Le groupe minier français Eramet, maison-mère de la SLN calédonienne, a relevé lundi son objectif financier pour l'ensemble de l'année, après un solide chiffre d'affaires trimestriel, mais a prévenu que les perturbations liées à la pandémie en Nouvelle-Calédonie avaient exacerbé les difficultés de son activité nickel dans le pays.
Le groupe prévoit désormais un bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissement (Ebitda) proche d'un milliard d'euros, contre une prévision précédente de plus de 850 millions d'euros. Le chiffre d'affaires au troisième trimestre a augmenté de 34% par rapport à l'année précédente, à 1,1 milliard d'euros et les conditions de marché restent favorables pour le quatrième trimestre, a déclaré la compagnie.
La hausse des prix des minerais a permis à Eramet d'absorber des coûts de transport élevés. L'impact de la hausse des coûts de l’énergie sur les activités reste limité à date, a ajouté le groupe. En ce qui concerne l'approvisionnement minier, le groupe a relevé son objectif de production de minerai de nickel en Indonésie pour l'ensemble de l'année à environ 14 millions de tonnes humides, contre 12 millions précédemment, tout en maintenant son objectif de production de minerai de manganèse au Gabon à 7 millions de tonnes.
Cependant, les prévisions d'exportations de minerai de nickel de la Nouvelle-Calédonie ont été réduites à « plus de 3 millions de tonnes humides », alors que le groupe visait auparavant 3,5 millions de tonnes humides, et la production de ferronickel ne devrait atteindre que 40 000 tonnes cette année. Une vague d'infections au Covid-19 en Nouvelle-Calédonie a en effet perturbé les activités de nickel de l'usine SLN.
« Le contexte sanitaire actuel a renforcé la situation critique de la SLN, dont les fondamentaux économiques et la trésorerie se sont encore détériorés au troisième trimestre, malgré un marché du nickel en nette progression », a déclaré Eramet. Interrogée par BFMTV, la PDG du groupe Christel Bories a assuré que la demande en métaux aillait « exploser » d’ici 2030. « On estime que sur des métaux comme le cuivre, on va plus extraire dans les trente prochaines années que ce qu’on a extraie depuis le début de l’humanité. (…) On est en train de passer de l’ère du pétrole à l’ère des métaux », a-t-elle déclaré.
Une demande notamment soutenue par les véhicules électriques. « On s’attend à avoir un prix des métaux qui va être soutenu pour répondre à la promesse écologique et financer tous les investissements qu’il va falloir faire » a poursuivi Christel Bories, estimant que la demande « réclame beaucoup d’investissement (…) durable parce que si on commence à extraire ces métaux en émettant beaucoup de CO2, en ne faisant ni attention à l’environnement, ni à la biodiversité, ni au bien-être des communautés, on n’a pas répondu à la promesse écologique ».
Le fabricant d'alliages Aubert & Duval, quant à lui, a été touché par la crise du secteur de l'aviation liée à la pandémie de COVID-19 et Eramet a déclaré qu'une vente de sa filiale restait son option préférée.
Avec AFP.