ministre Gérald Darmanin s'est entretenu avec les loyalistes et les indépendantistes.« On a réussi à débloquer des situations. Chacun, désormais, est d'accord pour discuter de l'ouverture du corps électoral pour les provinciales de l'année prochaine.
Lors des dernières discussions, "l'Etat a proposé sept ans de résidence (en Nouvelle-Calédonie pour être inscrit sur les listes électorales, NDLR) et l'intégration des 11.000 natifs calédoniens pour l'instant exclus du vote", a rapporté le ministère. "Le FLNKS a répondu oui pour les natifs et une période de dix ans minimum de résidence. « Je crois qu'on a pris ce temps de la réflexion, considère le ministre. A la fin du mois d'août, on se reverra une sixième fois et j'ai toujours dit qu'on tiendrait les élections provinciales en 2024 (…) j'ai dit aux indépendantistes et aux non-indépendantistes : 'Je suis venu avec l'esprit de dialogue (…) mais au bout d'un certain temps, si personne ne veut bouger, je bougerai et nous prendrons nos responsabilités pour changer le corps électoral.' Je crois que ça a été entendu et qu'il vaut mieux un bon consensus, bien évidemment. C'est ce que nous sommes en train de travailler», a déclaré Gérald Darmanin.
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Le Ministre de l'Intérieur a appelé désormais à travailler sur un futur projet pour continuer à construire le destin commun de la Nouvelle-Calédonie. "Mais ce projet, estime-t-il, ne peut être qu'inclusif de tous les Calédoniens, et de toutes les générations. Et on voit bien sans doute, dans ce qui s'est passé dans les trois dernières [consultations], que malgré les rapports positifs de l'Accord de Nouméa, malgré le travail démocratique qui a eu lieu ici, il y a toujours une société qui est très binaire, entre ceux qui veulent l'indépendance et ceux qui ne veulent pas l'indépendance. Comment on travaille ensemble à ce que la Nouvelle-Calédonie soit moins clivée et que ce soit un vrai destin commun ?»
Lors de sa visite - la troisième depuis novembre dernier - qui s'achève ce dimanche, Gérald Darmanin et Jean-Francois Carenco ont présenté aux deux camps un bilan de l'accord de Nouméa et un "audit de la décolonisation" qui a fait l'objet de vives réserves de la part du FLNKS.
Gérald Darmanin a également rappelé l'engagement du Président de la République sur le dossier calédonien. "Le président de la République viendra très certainement en Nouvelle-Calédonie.Il suit particulièrement nos discussions (…) je rentre, lundi soir, à Paris. Dès le lendemain, je le verrai pour lui rendre compte de mon déplacement. Mais le président de la République, il a à la fois des choses à dire sur la place de la France en Nouvelle-Calédonie, sur l'Histoire parfois douloureuse qui s'est déroulée ici et il va encourager les discussions.»
Vers le retour des discussions trilatérales ?
Si Gérald Darmanin s'est félicité de l'avancée majeure de l'acceptation des indépendantistes à élargir le corps électoral, le ministre a insisté sur la nécessité que les loyalistes et les indépendantistes se retrouvent ensemble autour d'une même table. Il a annoncé avoir demandé à ses interlocuteurs politiques calédoniens de mener des discussions trilatérales. "la prochaine fois que nous nous voyons, sans doute fin août, quand on les invitera à Paris, indépendantistes et non-indépendantistes, on puisse enfin tenir des trilatérales», a déclaré Gérald Darmanin.
Avec AFP et Outremers 360