En visite éclair ce mardi à Paris, le président de la Polynésie Édouard Fritch s’est entretenu avec le Président de la République Emmanuel Macron à l’Élysée. Ils ont évoqué « les grands dossiers polynésiens », parmi lesquels les conséquences des 30 ans d’essais nucléaires français en Polynésie.
« Le Président Emmanuel Macron propose une Table Ronde de Haut Niveau sur le nucléaire », a indiqué un communiqué de la présidence polynésienne. « Le lancement de cette initiative est souhaité pour le mois de juin 2021 à Paris », poursuit-on. Interrogé par la rédaction d’Outremers360 sur le livre et l’enquête ‘Toxique’ du média d’investigation Disclose, à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre en fin de journée ce mardi, le Président polynésien avait pourtant assuré ne pas avoir évoqué ce sujet avec ses interlocuteurs.
Selon ce communiqué, Édouard Fritch « a rappelé qu’en 10 ans, depuis 2010, beaucoup de mesures ont pu être prises en faveur de l’indemnisation et de la réparation. Or, on s’aperçoit aujourd’hui, qu’une politique d’indemnisation et de réparation qui est pourtant indispensable s’avère insuffisante. Il a suffi qu’un livre soit publié pour que le sujet s’enflamme à nouveau, donnant le sentiment que l’on cache des choses graves sur le nucléaire ». « C’est pourquoi, le devoir de « vérité et justice » devient nécessaire », ajoute-t-on.
À l’Élysée, le Président de la Collectivité d’Outre-mer a aussi plaidé la cause de la compagnie aérienne internationale Air Tahiti Nui, détenue à 85% par la Polynésie et « fragilisée financièrement, commercialement et humainement par les fermetures successives des frontières ». « Le Président de la République est favorable à un examen bienveillant de ce dossier pour venir appuyer la compagnie », assure le communiqué.
15 000 doses de vaccins par semaine
Concernant la réouverture des frontières, demandée notamment par 425 acteurs du tourisme polynésien dans un courrier au Premier ministre, « Édouard Fritch a explicité le protocole sanitaire en vigueur qui combine tout ou partie d’un dispositif associant tests PCR, vaccination, et septaine obligatoire pour les passagers en provenance de l’extérieur ». « Le Président de la République a été sensible aux arguments qui lui ont été présentés. Néanmoins, la décision de réouverture des frontières doit s’accompagner d’une garantie de protection sanitaire pour la Polynésie ».
Autre sujet évoqué lors de cet entretien, toujours en lien avec la crise sanitaire, celui de la vaccination : « Le président du Pays a explicité les besoins en vaccins de la Polynésie française pour atteindre l’immunité collective au mois de juillet prochain », soit « au moins 80 000 personnes qu’il faudrait vacciner à Tahiti et à Moorea ». « Le Président de la République a appuyé l‘approvisionnement soutenu de près de 15 000 doses de vaccins par semaine à la Polynésie dès que possible. Ainsi, à ce rythme de vaccination, la santé publique aura pu vacciner plus de 80 000 personnes à Tahiti, Moorea, et dans les îles de grande fréquentation touristique ».
Quant à une éventuelle visite officielle du chef de l'État en Polynésie, déjà plusieurs fois repoussée, le communiqué évoque la date d'août prochain, entre la fin des vacances d'été et la rentrée de septembre. Après l’entretien avec le Président de la République, Édouard Fritch s’est rendu à Matignon afin de signer, avec le Premier ministre et le ministre des Outre-mer, un contrat de développement et de transformation ainsi qu’une convention pour la construction d’abris cycloniques moyennant la somme de 29 milliards de Fcfp (243 millions d’euros) sur trois ans, répartie à 50/50 entre l’État et la Collectivité d’Outre-mer.