L’Institut de la statistique et des études économiques a dévoilé les premiers chiffres du recensement 2025. La population de la Nouvelle-Calédonie s’établit à 264 596, soit une perte d’environ 6 800 habitants par rapport au dernier recensement, mené en 2019. Détails de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
C’était une donnée très attendue, elle est désormais connue. La population de la Nouvelle-Calédonie s’élève à 264 596 habitants en 2025. Le chiffre vient d’être révélé, ce mardi 29 juillet, par l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee), deux mois après la fin du recensement réalisé du 22 avril au 28 mai, qui a coûté entre 3 et 4 millions d'euros à la charge de l'Etat.
Le nombre d’habitants en Nouvelle-Calédonie a donc baissé de 6 811 depuis le dernier recensement, passant de 271 407 en 2019 à 264 596 en 2025. En cause, notamment, un solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre de personnes qui s’installent sur le territoire et ceux qui le quittent, déficitaire de 18 000 personnes. Ce chiffre confirme la tendance du précédent recensement, qui portait sur la période 2014 à 2019, et avait vu 10 000 départs nets. Résultat : le solde migratoire, qui s’était déjà creusé, « est plus que dégradé », souligne l’Isee.
Des éléments conjoncturels peuvent l’expliquer, comme le Covid, qui « a eu un impact sur la mortalité, la natalité et les mouvements migratoires », ainsi que « l’impact des événements de mai 2024 », développe Jean-Philippe Grouthier, chef de mission de l’Insee, Institut national de la statistique et des études économiques, en charge, aux côtés de l’Isee, du recensement. « Ce qu’il s’est passé sur six ans est la combinaison de tous ces facteurs pour lesquels on est incapables, aujourd’hui, de séparer l’impact de chacun ».
Autre incidence : le fléchissement du solde naturel, c’est-à-dire la différence entre le nombre de naissances et de décès. S’il reste positif, avec +11 000 personnes, il diminue par rapport à 2019 (+13 000). En cause, notamment, le vieillissement de la population et la baisse des naissances, un « phénomène général aux sociétés développées », ajoute Jean-Philippe Grouthier.
« Première fois que la population baisse entre deux recensements »
L’Insee et l’Isee ont imaginé ce qu’aurait été la croissance démographique si les tendances de 2014-219 s'étaient poursuivies. La population aurait atteint 274 000 habitants. Il y en a finalement 10 000 de moins. Cela s’explique « pour un tiers par la diminution du solde naturel », et pour « deux tiers par la dégradation du solde migratoire ».
Jean-Philippe Grouthier l’assure : « C’est la première fois depuis 1946 que la population de la Nouvelle-Calédonie baisse entre deux recensements. Elle a toujours été en croissance, sauf entre 2019 et 2025 ». Cependant, le « fort ralentissement noté entre 2014 et 2019 » laissait entrevoir ce résultat.
Province : pas de grand bouleversement
Les équilibres provinciaux n’ont pas vraiment changé. La province Sud est cependant la seule des trois à avoir perdu des résidents. Ils étaient 203 144 en 2019 et sont 194 978 en 2025, soit une baisse de 4%. La province Nord, qui atteint 50 947 personnes (49 910 en 2019), grappille quelque 1 000 habitants, soit + 2,1 %, et la province des Îles un peu plus de 300, soit + 1,7 %. Elle en compte 18 671 (18 353 en 2019). Les deux collectivités du Nord et des Îles connaissent ainsi « une petite croissance de leur population ».
La population « comptée à part », important pour les dotations des communes
Le point à relever concerne davantage la population comptée à part, qui se trouve essentiellement dans les provinces Îles et Nord. « Derrière ces chiffres, il y a les personnes qui habitent notamment le Grand Nouméa, et qui ont déclaré se rattacher à une tribu située dans les Îles ou dans le Nord ». Cette donnée est très importante pour les communes, car c’est celle qui est retenue dans le cadre du calcul de leurs dotations. Par exemple, Lifou compte 9 225 habitants et 14 141 de population comptée à part. L’île touchera donc des dotations de l’État équivalent à une commune de 23 000 habitants.
Le recensement donne des chiffres sur la population municipale, d’abord. Chaque personne compte une seule fois dans la commune où elle a sa résidence principale, ce qui donne le chiffre de 264 596. D'autres sont comptabilisés une deuxième fois : c'est ce qu'on appelle la population comptée à part. Elle s'élève en 2025 à 55 423 personnes, qui résident dans une commune, mais déclarent avoir des liens avec une autre commune. Parmi elles, 50 826 disent appartenir à une tribu.
Cette catégorie a connu « une petite augmentation » entre 2019 et 2025, ce qui veut dire qu’il n’y a pas eu de « mouvement massif » du Grand Nouméa vers les tribus, note Jean-Philippe Grouthier, chef de mission à l’Insee. Enfin, il y a la population totale, qui est la somme des deux, soit 320 019. Si la population totale est très importante pour les communes, puisque c’est elle qui est prise en compte dans le calcul des dotations qui leur sont versées, les statisticiens et les démographes, en revanche, « s’intéressent plutôt à la population municipale ».
Nouméa et son agglomération en perte d’habitants
La capitale, Nouméa, voit son nombre d’habitants dégringoler à 85 976. Après avoir quasiment atteint la barre des 100 000, en 2014, avec 99 926, le nombre de Nouméens est passé à 94 285 en 2019 et a chuté de près de 10 000 en six ans. Le Mont-Dore aussi en a perdu plus de 2 300. La baisse est plus modérée à Dumbéa. Dans le Grand Nouméa, seule Païta échappe à la tendance baissière, avec une augmentation de 24 563 à 27 609 résidents. Deux autres communes voient leurs effectifs particulièrement réduits : Houaïlou et Poindimié.
Outre Païta, les municipalités qui gagnent le plus d’habitants sont Moindou, Canala, Poya, Pouembout, Maré, et toutes celles du Nord, de Voh à Pouébo.
Un décret à venir
Les données vont faire l’objet d’un décret qui devrait sortir dans la deuxième quinzaine de septembre, indique Jean-Philippe Grouthier. Il doit être signé par le Premier ministre et les ministres de l’Économie, des Outre-mer et de l’Intérieur, avant d’être soumis pour avis au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Le décret fixera la date de prise en compte officielle de ces données, qui vont être utilisées pour l’organisation des élections municipales de mars 2026, par exemple, ainsi que dans le calcul des dotations qui pourraient être revues à la baisse ou à la hausse en fonction du nombre d’habitants. Un point important pour les collectivités en vue de préparer leur budget.
Après le traitement statistique opéré par l’Isee, les résultats plus détaillés sont prévus pour 2026. Le premier document devrait concerner l’analyse démographique, puis plus précisément l’emploi, le transport, l’équipement des ménages, etc. La base de données sera mise à disposition de l’ensemble des Calédoniens en open data.
Anne-Claire Pophillat pour Les Nouvelles Calédoniennes