L’E-sport, un phénomène en pleine expansion en Nouvelle-Calédonie

L’E-sport, un phénomène en pleine expansion en Nouvelle-Calédonie

© Facebook ESNC

L’E-sport n’est pas un phénomène nouveau. Dans les années 70, on pouvait assister aux premières compétitions de jeux vidéo, mais l’avènement d’Internet a donné à l’E-sport une dimension globale, connectant les joueurs du monde entier. Un article du journaliste Hugo Coef pour notre partenaire Actu.nc.

Le gaming a longtemps été considéré comme état réservé aux adolescents affalés dans leur canapé. Il n’y a rien de plus faux. Les statistiques montrent que la moitié des joueurs grand public sont âgés de plus de 15 ans, ce pourcentage grimpe jusqu’à 91% pour les e-sportifs amateurs pratiquant la compétition. De plus, 54% de ces compétiteurs sont des CSP+1 : le stéréotype du jeune enfermé dans sa chambre n’a donc plus lieu d’être. L’e-sport est devenu un phénomène de société incontournable et indéniable.

Nouvelle opportunité de communication pour les entreprises

N’en déplaise aux plus sceptiques, même les clubs de sport professionnels s’y intéressent et de plus en plus d’entreprises, comme Mastercard, RedBull, BMW, Nike ou encore Louis Vuitton, sponsorisent désormais des équipes d’e-sport, moins coûteuses que les équipes de football ou de basket. Le succès de l’e-sport s’explique aussi par ses canaux de diffusion et de communication, très majoritairement  digitaux. En 2019, la plateforme Twitch (leader sur le streaming de sports électroniques) a comptabilisé plus de 9 milliards² d’heures de visionnage. Ce chiffre atteint des sommets en 2020 avec le confinement mondial, puisque la plateforme a connu une croissance de 50% entre mars et avril pour enregistrer plus de 1,5 milliards d’heures3 de visionnage. Ainsi, malgré la situation sanitaire mondiale, les championnats d’esport se poursuivent. Une aubaine pour les sponsors qui peuvent ainsi toucher une cible de plus en plus hermétique aux médias traditionnels.

© Facebook ESNC

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En Calédonie, des tournois a plus de 400 joueurs

En Nouvelle-Calédonie, l’association ESNC comptabilise plus de 13.000 spectateurs uniques sur sa page Twitch ouverte début 2018, et plus de 8.000 heures de visionnage. La communauté de l’e-sport calédonien est à la fois jeune, engagée, très présente sur les réseaux sociaux. Il suffit de voir l’engouement suscité par les tournois locaux, ainsi la « Pepsi FIFA Cup » et les championnats de « League of Legends », ont rassemblé plus de 400 joueurs. La Ligue Fortnite BCI a quant à elle réuni plus de 150 joueurs au travers de deux grandes phases de qualifications qui se sont déroulées sur 5 mois. Le tournoi a même suscité l’intérêt de nos voisins australiens et néo-zélandais qui souhaitaient prendre part à l’aventure. Cependant, la compétition est à l’heure actuelle réservée aux calédoniens. La grande finale, prévue le 19 décembre prochain au Ramada Sport Bar s’annonce pleine de suspens, au vu du niveau des équipes encore en lice. Même si les entreprises locales sont encore un peu frileuses lorsqu’il s’agit d’e-sport, nul doute que la discipline trouvera ses sponsors dans un futur proche. Il est certain que les premières entreprises positionnées sur ce marché tireront leur épingle du jeu.

La ligue BCI « Fortnite »
Une banque dans l’e-sport ! C’est le choix de la BCI dont le soutien a permis d’offrir une plus grande visibilité au tournoi Fortnite. Cet appui fort de la BCI, va sans doute un peu à contre-courant de l’idée que l’opinion peut se faire d’une banque, et notamment les jeunes. «  On imagine qu’une banque, c’est vieux et lent, mais en fait on est sur Fortnite  », se félicite Frédéric Reynaud le directeur général de la BCI. Ce parrainage est aussi un choix commercial et stratégique. «  Les jeunes sont les futurs utilisateurs de la banque , explique Frédéric Reynaud, et nous voulons savoir comment faire évoluer la banque en fonction de leurs besoins. Pour comprendre ce qu’ils attendent, il faut aller sur leur terrain, connaitre leur loisir et savoir à quoi ils passent leur temps. Et il est indéniable que depuis quelques années l’e.sport explose, il suffit de regarder l’engouement pour les compétitions ou les gains des joueurs professionnels.  » Au vu du succès du tournoi, la BCI envisage de poursuivre son engagement dans l’ e-sport.

