Internet en Polynésie : Pourquoi le déploiement de la fibre prend du temps ?

Internet en Polynésie : Pourquoi le déploiement de la fibre prend du temps ?

Le déploiement de la fibre en Polynésie n'est pas aussi rapide que certains abonnés le voudraient. Mais si son installation à Tahiti et dans les îles prend du temps, c'est pour plusieurs raisons... Explications et reportage de nos partenaires de TNTV. 

Pour comprendre comment est déployée la fibre, il faut savoir que la Polynésie est reliée au reste du monde via deux câbles sous-marins internationaux : Honotua, depuis 2010, et Manatua, depuis 2015. C’est grâce aux différents câbles sous-marins que la fibre peut être déployée.

La fibre aux Australes en 2023

Un autre câble relie Tahiti aux archipels de Polynésie : Natitua, en service depuis 2018. Il dessert une vingtaine d’îles des Marquises au Nord-est, des Tuamotu au centre… et bientôt des Australes, au sud de Tahiti : « On a un câble qui s’appelle Natitua Sud, qui est le dernier en date des projets, qui va commencer à être posé en début d’année prochaine. Ce câble fait Tahiti, Rurutu et Tubuai. On va déployer la fibre optique au bout de ce câble pour que, lorsqu’on ouvrira ce câble l’année prochaine, on ait un réseau local qui soit fonctionnel », annonce Moana Allain, responsable du département des réseaux des infrastructures chez Onati.

Déployer la fibre dans les îles, ok. Et à Tahiti ? Beaucoup de quartiers et communes ne disposent pas encore de la fibre. Et pour cause…

Un projet colossal

Onati utilise les infrastructures de génie civil déjà existantes pour déployer la fibre. Mais c’est tout un nouveau réseau qui est mis en place. « On a des centaines de kilomètres de conduites souterraines posées depuis 40 ans, 50 ans. On a des poteaux bien sûr et on loue une partie à EDT aussi. Donc on a des infrastructures souterraines et aériennes et on utilise ces infrastructures pour poser de nouveaux câbles. C’est un réseau totalement nouveau. On n’utilise pas le réseau de cuivre. On remplace le réseau de cuivre finalement. (…) On n’enlève pas vraiment le cuivre pour l’instant, mais on se prépare à ça. On pose un nouveau réseau avec des milliers de morceaux de câble un peu partout dans les quartiers ».

« C’est beaucoup de travail et on a des ressources limitées aussi bien en interne qu’avec nos prestataires. C’est un projet énorme », souligne Moana. « Pour donner un ordre de grandeur, le réseau de cuivre a été déployé en 40 ans et là, on se propose de déployer le réseau de fibre en 10 à 12 ans. Donc on va aller quatre fois plus vite que ce qu’on a fait pour le cuivre ».

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Travaux, prestataires, autorisations de passage… l’OPT est parfois confrontée à de nombreux obstacles : « Il y a des quartiers dans Papeete qui ne sont pas encore fait parce qu’on tombe sur un tas de problèmes… La liste est innombrable. Les autorisations de passages, les gens qui ne veulent pas qu’on passe chez elles parce que le câble les gêne, les autorisations avec les administrations du Pays (…) C’est une mécanique très lourde. Il y a beaucoup de contraintes. On a toujours l’impression qu’il faut juste tirer un câble mais parfois avant de tirer un câble il faut trois à six mois pour commencer ! ».

Ajoutée à cela, la crise covid qui a causé un véritable ralentissement dans le calendrier de déploiement initialement prévu. De 6 à 7 000 lignes installées chaque année avant la crise, le chiffre est tombé à moins de 5 000 lignes par an. « Par exemple, j’ai des commandes de fibre optique dont le délai a été doublé parce qu’il manque un composant chimique que les fabricants de fibre n’arrivent pas à se procurer donc tous les plannings de production de fibre sont retardés ».

Pas si facile donc de répondre à la demande insistante des usagers qui aimeraient un internet toujours plus rapide. Dans certaines zones où la fibre n’a pas encore pu être posée, comme c’est le cas dans de vieilles résidences privées par exemple, c’est l’option VDSL qui a été choisie. Une technologie qui permet d’atteindre un haut début et qui repose sur le réseau de cuivre déjà existant.