Aux Samoa, Charles III au sommet du Commonwealth, déguste du kava, breuvage ancestral du Pacifique sud

©Samoa CHOGM 2024

Aux Samoa, Charles III au sommet du Commonwealth, déguste du kava, breuvage ancestral du Pacifique sud

Le roi Charles III a participé jeudi à une dégustation de kava, une boisson ancestrale et partie intégrante des cultures océaniennes, à Apia, capitale des Samoa, où se tient un sommet du Commonwealth qui rassemble 56 membres.

Le monarque de 75 ans et la reine Camilla sont arrivés mercredi aux îles Samoa après une visite de six jours en Australie, réduite en raison de son cancer diagnostiqué il y a huit mois. Au lendemain de son arrivée, Charles a participé à une cérémonie rituelle à Apia, capitale des Samoa, où il a dégusté une demi-noix de coco remplie de kava, un breuvage ancestral aux effets anxiolytiques appelé localement « ‘ava ».

Pour être consommée, la racine du kava est réduite en poudre et mélangée à de l'eau avant d'être filtrée. Cette boisson fait partie intégrante des traditions du Pacifique. « Que Dieu bénisse ce ‘ava », a déclaré le souverain, vêtu d'un costume couleur crème, avant de porter le breuvage à ses lèvres. Charles doit se rendre plus tard jeudi au village de Moata'a, où il sera nommé ‘Tui Taumeasina’, un titre de grand chef.

« Nous sommes honorés qu'il ait choisi d'être reçu dans notre village », a déclaré à l'AFP Lenatai Victor Tamapua, un chef local. Les Samoa se préparent depuis des mois à l'arrivée de Charles qui y effectue sa toute première visite. C'est également la première fois qu'un sommet du Commonwealth, qui représente 2,5 milliards d’habitants d'ex-colonies britanniques et élargi ensuite à d’autres pays comme le Togo et le Gabon (deux anciennes colonies françaises), se tient sur une île du Pacifique.

Les dirigeants présents doivent adopter pendant la rencontre, qui se tient jusqu'à samedi, une déclaration consacrée à la préservation des océans. Mais le sommet s'annonce également comme une nouvelle occasion de discuter de l'héritage de l'Empire britannique, en particulier lorsque les dirigeants présents devront élire un nouveau secrétaire général censé venir du continent africain.

Les trois candidats pour remplacer la Britannique Patricia Scotland, en poste depuis 2016, ont tous appelé publiquement au versement de réparations pour le rôle de l'Empire britannique dans l'esclavage et le colonialisme. Joshua Setipa, candidat du Lesotho, a déclaré qu’une résolution allant au-delà d’une « perspective étroite de compensation financière » était nécessaire. Les pays pourraient recevoir des fonds pour les aider à s’adapter et à renforcer leur résilience au changement climatique, a-t-il noté. 

« Nous pouvons trouver une solution qui commencera à réparer certaines injustices du passé et à les replacer dans le contexte qui nous entoure aujourd’hui », a détaillé le candidat, qui sera opposé à Shirley Ayorkor Botchwey (Ghana) et Mamadou Tangara (Gambie). Lors du dernier sommet de l’organisation, il y a deux ans, Charles, alors prince héritier, avait exprimé sa « tristesse » pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni et affirmé que les États membres étaient libres d’abandonner la monarchie.

Depuis son accession au trône en septembre 2022, ces questions se font de plus en plus pressantes pour le Royaume-Uni. En visite au Kenya il y a un an, le roi avait condamné les « inexcusables » abus coloniaux britanniques, sans toutefois demander pardon. Mais Charles III estime aussi que le Commonwealth peut jouer « un rôle important sur la scène internationale » et « présente la diversité nécessaire pour comprendre les problèmes de la planète et la puissance cérébrale et la détermination nécessaires pour formuler des solutions pratiques ».

En Australie, où le souverain britannique demeure chef d’État, la visite de Charles III a été marquée par des événements festifs et protocolaires mais aussi par une interpellation remarquée au Parlement. « Rendez-nous nos terres, rendez-nous ce que vous nous avez volé ! », lui a lancé la sénatrice aborigène Lidia Thorpe. L’Australie a été une colonie britannique pendant plus d’un siècle, au cours duquel des milliers d’Australiens aborigènes ont été tués et des communautés entières déplacées.

Avec AFP