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Adrien Ductane : « Il y a plus de 1 000 joueurs E-sport en Nouvelle-Calédonie »

E-sport Nouvelle-Calédonie (ESNC) promeut la discipline en organisant une dizaine de compétitions par an, notamment la finale de Fortnite, le samedi 19 décembre. Entretien avec Adrien Ductane, le président de l’association.

Actu.nc : Présentez-nous ESNC
Adrien Ductane : C’est une association née de la passion pour le jeu vidéo, il y a 3 ans maintenant. Elle souhaite démocratiser l’E-sport et promouvoir cette discipline de façon éthique, intègre et inclusif, encadrer la nouvelle génération dans un environnement de compétition et de professionnels mais aussi d’accompagner les acteurs économiques. L’E-sport évolue avec des valeurs et des codes identiques à ceux du sport.

Actu.nc : Comment fonctionne le Esport économiquement en Nouvelle-Calédonie ?
AD : Le jeu vidéo est devenu un sport à part entière, avec une croissance de 40% ces dernières années. Comme c’est un secteur très dynamique, les grandes entreprises ont investi dans ce domaine, notamment des marques de sport comme Adidas, et tous les clubs de Ligue 1 ont un représentant pour le jeu FIFA. Ils sont rejoints par d’autres acteurs comme Mercedes ou Coca-Cola. En Calédonie, la BCI a créé sa propre ligue avec Fortnite, la BCI est vraiment l’exemple, car d’autres comme Infocom ou Nautile sont déjà ancrés dans l’Esport, mais cela fait partie de leur domaine.

Actu.nc : L’E-sport est accessible à tous et sur tous les supports mais qui pratique cette discipline en Nouvelle-Calédonie ?
AD : On compte plus de 1 000 joueurs qui ont la volonté de participer aux compétitions. Avec Internet qui a évolué, une centaine de joueurs participent à des tournois internationaux en restant chez eux. Ils ont la possibilité de gagner entre 12 000 et 24 000 cfp. Sur un plan professionnel, une cinquantaine de joueurs se sont déjà déplacés, notamment en Australie pour des camps d’entrainement. Je ne pense pas qu’il y ait un joueur calédonien qui vive du jeu vidéo, même si cinq joueurs ont côtoyé les plus grandes équipes australiennes et ont touché un salaire pendant un petit moment. Nous restons sur une niche et la connexion sur le territoire n’est pas la meilleure.

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© Facebook ESNC

Actu.nc  : Des équipes E-sport regroupent des joueurs avec des coachs, des analystes stratégiques et même des commentateurs. La Nouvelle-Calédonie possède-t-elle de tels moyens ?
AD : Non, il n’y a pas un établissement ou un local qui permet d’entrainer une équipe d’E-sport. Il n’y a pas de structures publiques ou de ligue pour l’Esport. La majeure partie des tournois que nous organisons se passent sur Internet, pour les phases de qualifications, et pour les grandes compétitions, un évènement physique est organisé. ESNC organise 10 compétitions par an dont 3 majeures. Le samedi 19 décembre, nous organisons la finale du BCI Fortnite au Ramada hôtel. Pour 2021, le calendrier est en cours, nous allons garder la même dynamique que cette année.

Actu.nc : Quel est avenir de l’E-sport en Nouvelle-Calédonie ?
AD  : Nous souhaitons une prise de conscience de la part des acteurs économiques et traditionnels. La finalité serait de développer un environnement physique qui permette aux jeunes et aux joueurs de trouver une sphère de compétition et d’être encadrés. Il sera question de nutrition, coach sportif, coach mental, kinésithérapeute, opticien, etc… Pour l’instant, nous avons des coachs disponibles lors de chaque compétition et pour tous les joueurs mais cela reste insuffisant.

Hugo Coëff , Actu.Nc