Avenir institutionnel en Nouvelle-Calédonie : L’Éveil océanien plaide pour un projet « innovant » et « partagé »

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Avenir institutionnel en Nouvelle-Calédonie : L’Éveil océanien plaide pour un projet « innovant » et « partagé »

Invité par le ministre en charge des Outre-mer, Jean-François Carenco, pour une bilatérale, le parti Éveil océanien a, pendant deux heures et « à bâtons rompus », présenté son projet et sa vision pour l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, à travers un « statut progressiste et partagé pour ramener les extrêmes à la raison ».

« Il faudra innover entre des extrêmes qui s’affirment encore aujourd’hui » nous confie Vaimu’a Muliava, membre de l’Éveil océanien mais aussi du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Ce jeudi, il était invité, avec Milakulo Tukumuli, fondateur du parti, et Veylma Falaeo, élue au Congrès, à discuter en bilatérale avec le ministre Jean-François Carenco. Pour Vaimu’a Muliava, ces « deux heures de discussions à bâtons rompus ont révélé des points communs dans nos visions pour traiter le sujet de la Nouvelle-Calédonie ». Notamment et surtout sur la nécessité de « rétablir la confiance avec le FLNKS pour reprendre les discussions et les négociations pour trouver une solution médiane ». 

L’Éveil océanien, apparu sur la scène politique calédonienne aux Provinciales de 2019, souhaite « trouver le juste milieu dans un pays déchiré entre deux extrêmes », et pour Vaimu’a Muliava, « quand les extrêmes s’affirment, la voie de la modération et de la raison devient une évidence ». L’ÉO plaide donc un « nouvel accord innovant », un « statut progressiste et partagé pour ramener les extrêmes à la raison ». « Il faut dépassionner les débats car le cœur doit battre au rythme de la raison. Tout comme la raison doit raisonner au rythme du cœur », ajoute-t-il. 

« Un avenir structurant et structuré » 

Naturellement, l’Éveil océanien, dont l’ADN est essentiellement Wallisien, veut apporter sa pierre à l’édifice et le parti a aussi réfléchi à ce que serait ce projet politique. Il repose pour le jeune parti sur « trois sujets essentiels ». En premier lieu, « la place de la culture doit s’inviter dans les débats car on ne saurait faire société sans une identité partagée », explique Vaimu’a Muliava, qui insiste sur « une culture partagée, ciment pour le pays ». « A partir de la culture commune et partagée, on pourra décliner une politique économique, de santé, qui prend en compte notre humanité humaine et culturelle ».

Second pilier : « la conciliation entre le peuple autochtone, l’État et les autres communautés ». Et enfin, l’« intégration régionale au sein de notre océan en favorisant la synergie entre les trois collectivités du Pacifique ». « Nous estimons que nos problématiques locales peuvent trouver une solution dans la synergie de nos trois territoires. Et s’il y a synergie entre nos trois territoires, il y a intégration régionale. C’est important de nous fédérer ». Pour l’Éveil océanien, voilà « trois sujets qui pourraient être le moteur d’un avenir structurant et structuré ». 

L’Éveil océanien pas invité à la Convention des partenaires 

Concernant le droit à l’autodétermination, il s’agit pour l’ÉO d’un « acquis à ne pas remettre en cause ». « Mais au-delà de faire des plans sur la comète, nous avons des problèmes structurels à régler avant : finances publiques, les trois usines qui tirent la langue, nos compagnies aériennes qui vivotent, le RUAMM en déficit annuel de 14 milliards par an ». Car l’ÉO met aussi l’accent sur le le quotidien, le court et le moyen terme, les « dossiers structurant comme le nickel, l’énergie, la fiscalité ». « Il faut une fiscalité qui responsabilise le pays, qui rend la Nouvelle-Calédonie responsable. On ne va pas toujours venir quémander dès qu’il y a un problème ». 

À l’issue de ces deux heures de discussions, le parti « tient à saluer le ministre Carenco », « un homme de parole qui ne cède pas aux pressions pour nous écarter ». Il était naturel pour l’Éveil d’honorer la confiance que leur a accordé le ministre en charge des Outre-mer, en répondant à son invitation à échanger à Paris.  

Mais le parti se montre moins tendre avec Gérald Darmanin et Élisabeth Borne : « Nous n’avons pas eu de rendez-vous avec Darmanin, ni d’invitation à la Convention des partenaires en tant que mouvement politique, issu de la société civile » déplore Vaimu’a Muliava, qui « prend acte » de cette non-invitation, au contraire des autres partenaires politiques mais aussi représentants de la société civile. Vaimu’a Muliava devrait (et on insiste sur le conditionnel) participer à la Convention des partenaires ce vendredi, mais en tant que membre du gouvernement et à la demande de son président Louis Mapou.

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