Le chiffre vient d’être dévoilé par l’Institut des statistiques et des études économiques, dans son suivi mensuel des impacts de la crise survenue en mai 2024. Entre mars et décembre 2024, 1 630 entreprises ont, par ailleurs, disparu. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Comme chaque mois depuis mi-2024, l’Isee poursuit son suivi des principaux indicateurs économiques afin de mettre en lumière cette « conjoncture de crise ». Ce vendredi 7 février, l’Institut dévoile les principaux chiffres mis à jour, et qui concernent le quatrième trimestre 2024.
Principal enseignement : 11 600 salariés du privé ont perdu leur emploi entre mars et décembre 2024, selon les premières estimations. Ainsi, le nombre de salariés en Nouvelle-Calédonie pourrait chuter à moins de 55 000, contre 66 500 début 2024 -où une tendance de destruction d’emplois avait déjà été observée- et 68 500 mi-2023. Ces estimations du 4e trimestre 2024 restent à consolider, notamment avec les données du secteur public et de « l’auto-emploi », dont le dénombrement est en cours.
Les créations d’entreprises au plus bas
Reste que, parmi ces 11 600 salariés qui ont perdu leur emploi en 2024, « 6 140 étaient indemnisées au titre du chômage total en décembre », indique l’Isee, dont 1 500 bénéficiaires du chômage total spécial exactions. Quant au chômage partiel exactions, destiné aux personnes toujours en emploi mais dont le temps de travail a été réduit depuis les émeutes, ils étaient encore 4 678 à être indemnisés par ce régime en décembre.
Depuis mai 2024, 23 171 personnes ont bénéficié au moins une fois du chômage partiel « exactions ». « L’incertitude qui pèse sur le financement des dispositifs du chômage partiel « exactions » (financé par une aide exceptionnelle de l’État) et du chômage total (financé par les cotisations des salariés de moins en moins nombreux) assombrit les perspectives de ce début d’année 2025 », souligne par ailleurs l’Isee.
Dans sa note conjoncturelle, l’Institut se penche également sur le tissu économique, « déjà peu dynamique au 1er semestre 2024 », et qui s’est largement détérioré depuis. Il constate, au 4e trimestre 2024, « deux fois plus de fermetures d’entreprises que de créations, soit 1 630 unités perdues en 2024 (1 470 personnes physiques et 160 sociétés) ». Les créations d’entreprises sont « à leur plus bas niveau depuis 30 ans » et « ne permettent pas d’espérer la création de nouveaux emplois pour compenser les emplois détruits en 2024 », avertit l’Isee.
Chute de la consommation
Cette situation a forcément un impact sur le pouvoir d’achat des Calédoniens. La baisse des revenus des ménages touchés par le chômage partiel ou total entraîne une chute de la consommation, accentuée par « la hausse des prix à la consommation observée tout au long de l’année 2024 ». Elle a atteint + 3 % sur un an pour les 20 % des ménages les plus modestes (+ 1,7 % pour le reste des ménages).
Ainsi, selon l’IEOM (Institut d'émission d'outre-mer), les paiements et les retraits par carte bancaire sont à un niveau inférieur à 2023. Les créances douteuses, c’est-à-dire celles qui ne sont pas payées à échéance, sont également en forte augmentation en 2024, tant pour les ménages que pour les entreprises.
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes