Enseignement supérieur : À l’Université de Polynésie, un projet de « Maison des étudiants » pour centraliser toutes les aides

©Université de la Polynésie française

Enseignement supérieur : À l’Université de Polynésie, un projet de « Maison des étudiants » pour centraliser toutes les aides

Le président de l’Université de la Polynésie française, Jean-Paul Pastorel, est récemment revenu de Paris avec des soutiens au projet de « Crous » local : une structure multi-services qui centralise tout ce qui a trait aux conditions de vie étudiante. Bourses, logement, santé, transports, restauration… la « Maison des étudiants » sera le point d’accès à toutes les aides, qu’elles émanent du Pays ou de l’État. C’est une des réponses, dit le président de l’UPF, au phénomène de découragement et de décrochage qu’on observe en Polynésie. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

L’Université de la Polynésie française veut se doter d’un « Crous » -un Centre régional des œuvres universitaires et scolaires comme il en existe 27 en France- dont la mission est l’amélioration des conditions de vie des étudiants, depuis l’accompagnement social des études et de leur financement, au logement, la santé, la mobilité, en passant par la restauration et l’action culturelle.

« Un paysage éclaté, pas lisible et contreproductif »

Jean-Paul Pastorel, le président de l’Université de la Polynésie française, était récemment dans l’Hexagone pour faire avancer ce sujet, parfois accompagné du député Moerani Frébault qui lui a ouvert quelques portes. 

Un seul organisme, dit-il, « c’est l’idée pour, d’une part, regrouper tous les services étudiants qui sont aujourd’hui éclatés, non seulement entre le Pays et l’État, mais qui, à l’intérieur du Pays et à l’intérieur des services de l’État, sont éclatés. Exemple, services de l’État, une partie se traite au vice-rectorat, une autre partie au commissariat, une autre partie à l’université. Services du pays, il y a une partie, c’est la DGEE, il y a des compétences qui relèvent du ministère des Transports ou de la Santé, CPS, etc. »

Ce « paysage éclaté, pas lisible et contreproductif », une Maison des étudiants digne de ce nom pourrait mettre fin. « Quand les étudiants qui viennent des iles arrivent, c’est déjà un choc culturel d’arriver à Tahiti », dit-il. « Ils ne savent même pas comment remplir un dossier pour avoir la bourse. Souvent, ce sont ceux qui en ont le plus besoin qui n’en ont pas. Le taux de consommation des bourses n’est pas terrible, d’ailleurs. Et ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de bénéficiaires potentiels, c’est parce que les bénéficiaires potentiels, souvent, n’arrivent pas à remplir leur dossier. » 

Cette difficulté à naviguer le système, dit le président de l’université, est l’une des causes du décrochage et participe donc au mauvais classement de l’UPF : « Ce ne sont pas des étudiants qui échouent, ce sont des étudiants qui abandonnent, pour toutes sortes de raisons. Mais on ne peut pas se contenter de ce constat », dit-il.

Une assistante sociale et une infirmière à temps partiel pour 3 000 étudiants

Le président de l’université a trouvé très bon accueil, dit-il, chez Bénédicte Durand qui dirige le Centre national des œuvres universitaires et scolaires en France, et aide déjà l’UPF sur certains postes budgétaires. Elle s’est déclarée prête à contribuer au montage juridique et au financement de postes en matière de santé, car l’UPF ne dispose, par exemple, que d’une assistante sociale et d’une infirmière, toutes les deux à temps partiel : « Il nous faut une assistante sociale à plein temps, je veux insister là-dessus », martèle le président de l’UPF. Il n’en est pas encore au stade d’un budget précis, mais souligne qu’il s’agira en grande partie d’une redistribution des crédits existants vers cette nouvelle structure.

Jean-Paul Pastorel, président de l’Université de la Polynésie française ©CP / Radio 1 Tahiti

Le logement des étudiants ultramarins est également une des priorités de la structure nationale qui pourrait peut-être apporter son aide sur ce plan. L’UPF dispose de 72 chambres qu’elle administre elle-même, et elle lancera en janvier un marché pour 30 logements supplémentaires. Jean-Paul Pastorel se déclare également prêt à reprendre, à travers cette future organisation, la gestion du Centre d’hébergement pour étudiants (CHE) qui compte 197 logements.

Un Groupement d’intérêt public à gestion paritaire

La structure envisagée pourrait voir le jour sous la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP) qui s’adresserait à tous les étudiants de l’enseignement supérieur, y compris à l’extérieur de l’université, comme les élèves de BTS qui sont accueillis dans les lycées. Elle aurait aussi « un véritable site Internet où on puisse faire les choses, dématérialiser, avec une porte d’entrée unique comme ça se fait partout ailleurs », dit le président.

Puisque l’éducation est une compétence locale, elle ne sera pas nommée « Crous », mais peut-être, comme en Nouvelle-Calédonie, « Maison de l’étudiant ».  Mais comme en métropole, les étudiants polynésiens auront leur mot à dire, puisque les conseils d’administration de ces centres ont une composition paritaire, ce qui leur permet d’agir sur les politiques de vie étudiante. Et ils sont très motivés, dit Jean-Paul Pastorel : « Ils ont pris eux-mêmes des contacts » à Paris.

Le président de l’Université souhaite aller vite. Marine Demoy-Schneider, vice-présidente de l’Université en charge de la vie étudiante, revient de Nouméa où elle a rencontré les responsables de la Maison des étudiants dont veut s’inspirer l’UPF. La directrice générale des services de l’UPF, est déjà au travail sur le projet. Jean-Paul Pastorel espère avoir au moins créé la structure juridique à la prochaine rentrée universitaire.

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti