Nouvelle-Calédonie : Aircalin aura besoin d'aide pour surmonter la pandémie

Nouvelle-Calédonie : Aircalin aura besoin d'aide pour surmonter la pandémie

La compagnie aérienne calédonienne Aircalin, aura besoin d'une aide publique en attendant une reprise du trafic une fois passée la crise sanitaire, a indiqué mardi son directeur général, Didier Tappero. Le dirigeant de la compagnie est actuellement à Paris pour tenter d'obtenir une aide supplémentaire pour la compagnie. 

Aircalin, malgré un chiffre d'affaires réduit à 20% de son niveau d'avant la pandémie de Covid-19, « a tenu et elle tiendra encore un certain nombre de mois », a affirmé Didier Tappero à l'AFP. Selon le dirigeant, le chiffre d’affaires d’Aircalin est passé de 159 à 86 millions d’euros l’année dernière. « L’année 2022 s’annonce encore plus difficile », a-t-il également déclaré, tablant sur « un niveau d’activité de 40% par rapport à 2019 et nous pourrions retrouver le seuil d’avant-crise à l’horizon 2023-2024 ».

L'entreprise, détenue à 99,4% par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, dessert normalement dix destinations, dont Wallis et Futuna et Tahiti, ainsi que le Japon, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Elle exploite trois appareils : deux Airbus A330neo et un A320neo. Mais malgré l'aide des autorités locales, avec l’équivalent d’un chômage partiel, et la poursuite de liaisons consacrées au fret, « les difficultés économiques vont arriver dès le début de l'année prochaine » quand Aircalin sera au bout de sa trésorerie, a souligné Didier Tappero, venu à Paris discuter avec l'administration de moyens d'aider l'entreprise à traverser la crise.

« Subvention d’exploitation pendant une période déterminée »

Aircalin a déjà bénéficié fin 2020 d'un prêt garanti par l'État de 40 millions d'euros, qui représente le quart de son chiffre d'affaires 2019. Elle avait jusqu'alors résisté sur ses propres fonds, sa situation avant la pandémie étant solide après cinq exercices bénéficiaires consécutifs. Aircalin a aussi lancé un plan d'économies qui est passé par une réduction de sa flotte et le report de la livraison d'un deuxième A320neo à fin 2023, ainsi qu'un plan de départ volontaires qui a concerné 100 de ses 500 employés. Les personnels restants ont également accepté de réduire leurs salaires.

Les discussions avec l'État n'en sont qu'au stade préliminaire, mais dans l'hypothèse d'une reprise partielle du trafic de passagers à la fin de l'année puis un retour aux niveaux d'avant-crise en 2024, Didier Tappero évalue les besoins de liquidités à « entre quatre et cinq mois de chiffre d'affaires base 2019 », soit une soixantaine de millions d'euros. Didier Tappero propose notamment une « subvention d’exploitation pendant une période déterminée ». Selon lui, un 2ème PGE n’est pas souhaitable car il ferait peser sur la compagnie « un niveau de dette trop important qu’elle ne serait pas en mesure de rembourser ».

La compagnie joue un rôle « stratégique (...), c'est une manière de maintenir une présence française dans cette région du monde », a argumenté le directeur général de la compagnie. Avant la crise, Aircalin tirait la moitié de ses revenus des liaisons avec l'étranger. Actuellement, la compagnie assure trois rotations hebdomadaires dont une seule ouverte aux passagers vers Tokyo, où Air France prend le relais vers Paris pour assurer la continuité territoriale. Les vols vers l’Australie (hors fret), la Nouvelle Zélande, Wallis et Futuna, le Vanuatu et la Polynésie française restent suspendus.

Alors qu'Australie et Nouvelle-Zélande viennent de lancer une "bulle" permettant à leurs ressortissants de voyager sans quarantaine, la Nouvelle-Calédonie, où le risque de contamination est désormais jugé « très faible » depuis la fin du confinement le 1er avril, aimerait les y rejoindre, mais ces pays « ne sont pas pressés », a constaté le patron d'Aircalin.

Avec AFP.