243 millions d’euros (29 milliards Fcfp) signés entre l'État et la Polynésie française, au titre de la solidarité nationale

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243 millions d’euros (29 milliards Fcfp) signés entre l'État et la Polynésie française, au titre de la solidarité nationale

En visite éclair ce mardi à Paris, le Président de la Polynésie française, Édouard Fritch, s’est tour à tour entretenu avec le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, le Président de la République, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, Jean Castex. À la clé, la signature d’un contrat de développement et de transformation, en deux volets, et d’une convention pour la construction d’abris anticycloniques, pour un montant global d’un peu plus de 243 millions d’euros sur trois ans. 

« C’était important que l’on vienne jusqu’à Paris même pour 24h parce que les engagements que nous prenons avec l’État vont apporter un souffle, de l’oxygène à l’activité en Polynésie française pour trois ans. 29 milliards (de Fcfp, ndlr) ce n’est pas rien », a déclaré le Président de la Collectivité d’Outre-mer, après son entretien avec le Premier ministre. “L’Etat s’engage à apporter la moitié de cette somme et le Pays l’autre moitié”, a précisé un communiqué de la Présidence de la Polynésie. 

À l’issue de cet entretien, Jean Castex, Sébastien Lecornu et Édouard Fritch ont signé le contrat de convergence et de transformation, ainsi que la convention pour la construction d’abris anticycloniques dans l’archipel des Tuamotu. « Il y a deux volets de ce contrat de développement et de transformation. Un volet État-Pays qui prévoit des financements d’infrastructures publiques décidé par la Polynésie française, avec un financement 50/50" et un volet État-Pays-Communes pour “financer des opérations d’investissement des communes de Polynésie en matière d’eau potable, de gestion des déchets et d’assainissement. Le montant consacré à ce contrat est de 6 milliards Fcfp sur 3 ans”. 

Édouard Fritch a cité "un volet nouveau, qui nous réjouit énormément, c’est la participation de l’État pour la construction des abris anticyclone pour les îles Tuamotu », a précisé le Président polynésien. « Aujourd’hui, neuf îles sont en attente de construction de leur abri et ces financements vont nous permettre de mettre en sécurité ces populations en cas de forte houle, d’intempéries », ajoute-t-il. Selon Matignon, ce projet de convention porte sur un montant total de 50,6 millions d’euros et concerne 21 bâtiments publics à « construire, reconstruire, rénover ou étendre ». 

Dans son communiqué, la Présidence de la Polynésie explique que cette “convention est destinée à financer des travaux de 17 abris de survie des atolls des Tuamotu. Ainsi, 9 nouveaux abris seront construits, 5 abris bénéficieront d’une extension et 3 abris seront réhabilités. Ce seront 6 milliards Fcfp qui seront réservés pour ces opérations”

Édouard Fritch, Jean Castex et Sébastien Lecornu ont signé, ce mardi à Matignon, un contrat de développement et de transformation et une convention pour la construction d'abris anticycloniques ©Outremers360

Pour Édouard Fritch, cette participation de l'État arrive à point nommé en ces temps de crise sanitaire et économique. « Cette manne financière va nous servir à faire face et à reconstruire notre pays », a-t-il souligné. « Cette crise aura mis à mal notre activité économique de manière générale et surtout aura mis à mal une grande partie de nos concitoyens qui ont, pour les uns perdu leur emploi, pour les autres fait face à une réduction de l’activité et donc de leur revenu. Nous avons tous hâte de reprendre une vie normale. Et cette vie normale ne pourra revenir que si nous avons la solidarité de l’État chacun de nos territoires et départements ».

Le Président polynésien, accompagné par son ministre des Finances ainsi que des parlementaires Maina Sage, Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch, a aussi évoqué la situation sanitaire de la Collectivité et surtout, la réouverture des frontières pour permettre la reprise du tourisme. « Je me bats aujourd’hui pour que le 1er mai, nous puissions rouvrir nos frontières et pouvoir accueillir à nouveau des touristes ». Si le Premier ministre « n’a pas promis », « il a proposé que nous puissions travailler ensemble sur les conditions, les protocoles sanitaires avant la réouverture des frontières ».

« Naturellement, nous avons notre idée », a ajouté Édouard Fritch, qui pense notamment à la vaccination obligatoire pour entrer en Polynésie française. « Il nous faut avoir le souci permanent de la protection de nos populations face à cette crise sanitaire (…) mais à un moment donné il faut prendre une décision, et cette décision je vais la prendre car si on ne fait rien, c’est la crise sociale qui va nous tomber dessus ». 

« La solidarité fonctionne »

Le Premier ministre a, de son côté, salué les « indicateurs épidémiologiques redevenus excellents » en Polynésie française, « témoins d’une vague maîtrisée aujourd’hui ». « L’assouplissement des mesures sanitaires contraignantes et les difficultés de l’économie polynésienne, particulièrement dépendante du tourisme, ont fait l’objet d’échanges ouverts et d’un dialogue confiant », ajoute-t-on. 

« Les réflexions sont désormais en cours pour aboutir rapidement à des décisions, respectant les compétences de chacun, qui permettront un retour à une vie plus ouverte sur l’extérieur sans mettre en péril la santé des polynésiens dans un contexte mondial où chaque victoire contre la Covid-19 reste fragile tant que la couverture vaccinale n’est pas significativement augmentée ». 

Sans en dire davantage sur son entretien avec le Président Emmanuel Macron, Édouard Fritch a, dit-il, proposé une visite du chef de l’État en Polynésie à la fin août. « Sa venue était prévue pour la fin mai. Malheureusement nous n’aurons pas suffisamment de garanties vu l’ampleur de la crise ici en métropole », a reconnu le président de la Collectivité d’Outre-mer. Emmanuel Macron, attendu en Polynésie depuis fin 2019, a dû plusieurs fois repousser ce déplacement officiel. 

Quoiqu'il en soit, le Président de la Polynésie s’est montré satisfait de ce passage rapide à Paris : « Même dans ces moments difficiles (…) la solidarité fonctionne. Je suis naturellement bienheureux que la France continue de soutenir la Polynésie ».