Le président de la Polynésie favorable à la vaccination obligatoire des soignants et au pass sanitaire

Le président de la Polynésie, Édouard Fritch, se faisant vacciner en janvier dernier ©Présidence de la Polynésie

Le président de la Polynésie favorable à la vaccination obligatoire des soignants et au pass sanitaire

Dans la lignée des annonces d’Emmanuel Macron, le président de la Polynésie a expliqué être favorable à l’obligation vaccinale des soignants et « de tous ceux qui sont en contact avec les autres » sur ce territoire. Quant au pass sanitaire, qui va être étendu à la plupart des lieux publics dans l’Hexagone, le gouvernement local dit travailler sur la question.

Édouard Fritch avait déjà laissé entendre, par le passé, qu’il n’était pas opposé à l’idée d’une obligation vaccinale. Au mois de mai, le président du Pays avait notamment demandé, a minima, que cette obligation soit imposée « pour tous ceux qui rentrent et qui sortent » de Polynésie. Les règles posées par l’État avaient finalement été plus clémentes, lors de la réouverture du ciel, mais le discours du chef de l’État, ce matin depuis l’Élysée, change la donne.

Emmanuel Macron a annoncé, entre autres, une obligation de vaccination « des soignants et personnel des hôpitaux, cliniques et maisons de retraite », puis de « tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragiles ». La question de la vaccination obligatoire de tous les Français « pourrait être posée », a même précisé le Président de la République et le renforcement du pass sanitaire est déjà vécue pour beaucoup comme une incitation, voire une obligation, à la vaccination. 

« Pas d’autres remèdes » pour « vivre avec le Covid »

Les règles annoncées hier par le chef de l’État ne sont pas automatiquement applicables localement. Mais l’idée a déjà fait son chemin du côté du Pays, compétent en matière de santé. « Je cherche aujourd’hui à vacciner un maximum de Polynésiens », a insisté Édouard Fritch ce matin en marge d’une conférence de presse sur le nucléaire. Rappelant que ce territoire ultramarin avait été « le premier » à ouvrir des vaccinodromes, à ouvrir la vaccination à tous les majeurs, puis aux plus de 12 ans, le président du Pays a expliqué « être convaincu qu’il n’y a pas d’autres remèdes pour éviter d’être à nouveau affaibli par ce virus ».

« J’entends toute sorte de choses contre ce vaccin », note-t-il, faisant notamment référence aux informations, souvent erronées, circulant sur les réseaux sociaux et dans certains cercles religieux à propos du vaccin. « Mais avons-nous les moyens de se choper une nouvelle vague ? Non, nous ne pouvons plus le faire ». Pour « continuer à vivre avec le Covid » et « protéger les personnes âgées et certains jeunes, obèses ou qui ont des difficultés », le responsable martèle « qu’il faut vacciner tous ceux qui sont en contact avec les autres ». Y compris « obligatoirement », précise-t-il. 

Un projet de loi du Pays, qui mettrait en place une vaccination progressivement obligatoire pour les soignants et les professionnels « au contact des personnes fragiles » est en préparation du côté du ministère de la Santé. Le texte n’a pas encore été présenté officiellement en conseil des ministres. 

Pass sanitaire : complications techniques et administratives

Le Président de la République a aussi annoncé, lors de son allocution, une extension du pass sanitaire, aujourd’hui utilisé dans toute l’Europe pour voyager, et dans l’Hexagone et certains autres pays pour participer à des évènements de grande ampleur ou en espace clos, à davantage de lieux publics. Dès le 21 juillet, il sera obligatoire, dans l’Hexagone, pour accéder aux « lieux de loisirs et de culture » rassemblant plus de 50 personnes, et à partir d’août dans certains moyens de transport et dans les bars et restaurants, le tout à partir de 12 ans.

En Polynésie, c’est le Pays, compétente en matière de santé, qui gère la campagne et le répertoire de vaccination. Le ministère de la Santé, qui travaille depuis plusieurs semaines avec les autorités nationales sur le sujet, a annoncé le lancement dans les jours à venir, d’un « pass vaccinal » local. Il doit permettre, via l’application TousantiCovid déjà utilisée dans l’Hexagone, de justifier numériquement de son état de vaccination, par exemple embarquer dans un vol international. Mais le pass sanitaire, tel qu’il est utilisé en Europe et tel qu’il va être étendu dans l’Hexagone, est beaucoup plus large.

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Il constitue une preuve numérique de vaccination, mais aussi, le cas échéant, d’immunisation (preuve d’une contamination passée) ou de test de dépistage négatif récent. Ce qui permet aux personnes non-vaccinées d’accéder, s’ils justifient d’une absence de risque Covid, aux lieux concernés par ce pass sanitaire. L’État, seul compétent en matière de mesures privatives de liberté, pourrait décider de rendre applicable ce pass sanitaire dans les lieux publics en Polynésie. Mais le Haut-commissariat devrait alors faire en sorte que l’application TousAntiCovid soit entièrement utilisable localement. Ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. 

Difficile, donc, de suivre le rythme national sur ce point. Hormis l’aspect technique, c’est aussi, dans la pratique, la différence de taux de vaccination qui va compliquer la mise en œuvre du pass sanitaire en Polynésie. Au niveau national, 65% des plus de 18 ans ont commencé leur vaccination Covid, contre seulement 37% en Polynésie. Interrogé sur la question, le président du Pays parle pourtant de « prendre des moyens plus drastiques pour se protéger ». Et admet la possibilité d’un pass sanitaire « partout » en Polynésie – sous-entendu dans les lieux publics listés au niveau national.

Le calendrier et les modalités restent flous : « On est dans l’administration, il faut prendre les textes, réfléchir, faire en sorte que ces textes ne soient pas attaquables ». Édouard Fritch promet tout de même une entrée en fonction d’un tel dispositif « très bientôt » en Polynésie.

Charlie René pour Radio 1 Tahiti