Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : Les indépendantistes à Paris « dans un esprit de discussion »

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Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : Les indépendantistes à Paris « dans un esprit de discussion »

A la veille des rendez-vous politiques sur l’avenir institutionnel avec la Première ministre et le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, prévus cette semaine à Paris, la délégation indépendantiste s’est dite « dans un esprit de discussion » et demande des « précisions » quant au « chemin d’avenir » évoqué par le président de la République à Nouméa.

« La délégation indépendantiste vient dans un esprit de discussion (…) qui doit s’inscrire dans un état de confiance mutuelle » a déclaré Gilbert Tyuienon, interrogé par la rédaction d’Outremers360. Le membre de l’Union calédonienne et du FLNKS regrette notamment les « connivences politiques entre les Loyalistes et le gouvernement », poussant « l’État (à s’être montré) un peu trop partial ces dernières années ».

 « Cette semaine parisienne est en quelque sorte un aboutissement des discussions en bilatérales avec l’État » a expliqué Gilbert Tyuienon, qui rappelle que les indépendantistes ont évoqué ces derniers mois, avec Paris, les sujets « techniques » et « politiques » comme le corps électoral, l’autodétermination ou encore la poursuite du transfert des compétences, lors des bilatérales. « On est encore dans des expressions parallèles » a-t-il toutefois prévenu, « pour autant nous avons identifié un certain nombre de sujets pour nous rapprocher de part et d’autre », a-t-il ajouté.

Revenant sur le discours prononcé par Emmanuel Macron à Nouméa, Gilbert Tyuienon estime que le chef de l’État « semble poser les bases qui sont cohérentes pour bâtir l’avenir. Or on a besoin de réponses claires, de précisions pour savoir où on va. Car quand le président de la République parle de chemin d’avenir, nous nous parlons d’une trajectoire vers l’indépendance négociée ».

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« Une fois que les choses sont bâties dans la confiance, on peut très positivement évoluer vers une décision consensuelle pour le futur de la Nouvelle-Calédonie » a conclu l’élu indépendantiste, qui évoque comme nouvelle échéance les mois d’octobre ou novembre, après les congrès des mouvances politiques du FLNKS. « S’il faut aller plus loin, les décisions doivent se prendre à ce niveau-là ».

Dans un courrier adressé à la Première ministre, les représentants des Loyalistes (affiliés au mouvement Renaissance) et du Rassemblement-Les Républicains (LR) ont demandé, en cas d'absence de trilatérales, que l'État communique d'ici au 9 septembre sur le calendrier d'adoption de la réforme constitutionnelle annoncée pour début 2024 et sur le texte qui serait soumis au Parlement.

« Les Calédoniens, qui ont voté par trois fois non à l'indépendance, ne supportent plus les atermoiements des indépendantistes (...). Il est temps d'avancer avec ceux qui le souhaitent vraiment et qui ont le courage d'assumer leur décision devant les électeurs », écrivent la secrétaire d'État à la Citoyenneté et présidente de la province Sud Sonia Backès (Renaissance), le député Nicolas Metzdorf (Renaissance) et Virginie Ruffenach, représentante LR.

De son côté, l’autre parti non-indépendantiste Calédonie Ensemble appelle à un « consensus (…) pour assoir en responsabilité et dans la Paix une nouvelle étape politique et institutionnelle pour notre pays », critiquant à la fois les « oukases (ordres impératifs, ndlr) à répétition des uns, et des valses hésitations des autres ». Le parti appelle notamment le gouvernement à ne pas restreindre les discussions au seul sujet du corps électoral, « dans cette hypothèse, il n’y aura pas d’accord du tout », en référence au « grand accord » ou a minima à l’accord plus modeste sur le corps électoral défendus par Emmanuel Macron à Nouméa.  

Calédonie Ensemble appelle également à « laisser du temps au temps », notamment à la conclusion d’un accord, rejetant un « passage en force » en raison des élections provinciales de mai 2024. « Cette échéance démocratique ne constitue pas ‘un horizon indépassable’ pour reprendre la formule d’un rapport rendu récemment par le Sénat sur la Nouvelle-Calédonie, dès lors que les lignes de force d’un accord seraient arrêtées d’ici la fin de l’année. L’important, au bout de 35 années (d’accords de Matignon et de Nouméa, ndlr), n’est pas de tenir les élections à l’heure mais d’être à l’heure de l’Histoire », a écrit le parti non indépendantiste.