Hôtellerie en Polynésie : L'année 2024 s'annonce moins bonne en volume, mais pas en chiffre d'affaires

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Hôtellerie en Polynésie : L'année 2024 s'annonce moins bonne en volume, mais pas en chiffre d'affaires

Après un exercice 2023 exceptionnel, l’hôtellerie polynésienne connaît une baisse de fréquentation au premier semestre 2024. En cause, une légère perte d’intérêt de la clientèle nord-américaine et une concurrence accrue dans la région. Pour autant, le revenu moyen par chambre disponible ne s’est pas effondré, ce qui signifie que le prix des chambres reste élevé : de quoi permettre aux hôteliers d’envisager un exercice aussi satisfaisant que le précédent sur le plan comptable. Précisions avec notre partenaire Radio 1. 


Après une année 2023 faste pour les hôteliers – et l’ensemble du secteur touristique du pays –, marquée par des recettes en hausse de 21% par rapport à 2019, jusque-là année référence du secteur, le soufflé est quelque peu retombé. « On peut dire que 2024 ne s’annonce pas aussi bonne en volume », reconnaît Christophe Guardia, co-président du Conseil des professionnels de l’hôtellerie (CPH). Au premier semestre, les chiffres de fréquentation publiés chaque mois par l’ISPF sont sans appel  : -14% en janvier par rapport au même mois l’année précédente, -9% en février, -4,5% en mars, -6% en avril, -7% en mai et -6,7% en juin.

« La grande baisse se ressent sur le marché nord-américain », poursuit le directeur du Tahiti by Pearl Resort. Le nombre de chambres louées par la clientèle américaine a ainsi chuté de dix points entre juin 2023 et juin 2024, une tendance qui s’observait déjà en début d’année (-26% en janvier et -23% en février). Pour Christophe Guardia, cette baisse d’intérêt peut s’expliquer par le contexte électoral au pays de l’oncle Sam, par la fin du boom post-Covid, mais aussi par une concurrence plus féroce dans la région. « En 2023, tout n’était pas forcément rouvert ailleurs », ou du moins pas à pleine puissance, « et nous avons bénéficié de la proximité avec le marché américain ».

Cette année, c’est plutôt Fidji qui semble susciter la curiosité au moment de choisir une destination dans le Pacifique Sud. « Ils mettent beaucoup de moyens sur le tourisme et bénéficient de beaucoup plus de vols, vers beaucoup plus de villes américaines que nous », relève le co-président du CPH. Autres visiteurs aux abonnés absents : les Asiatiques, « avec un net recul depuis la fin de la ligne vers le Japon », début avril, dont la réouverture devra attendre octobre prochain. Les marchés australiens et néo-zélandais sont aussi en baisse cette année, « mais ce n’est jamais le gros de notre clientèle », précise-t-il. Sur l’ensemble des visiteurs venus de la région, hors Polynésie française, l’ISPF note une baisse de locations de chambres de 25%.

Une baisse qui devrait se poursuivre au second semestre

Les prévisions du second semestre ne s’annoncent guère plus emballantes. « Il y a eu de grosses contre-performances en juillet », explique l’hôtelier, qui attribue la faute aux Jeux olympiques, qui n’auraient pas eu l’effet escompté sur les réservations, « au contraire ». Christophe Guardia avance une baisse de 20% des passagers aériens à destination du fenua sur la période. « Nous constatons aussi un recul des demandes à partir d’octobre, notamment sur le marché métropolitain, ce qui n’était pas le cas jusque-là ». Le directeur du Tahiti by Pearl Resort évoque « le manque de visibilité » en métropole pour justifier cette chute à venir, que les professionnels du secteur tentent de contrer par la diffusion d’offres spéciales. « On compte aussi sur des budgets de promotion (de Tahiti Tourisme, ndr) pour avoir plus de visibilité aux États-Unis », note-t-il.

Si l’année 2024 s’annonce donc moins bonne en volume, elle ne devrait pas être mauvaise pour autant.  Car malgré la fréquentation en baisse, le revenu par chambre, qui a explosé ces dix dernières années, et tout particulièrement depuis 2019, n’a pas baissé, au contraire. « L’année 2023 ayant été excellente, les prix ont forcément augmenté », et n’ont pas baissé depuis. Entre juin 2023 et juin 2024, « le revenu moyen par chambre louée (RMC) progresse de 10 % sur la même période à 81 055 francs, soit le RMC le plus élevé observé sur toute période confondue », relève le dernier rapport de l’ISPF. En ce qui concerne le revenu moyen par chambre disponible, qui prend en compte le taux de fréquentation et donc les chambres restées vides, celui-ci « reste stable sur un an, à 55 380 francs ». Il était même en hausse au mois de mai (+2%), après une baisse en avril (-4%), et un bond en mars (+15%). « En chiffre d’affaires, on sera sans doute équivalent à 2023, et au-dessus de 2019 », anticipe Christophe Guardia.

Par Radio 1